Presque un mois passa avant que la situation ne change du tout au tout. On exécutait les ordres que Pendra donnait sans grand enthousiasme mais on n’osait la mépriser ouvertement car tous avaient pu voir son aisance au combat. Puis, ils furent engagés par un petit seigneur, pas assez riche pour se payer les services de mercenaires plus puissants. Sa tribu eue le souffle coupé en voyant comment Pendra menait la transaction. Tersius avait toujours été conciliant, mielleux tandis que Pendra prenait le seigneur en défaut pour pouvoir le manipuler sans douceur. Sur cette affaire, la jeune meneuse voulait les pleins pouvoirs sur les attaques de sa tribu. Le seigneur n’en cru pas ses oreilles : comment une parvenue, chef d’une tribu minable osait-elle imposer sa volonté ? Il n’avait pourtant pas le choix et fut contraint d’accepter ces conditions. A partir de ce moment, l’opinion des guerriers sur Pendra commença à changer.
Le seigneur avait dû avoir recourt aux services de mercenaires car son voisin, plus puissant portait des vues sur ses terres restreintes. N’ayant jamais eut des sentiments guerriers, le petit domaine ne s’était jamais formé à la guerre.
Quand une tribu allait se battre, le campement accompagnait les guerriers, avec femmes et enfants. Ainsi, le Fléau des Loups arriva au grand complet sur les terres à défendre. Une fois installés, les préparatifs de guerre débutèrent. Les enfants allaient à la recherche de bois pour les flèches tandis que les femmes se préparaient pour mettre en pratique leurs talents de guérisseuses. Les guerriers s’entraînaient de leur côté tout en admirant, malgré eux, le style de Pendra. Toute de douceur et de force, souple mais aux gestes durs, elle semblait faite d’une envoûtante magie pleine de contradictions. Et il n’y avait pas que cela qu’ils appréciaient mais aussi sa détermination car elle ne laissait personne lui dicter ses actes et elle ne recevait de conseils que de Maghnar. La communication entre ces deux là était d’ailleurs un mystère.
Puis, le jour de la bataille arriva. Les troupes adverses, plus nombreuses arrivèrent sur le lieu prévu. Allant à l’encontre des conventions, Pendra prit en tenaille l’armée ennemie alors que celle-ci s’apprêtait à dresser le campement. Grâce à une cavalerie mobile, rapide et dévastatrice comme une tornade, et aidée par des archers compétents, le Fléau des Loups donna l’entière signification de son nom. Comme la pire des plaies, les loups s’insinuèrent à travers les fantassins pour apparaître aussitôt au milieu de cavaliers, trop lourd pour être efficaces. Pendra menait la bataille sur un grand destrier noir, amoncelant les cadavres, un à un, sans faiblir. L’épée sanglante, le regard enflammé, sa simple silhouette ravivant les ardeurs et, à ce moment là, le Fléau des Loups l’aurait suivit jusqu’en enfer si cela avait été nécessaire.
Finalement, malgré l’infériorité numérique et grâce à l’effet de surprise, les mercenaires sortirent triomphant de la bataille. Le petit seigneur qui les avait engagés, ainsi que l’ennemi, furent aussi étonné l’un que l’autre de voir avec quelle facilité ils avaient obtenu la victoire. Et par cette mission, Pendra avait gagné bien plus que de l’argent : elle avait conquit le respect de ses hommes ainsi que le début d’une renommé florissante.
Le soir, dans sa grande tente, elle se félicita d’un tel triomphe et surtout de ne pas avoir eu recourt à l’aide de Maghnar. Le secret de la tribu restait entier.
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