En espérant que cette fic vous plaira !
Les répliques entre crochets sont les répliques normalement en italique... :)
C'est ma première fic, donc indulgence please :-D
Je vous souhaite une agréable lecture en notre compagnie. ^_^
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La prophétie du Peuple.
Tome 1 : L'ânkh
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Je regardais mon frère avec insistance.
Comme d’habitude, il jouait avec le feu.
- [Arrête ça tout de suite ! Des fois je me demande si tu ne veux pas mourir. Et si c’est le cas, dis le moi, que je t’exécute sur le champ !]
Isaac me regarda.
- Décoince toi, Lloyd, je ne suis pas près de toucher le Sol…
Il planait pieds nus à quelques millimètres de celui-ci. Éclairé par les mornes rayons de la lune, son visage enfantin, aux traits si harmonieux, le rendait comme innocent, inconscient du danger qui le guettait. Courbé pour ne pas être aperçu du chemin, dissimulé à peine par le rocher qui nous cachait, il semblait se ficher complètement de ce que je lui disais. Heureusement pour moi, sa réplique attira l’attention de notre père.
Papa se retourna et le fixa, son regard de braise le réduisant au silence.
- Je vous ai dit que je sentais quelqu’un. Maintenant taisez-vous tous les deux. Et Isaac, remets tes chaussures. Si un jour ton pouvoir s’arrête quand tu fais l’imbécile, tu es fichu.
Avec un sourire de triomphe, je faisais un clin d’œil à mon père. Comme souvent, il savait mettre fin aux pitreries de mon petit frère – et donc me donner raison. Bien plus turbulent que moi, Isaac était d’un brun tirant sur le noir. Sa peau lisse, son corps bien bâti et ses yeux verts le rendait tout à fait charmant. D’à peine un centimètre plus grand que moi, il ne perdait pas une occasion de me prendre pour son petit frère… ce qui bien sûr m’exaspérait au plus haut point ! Quand Papa et Maman étaient dans les parages, ils ne pouvaient que sourire de nos perpétuelles chamailleries.
Cette fois-ci, jubilant, j’en avais presque oublié la raison première qui avait fait que Papa prenne la parole.
- [Tu le sens toujours ? Est ce qu’il est loin ?]
- Plus trop, répondit-il en chuchotant, et ce quelqu’un semble être assez prudent pour ne pas vouloir se faire repérer. Il a camouflé les traces de son passage, et ne marche que dans l’ombre des arbres. Isaac, fais nous parvenir son odeur.
Mon frère, accroupi, ses chaussures à leur place et son épais manteau fermé jusqu’au col pour couper le froid de cette nuit d’automne, tendit les bras de chaque côté de son corps, les paumes de ses mains ouvertes comme s’il se tenait entre deux murs. Les yeux fixant le vide, il se concentrait. Enfin, une brise se leva et souffla vers nous – nous camouflant et, par la même occasion, nous révélant l’odeur forte de notre homme. Humant l’air, je crus reconnaître un parfum délicat…
- [Papa, je crois que c’est une femme.]
- Bien pensé, Lloyd.
Son sourire prouva qu’il était fier de moi. Même s’il l’avait sûrement deviné avant moi, mon cœur s’emplit d’une joie sans borne : le sentiment de contenter quelqu’un qui nous est cher.
- Merci Isaac, ajouta-t-il. Continue à te dissimuler, mais reste prêt à intervenir.
Papa se dirigea alors vers mon frère et lui chuchota à l’oreille quelque chose que je ne pus distinguer, bien que j’aurais été aisément capable de le lire dans ses pensées – si nous ne nous étions pas interdit de le faire. En effet, il n’y avait aucun secret entre nous et de toute façon, il me divulguerait tout une fois rentrés à la maison.
Papa se tourna à nouveau vers moi, et me dit, chuchotant encore :
- Lloyd, dès que tu l’apercevras, tu sais ce que tu dois faire.
J’acquiesçai. Il était rare que des visiteurs viennent jusque là. Il fallait alors les arrêter avant qu’ils ne découvrent le cimetière. Et comme toujours, mon père nous avait tirés du lit, Isaac et moi, dès qu’il avait senti cette personne, afin de laisser notre secret loin du regard des Nobles.
Les Nobles formaient la classe la plus élevée dans la société. Notre royaume d’Adamantÿa était en effet contrôlé par les Nobles, détenteurs chacun d’un pouvoir. Ces pouvoirs étaient souvent propres à la personne… même s’il arrivait que certains Nobles soient détenteurs du même pouvoir. Ainsi, ils avaient pu contrôler le royaume, asservissant le Peuple. Isaac, mes parents et moi faisions partie de ce dernier. Au service des Nobles, le Peuple travaillait la terre, les métaux, le feu et beaucoup d’autres matières pour servir du mieux qu’il pouvait cette haute catégorie du royaume. Bien entendu, les personnes appartenant au Peuple ne possédaient pas de pouvoir. Seulement, ma famille constituait ce que l’on appelle une exception.
Les premières années de ma vie furent marquées par des fuites et des déménagements incessants. Une famille du Peuple qui possédait des pouvoirs devait être exterminée par la Noblesse dans un but de « purification » de la race. Cependant, depuis un certain temps, nos parents avaient retrouvé la trace de cette ancienne maison ayant servi de refuge à une vieille parente de Maman. Située à l’orée d’une petite forêt adossée à la montagne, cette bâtisse avait l’énorme avantage d’être assez éloignée du village pour pouvoir surprendre d’éventuels intrus qui empruntaient le seul chemin y menant.
Un matin de printemps, plus exactement le jour de notre dix-septième anniversaire, nos parents nous avaient amenés, Isaac et moi, à l’entrée de ce qui semblait être un cimetière. Il se trouvait à quelques dizaines de mètres derrière le mur du jardin et pourtant nous ne l’avions jamais vu jusqu’alors. D’un air grave, ils nous racontèrent que quelque chose de très précieux se trouvait dans ce lieu, et que, sans y pénétrer avant qu’ils ne nous décrètent prêts, nous devions jurer de le protéger, avec nos pouvoirs si nécessaire.
Que nos parents nous ordonnent ainsi d’utiliser nos pouvoirs dans l’urgence – alors qu’ils insistaient d’habitude pour que nous les cachions – nous parût très étrange, mais cela nous fit comprendre la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvions. C’était il y a plus de deux ans.
Je pensai alors à Maman. Elle devait être debout, dans la cuisine, à nous préparer du thé bien chaud pour notre retour. Elle pourrait alors nous aider à identifier l’homme qui tentait de pénétrer dans notre cimetière, comme de coutume. Sauf que cette fois-ci, il s’agissait d’une femme… Mais cela ne devait pas poser de problème.
Papa me tira de mes pensées en me donnant un coup de coude.
- Elle arrive. C’est une Noble, je crois que ta mère et moi l’avons aperçue au Château. Elle pourra nous renseigner dès que nous l’aurons apportée à la maison.
Je me tournai alors vers la forme qui marchait sous le couvert des arbres, protégée ainsi des rayons de la lune. C’était effectivement une Noble, sa longue robe couleur rubis trainant derrière elle. Malgré l’obscurité, je la distinguais suffisamment pour que mon pouvoir agisse.
De stupeur, je faillis m’évanouir. Mon père me retint juste à temps, avant que je ne m’effondre par terre. De toute façon, je n’aurais pas touché le Sol, emmitouflé dans mon manteau épais et mes gants moelleux.
- Lloyd, j’ai besoin de toi. Dis-moi son pouvoir.
- [Papa, c’est… c’est une Doublée.]
Mon frère avait cessé de me contempler de son air insouciant. Son visage si harmonieux était maintenant frappé de surprise. Papa aussi me regardait. Lui n’était pas surpris, il avait déjà dû repousser des Doublés.
- Lloyd, quels sont ses pouvoirs, me pressa mon père. Elle va nous atteindre, vite !
- [Elle peut connaître le pouvoir des gens en les touchant, et elle est capable de contrôler les rayons de la lune. Papa, elle est très dangereuse !]
Cette nouvelle devait le désarçonner, car il semblait hésiter à nous lancer contre elle. Isaac aussi l’avait remarqué, et il répondit, pour une fois par le biais de notre pouvoir commun.
- [Tu ne dois pas nous laisser de côté, on peut y arriver à trois. Lloyd, essaie de lui tirer une flèche pour voir sa réaction, et dès que je l’aurais analysée, je contre-attaquerai ! Papa, regarde nous faire pour une fois ! ]
- [Bonne idée Isaac. Papa, tu pourras user de ton Yatsugashira si mes flèches échouent ! ]
- Non Lloyd, répondit-il, elle devinerait que tu n’es pas seul, et il vaudrait mieux lui cacher notre nombre pour avoir ne serait-ce que la surprise de l’attaque de notre côté !
Mon frère acquiesça, et me décocha un regard moqueur. Comme d’habitude, je choisis de l’ignorer.
Je bandai mon arc, l’empennage de la flèche contre ma joue. Après de longs mois d’entraînement, porter des gants ne m’empêchait plus de tirer à l’arc. Toujours derrière le rocher, j’attendais qu’Isaac façonne un trou dans celui-ci afin de laisser passer ma flèche. Le trait partit dès que je relâchai ma main. Ayant évalué l’angle et la vitesse du vent, ainsi que la distance qui nous séparait de la Noble, ma flèche ne pouvait pas la rater.
Tout à coup, ce fut le noir. Elle avait dû détourner les rayons de la lune pour que nous ne puissions plus la voir. Toujours est-il que j’entendis ma flèche s’enfoncer dans un des arbres au bord du chemin !
Alors la lumière se fit. Ou plutôt, la lueur de la lune m’aveugla. Cette satanée Noble avait détourné tous les rayons sur moi, me révélant à ses yeux.
- [À terre !] hurla mentalement Isaac.
Je l’écoutai sans réfléchir, veillant cependant à ce que mon visage ne touche pas le Sol. Un bruit mat retentit presque instantanément derrière moi, et je crus apercevoir des petites aiguilles plantées dans un arbre.
- [Attention, elle lance des aiguilles ! Si celles-ci te touchent, elle connaîtra ton pouvoir et saura comment te maîtriser, fais attention !]
C’était mon père qui m’avait prévenu. Je choisis pourtant de me mettre en travers de sa route, pour monopoliser son attention. Une flèche encochée, j’essayais de gagner du temps, sachant pertinemment que si elle me lançait deux aiguilles, forcément une me toucherait…
C’est alors qu’Isaac se déchaîna. Des racines sortirent de la terre et enserrèrent les pieds et les bras de la Noble. En même temps, une brume intense s’était formée autour d’elle. De surprise, cette dernière oublia de focaliser les rayons de la lune sur moi.
Mon frère se positionna à côté de moi, et fit un signe avec ses mains. La brume se transforma en glace et emprisonna le corps de la Noble. Un rocher l’assomma. La lune étant redevenue blafarde, il était clair que la Noble ne nous poserait plus de problèmes…
- Papa, merci de nous avoir laissé faire, s’écria Isaac.
Une lueur d’amusement et de fierté traversa le regard de mon père.
- On rentre, répondit-il simplement.
Je remarquai alors que ses mains étaient blanchies tant il avait serré son sabre.
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Je remercie ceux qui sont arrivés jusque là :D
Le deuxième chapitre est déjà écrit ;)
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