Des cris……….. Les tumultes du champ de bataille………. Et cette douleur…….douleur qui commençait étrangement à s’atténuer, pourquoi ? Les sons semblaient plus faibles, les images devenaient floues, le froid remplaçait la chaleur habituelle qui parcourait ses veines… Pourquoi ? Pourquoi sa respiration ralentissait-elle ? Pourquoi ses yeux étaient-ils devenus si fixe ? Pourquoi y avait-il cette lumière blanche qui l’attirait tant ?
Un autre cri……..plus violent celui-ci… Etait-ce son nom qui venait d’être hurlé ? Un poids s’affala soudain sur son corps meurtris mais il ne le sentit presque pas, son esprit s’était déjà beaucoup trop effiloché pour lui faire prendre conscience de la réalité. Il sentit vaguement quelqu’un le serrer contre lui, mais pourquoi ? Ses forces l’abandonnaient, il se sentait partir loin…….très loin…….si loin qu’il arrivait enfin à comprendre pourquoi il avait entendu des sanglots au-dessus de son corps. Ce visage…….il était floue mais il le connaissait……. Cette main douce posée sur sa joue…….se pourrait-il que ce soit elle ? Cette présence qu’il avait toujours désirée…il avait fallut qu’il trépasse pour que son souhait lui soit enfin accordé… Quelle ironie ! Son âme s’était envolée à présent, il avait cru sentir la douceur des lèvres mouillées de pleurs contre les siennes ensanglantées… Quelle ironie…
Le néant était son linceul à présent et les ténèbres ses confidentes. Tout était si calme, c’était donc à ça que ressemblait la mort… ?
Il se sentait léger, libre, apaisé, comme si les nombreux crimes qu’il avait commis n’avaient été qu’illusion. Dans un état second, une série d’images défila devant lui alors que sa conscience continuait d’errer sans but dans les limbes mortuaires de l’autre monde. Les contours d’une silhouette féminine se dessinèrent soudain devant lui, il la fixa étonné de trouver quelqu’un du même côté que lui. Cette ombre vaporeuse lui semblait vaguement familière, son sentiment s’accrut à mesure que celle-ci se rapprochait de lui. Les traits de son visage commençaient à se dessiner comme si elle avait comprit qu’il voulait savoir qui elle était. Il vit ses lèvres remuer pour former un mot mais aucun son ne lui parvint, il fronça les sourcils et tendit une main ectoplasmique vers cette vision éphémère qui refusait de lui faire entendre sa voix. Ses lèvres continuaient d’épeler quelque chose sans sonorité, il allait arriver enfin à l’effleurer quand ses tympans furent violemment assaillis par le cri spectral de la silhouette féminine.
« ANGELO !!!!! »
Ce hurlement déchirant lui fit l’effet d’une décharge électrique et il se sentit comme happé vers cette forme humaine qui se découpait devant ses yeux. Il crispa sa main sur son cœur, que lui arrivait-il ? Pourquoi avait-il soudain ressentit un pic de douleur dans son abdomen ? N’était-il pas censé ne plus rien ressentir dans l’au-delà ? Il releva les yeux et vit alors la frêle silhouette féminine coller ses lèvres ectoplasmiques aux siennes, il sentit alors un souffle chaud descendre dans sa gorge et réchauffer tout son être comme si son cœur reprenait du service en renvoyant le sang affluer vers les organes vitaux.
Cette fille….. Des brides de mémoire perdue lui parvenaient de nouveau pour lui rappeler qui elle était. Il lui semblait sentir la douceur de sa peau, la mélodie de sa voix, son odeur presque ! C’était……oui, ça y est il s’en souvenait à présent ! Il s’agissait de… Mais alors que sa mémoire lui revenait, le spectre de la jeune fille commençait à se retirer, il se reculait lentement dans les ténèbres en pleurant. Comment…pourquoi ? Non, elle ne pouvait pas partir, pas maintenant !
« No, Angelo ! Svegliati !! Angelo !!!!! » hurla l’esprit dans un hurlement déchirant en tendant la main vers lui comme si elle espérait qu’il la retiendrait.
Non ! Il fallait qu’elle reste ! Il la reconnaissait, il savait qui elle était ! Il ne voulait pas qu’elle parte, il voulait qu’elle reste près de lui ! Il couru vers elle pour tenter de la rattraper avant qu’elle ne disparaisse loin lui, avant qu’elle ne se confonde avec les ténèbres qui l’entouraient. Son nom……il fallait qu’il crie son nom. Le nom de cette jeune fille qu’il aimait. Ce nom c’était…
« SHIGURE !!!!!!!! »
Death Mask se réveilla dans un bond, le bras en avant comme s’il voulait attraper quelque chose d’invisible. Il cligna des yeux comme s’il sortait tout juste d’un rêve. Etait-ce bien une illusion d’ailleurs ? Avait-il réellement franchit l’infime barrière qui le séparait du Royaume des Morts ? Une douleur fulgurante au niveau du plexus le ramena durement à la réalité. Ses muscles lui faisaient horriblement mal, sa tête semblait martelée par des dizaines de marteaux piqueurs furieux et de désagréables picotements ne cessaient de lui parcourir tout le corps. Il rouvrit lentement les yeux, un lit. Il était…….dans un lit ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi n’était-il pas en pleine guerre entouré de tous les cadavres de ceux qu’il avait abattus ? Et Shigure ? Où était Shigure ?
Il voulut se lever mais un tuyau relié à son bras par un cathéter l’empêcha de se rendre bien loin et la raideur de ses membres lui faisait se sentir faible. Il jura et arracha sa perfusion d’un coup sec quand quelqu’un entra dans sa chambre à l’improviste.
« Qu….. Death Mask ? Oh bon sang t’es vivant ! Eh les gars venez voir il est revenu à lui !! » cria Aldébaran pour prévenir les autres du miracle qui s’était produit.
Avant qu’il n’ait eut le temps de dire quoi que ce soit, Aldébaran était reparti aussi vite qu’il était arrivé. Death Mask resta interdit, il n’arrivait pas encore à revenir à la réalité. Une partie de son esprit semblait toujours bloquée dans l’autre monde. Il tenta quand même de se lever en se moquant de la douleur qui tenaillait le moindre de ses membres. Des voix en provenance du couloir lui firent tourner la tête dans cette direction.
« Laisse-moi passer, c’est moi qui l’ait entendu en premier !! »
« Et ta mère elle l’a entendu aussi ?!! C’est moi le prems’ ! »
« Non c’est moi qui y va en premier !! »
« Je vais plus vite que toi l’handicapé ! »
« <Je te laisserais pas gagner wo….woaaaaaaaaaah ! »
BAOUM !! La porte s’ouvrit avec fracas et deux personnes s’écrasèrent au sol dans un grand bruit combiné à des gémissements de douleur. Death Mask regarda d’un air surpris puis apitoyé les deux chevaliers affalés devant lui. Kanon, une jambe dans le plâtre, s’était étalé dans l’encadrement de la porte. Une béquille avait volé au milieu de la pièce tandis qu’il s’était servit de l’autre pour faire tomber Milo. Milo qui était face contre terre un peu plus loin que Kanon, sa perfusion s’était échappée de sa main et avait roulé jusqu’au lit du Gardien de la Quatrième Maison.
« Pff vous êtes toujours aussi cons tous les deux ! » leur lança-t-il de son habituel ton sarcastique comme signe de bienvenue.
« Aie aie aie ! Et toi t’es toujours aussi antipathique ! Aie ! »
« Milo arrêtes de faire l’idiot et de sortir des mots que tu ne connais même pas ! » râla Camus en soupirant quand il le vit en train de faire connaissance avec le carrelage.
Il aida le Scorpion et le Gémeau à se remettre sur pieds alors qu’ils continuaient inlassablement à se chamailler comme des gamins de douze ans. Le chevalier du Cancer les regardaient d’un air las, ce qu’ils pouvaient être chiants ces deux là ! Qu’est-ce qu’il aurait apprécié qu’ils perdent leur langue au combat ! Le combat… Cette vision lui revint à l’esprit comme un flash, il remarqua alors combien ses homologues chevaliers étaient amochés.
Un pansement dissimulait l’œil droit de Camus et un bon nombre de cicatrices se dessinaient sur son visage et descendaient le long de ses bras. Kanon avait une jambe dans le plâtre et une joue méchamment tuméfiée dont la couleur oscillait entre le bleu et le mauve. Milo était le plus amoché des trois et se faisait réprimander par le chevalier du Verseau pour son inconscience. Il était sous perfusion à cause de graves lésions internes et il était censé ne pas bouger pour éviter de les aggraver. Dohko arriva en trombe dans la chambre avec un grand sourire plein de vie affiché sur le visage.
« Woh Death Mask ça y est t’es debout ! T’as fait une bonne sieste hein ?! Ahah ! » se marra-t-il en lui assénant une grande claque dans le dos.
« Par les dieux Dohko, ne le malmène pas de la sorte ! » s’indigna Saori qui venait à son tour d’arriver.
Le chevalier alité leva les yeux au ciel, à croire que tout le Sanctuaire s’était donné rendez-vous ici ! La réincarnation d’Athéna le couva d’un regard bienveillant et soulagé de le voir de retour parmi eux. Cependant, elle remarqua qu’il s’était débarrassé de sa perfusion et de tout ce qui était censé l’aider à se sentir mieux.
« Tu devrais rester allongé tu sais. Il faut te reposer pour que tu récupères tes forces. » lui recommanda-t-elle en l’invitant à se recoucher.
« Tss, je crois que j’ai assez dormit là ! » la rembarra-t-il sèchement d’un ton assez peu aimable.
Saori le laissa dire sans rien répliquer, elle connaissait le tempérament du chevalier et savait qu’elle ne pourrait pas le changer.
« Qu’est-ce qui s’est passé ? Je me souviens de rien… » demanda-t-il soudainement à aucun interlocuteur en particulier.
Ce fut le silence qui lui répondit, un silence qui en disait long sur la gravité de ce qui s’était passé. Même Milo avait arrêté de se chamailler avec Kanon et fixait silencieusement le sol d’un regard vide, où toute joie semblait s’être évaporée. Dohko, qui était encore assis sur le lit du chevalier, poussa tout d’un coup un long soupir de désespoir. Death Mask lui lança un regard interrogateur mais le chevalier de la Balance se leva avec un gémissement en se tenant le bras. Une longue balafre lui courrait de l’épaule jusqu’au milieu de l’avant-bras et semblait avoir du mal à vouloir cicatriser.
« La bataille a été rude Death Mask, très rude. Lui dit Athéna alors que Dohko sortait discrètement de la pièce. J’ai sous estimé les moyens d’Hades et il me l’a fait payer très cher… Plusieurs de mes chevaliers d’Argent sont tombés et toi…, on t’a retrouvé à demi-mort au milieu des cadavres et des gravats. Ton état était si critique que je ne pensais pas que………c’est un miracle que tu t’en sois sorti… » déclara-t-elle soulagée qu’il soit de nouveau sur pieds.
Death Mask écouta attentivement ce que la déesse du Sanctuaire lui conta, il avait toujours du mal à se rappeler clairement ce qui s’était passé. C’était comme si une partie des évènements refusait de lui dévoiler les bouts manquants pendant qu’il dormait. Mais d’ailleurs, combien de temps avait-il dormit ?
« Tu es resté inconscient pendant une semaine. » lui fit Kanon comme s’il avait deviné ce qu’il pensait.
Une semaine. Une semaine entre la vie et la mort… Il n’en avait pas eu conscience dans sa léthargie où des fantômes étaient venus le perturber.
« Et les autres ? » se surprit-il à demander.
Il se fichait de leur état de santé, il le savait bien, mais peut être que ça l’aiderait à recoller les morceaux perdus de sa mémoire. Il vit Kanon serrer les poings et se mordre la lèvre comme s’il voulait s’empêcher de pleurer. Camus vint le réconforter mais il s’en détourna et sortit lui aussi de la pièce, accablé.
Athéna pris la main de Death Mask et la serra de façon compatissante, ce qui agaça le chevalier, elle lui adressa un sourire triste avant d’aller voir comment se sentait Kanon.
« Saga est toujours dans le coma, le renseigna Camus avec un pic douloureux dans la voix. On a tout essayé sans succès, on ne peut pas le réveiller… »
Death Mask en fut plus qu’étonné, un chevalier aussi puissant que lui était si gravement blessé ?!
« Et l’aveugle ? » demanda-t-il sans réellement être intéressé par la réponse.
« Shaka s’est enfermé dans une profonde méditation pour récupérer, je me demande comment il fait pour pas avoir de crampe à force de rester assis comme ça ahahah urgh, kof kof. » toussa Milo en crachant du sang.
Ses lésions internes n’étaient toujours pas cicatrisées et le faisaient atrocement souffrir.
« Rah bon sang Milo je t’ai dit d’arrêter de faire l’idiot ! Tu as déjà de la chance de ne pas être dans le même état que Saga alors ne cherche pas à aggraver tes blessures ! Je n’ai pas la capacité de guérir tes imbécilités moi ! » le réprimanda une fois de plus Camus en lui donnant de quoi s’essuyer la bouche.
La dernière phrase eut l’effet d’une décharge électrique : ça y est, il se rappelait !! La vision fantomatique criant son nom, la chaleur dans son corps s’insinuant par sa bouche… Ca ne pouvait être que l’œuvre d’un cosmos guérisseur, et il ne connaissait qu’une personne capable d’en user, c’était…
« Shigure…… Où est Shigure ?! »
Nouveau silence, Milo arrêta de ricaner et son visage se décomposa comme si un grand malheur s’était abattu sur lui et se peignait sur ses traits. Camus non plus ne disait rien et tourna la tête pour ne pas voir le regard insistant qu’il lui lançait. Death Mask ne comprenait pas leur réaction, il se souvenait être venu en aide à la jeune fille. Thanatos, son combat contre le Dieu de la Mort avait vite tourné en sa défaveur. Son cœur se mit à battre plus vite sous l’effet de la peur, se pourrait-il qu’elle soit…
« Ils l’ont enlevée…….. » fit quelqu’un à côté de lui d’un ton morne et déprimé.
Death Mask se tourna ver lui, il ne s’était pas rendu compte qu’il y avait un autre blessé dans un lit à côté du siens, il fronça les sourcils lorsqu’il vit à qui appartenait cette voix. Dans le lit juste à côté se trouvait le chevalier qu’il avait le moins envie de croiser : un bandage moucheté de sang enserrait sa tête et ses mains et remontait sur son bras droit, de multiples ecchymoses et brûlures provoquées par un acide marquaient son corps abîmé par les combats. L’espagnol avait les traits tirés comme s’il n’avait pas dormi depuis très longtemps. Fatigue, tristesse et remords semblaient le ronger faisant de lui l’ombre du fier chevalier qu’il avait été.
« Shigure a ………été……. » répéta Death Mask en serrant les poings.
Quel idiot, en provoquant le Dieu de la Mort il n’avait réussi qu’à se faire tuer et à la mettre encore plus en danger…
« Fitz…ou plutôt Black aussi est partie aux Enfers… » ajouta Milo le regard dans le vague en serrant son mouchoir ensanglanté.
Il n’arrivait pas à concevoir l’échec cuisant qu’ils avaient subit, leur ôtant deux amies et chevaliers du Sanctuaire. Il se demanda même si le mauvais double de Fitz n’avait pas planifié tout ce qui s’était passé…
« Tout est de ma faute……. Je n’ai pas sut la protéger……… » se morfondait Shura des larmes plein les yeux.
« Ah ! Enfin une parole censée ! » ricana Death Mask en se levant sous l’œil effaré de Milo.
Il sentait le mauvais coup venir, mais avant qu’il ait put faire quelque chose, Death Mask était déjà passé à l’action. BAM ! Il décocha un énorme coup de poing dans la figure de Shura qui ne réagit quasiment pas.
« Non mais ça va pas Death Mask ! Camus arrêtes, lâche-moi il va le buter si on… »
« Ce n’est pas de notre ressort ! » le coupa-t-il en le poussant vers la sortie.
« Oh tu comprends quand je cause et que je te dis qu’il va se faire buter ?! » insista Milo en se débattant pour aller séparer les deux chevaliers.
« Pff, Milo ce n’est pas à toi d’aller interférer dans leurs histoires de cœur ! » déclara Camus d’un ton aussi froid que la glace qu’il savait manipuler.
Cette déclaration sembla remettre les pendules à l’heure chez Milo qui, maintenant qu’il avait comprit le pourquoi de la bagarre, affichait un grand sourire niais sur son visage.
« T’es qu’un con ! hurla Death Mask à la face de Shura qui n’avait pas bronché. Un pauvre con qu’a pas été foutu de lui venir en aide quand elle en avait besoin ! » l’accabla-t-il de lourds reproches le poing toujours serré prêt à lui décocher un nouveau coup.
« J’ai essayé………….mais j’ai échoué. C’est de ma faute… » psalmodiait-il les yeux toujours rivés sur ses draps.
BAM, Death Mask lui décocha un nouveau coup de poing. Shura l’essuya sans broncher, comme s’il jugeait qu’il méritait de se faire frapper pour expier la faute qu’il avait commise.
« Putain tu mériterais que je te cogne jusqu’aux portes de l’Enfer sombre crétin ! Ressaisis-toi et arrête de tirer cette gueule d’enterrement !! » le boosta-t-il d’arrêter de se morfondre.
Aucune réaction, Shura restait emmuré dans ses remords. Cette fois-ci il se prit un coup sur la tête pour le ramener à la réalité.
« Bon arrête de jouer à l’abruti transis ça commence à me gonfler ! T’as rien put faire tant pis pour toi, mais maintenant faut te bouger le cul pour aller chercher Shigure ! » lui envoya-t-il avec une étonnant preuve de compassion pour son rival.
Shura le regarda d’un air surpris, quelle mouche avait piqué le chevalier du Cancer pour qu’il lui parle si ‘gentiment’ ? D’ordinaire il ne lui adressait la parole que pour se mesurer à lui, alors pourquoi… ?
« T’as craqué ? » lui demanda Shura toujours sous le coup de la stupéfaction.
« Grmfl, oh bon sang ça me démange de te cogner ! T’as vu la trempe de notre ennemi ? Le Dieu de la Mort quoi ! Si moi je me suis fait démonter alors j’imagine même pas ton cas ! » ricana-t-il sans perdre sa vanité légendaire.
« Pff, ton sauvetage à toi aussi est loupé sinon elle Shigure serait toujours là ! » rétorqua-t-il en retrouvant enfin son sens de la répartie.
« Je t’emmerde la chèvre ! Si t’avais fait ton boulot je me serais pas fait buter et Shigure serait……elle serait… Et merde tiens, je trouve même plus mes mots ! » pesta-t-il incapable de terminer sa phrase tant le souvenir de la jeune fille le hantait.
Un sourire amusé passa sur les lèvres du chevalier du Capricorne mais s’effaça aussi vite qu’il était apparu. Lui aussi, plus que quiconque, était affecté par l’absence de la jeune fille. Il n’aspirait qu’à une chose : être remis sur pieds le plus vite possible pour descendre aux Enfers aller la récupérer !
« Je jure sur ma vie que je traverserais les Enfers quitte à affronter Hades lui-même et je la ramènerais au Sanctuaire !! » déclara Shura son aura combative reprenant le dessus sur sa morosité.
« Tss, si tu crois que je vais te laisser t’amuser tout seul contre ces abrutis en armures mauves tu te goures ! » lui lança-t-il en sous entendant une possible collaboration.
« Et tu crois que t’arriveras à suivre la cadence avec le choc que t’as eu ?! » le défia Shura une lueur amusée dans le regard.
« Mais je vais te coller mon poing dans ta sale gueule de chavrou ça va te faire passer l’envie de me chercher ! »
« Toujours aussi susceptible… »
« Et puis……. J’ai jamais dit que je te laisserais Shigure, même si on doit s’allier pour aller la chercher c’est avec moi qu’elle reviendra ! » lui envoya-t-il en lui tournant le dos.
« C’est ça, l’espoir fait vivre. Néanmoins, c’est elle qui décidera… » déclara Shura qui ne voulait pas parler au nom de la jeune fille même si c’était avec lui qu’elle sortait et non avec le chevalier du Cancer.
Death Mask émit un grognement dédaigneux mais ne rajouta rien, après tout si Shigure l’avait sauvé ce n’était sûrement pas pour rien…

Au plus profond des Enfers, les cris de plusieurs victimes se mêlaient à ceux des âmes errants qui n’arrivaient pas à trouver le repos. Certains geôliers se plaisaient à torturer leurs proies et se repaissaient de leur souffrance avec un plaisir malsain. Pourtant, parmi les atrocités et les hurlements qu’on pouvait entendre, le son d’un étrange chant s’élevait dans les airs et emplissait les prisons du Monde Souterrain d’un semblant de gaieté.
« Jeeeeeeeeeeeeeeee vous emmerrrrrrrrrrrrrrdeeeeeeeeeeeeeeeeeuh !!!!!!! Vous me fereeeeeeeeeeeeeeeeez jamais flancheeeeeeeeeeeeeeeeer !! Buwaahahahaarf ! »
« Silence !! » hurla un des gardes en assénant un coup de poing magistral dans le ventre du chanteur improvisé………ou plutôt de la chanteuse.
Les bras en croix, elle s’était pliée sous le coup et avait la tête penchée en avant. Ses longs cheveux châtains tombaient en cascade devant son visage en le lui cachant. Elle releva la tête et fusilla son bourreau de son regard de glace consumé par la haine qu’il lui inspirait. Elle serra les poings faisant frotter douloureusement contre ses poignets les fers qui l’enserraient, une irrépressible envie de lui faire passer l’envie de la frapper alimentait ses veines, mais elle ne pouvait assouvir sa soif de vengeance ainsi attachée. Elle se contentait donc de l’assassiner du regard à chaque fois que les coups lui pleuvaient dessus.
« Ah ! Tu te la fermes maintenant hein ? T’as enfin compris qui était le plus fort ?! » lui envoya le spectre gardien du cachot où elle était enfermée.
« Pff t’aimerais bien hein ? Pas de bol j’en ai rien à foutre de ton avis ! » le rembarra-t-elle un rictus en coin.
VLAN ! Cette fois ce fut un coup de pied dans l’estomac qui répondit à sa provocation, lui coupant le souffle et la parole par la même occasion. Le spectre, fort de sa position de puissance comparé à son prisonnier, prenait un malin plaisir à lui cogner dessus de tout son saoul dès qu’il en avait l’occasion. De nombreuses contusions et bleus étaient visibles un peu partout sur le corps de la jeune fille qui ne pouvait que subir sans se défendre.
« Ta gueule ! J’aime pas qu’on me contredise ! Je vais te cogner jusqu’à ce que tu admettes ma supériorité !! » s’emporta-t-il en levant le poing pour la frapper à nouveau.
« Ca suffit, arrêtez ça tout de suite !! » cria une voix masculine en provenance d’une cage dans un recoin sombre de la pièce.
« Tss qu’est-ce qu’il a lui ? Tu crois que tu peux me donner des ordres à moi, un spectre du Seigneur Hadès ? Mais t’es plus rien ici, sale chevalier d’Or ! » lui cracha-t-il en donnant un coup de pied rageur dans la prison en écrasant sauvagement la main qui tenait un des barreaux.
« Aiolia !! » lui cria la jeune fille en tirant sur les fers qui lui entravaient les poignets.
Mais elle réussit plus à agrandir les sillons qu’ils lui avaient causés plus qu’à aider son ami. Le spectre reporta alors son attention sur elle et se rapprocha, un sourire carnassier affiché sur les lèvres.
« Alors, comme ça on s’inquiète pour son ami ? Je devrais peut être le tuer, ça te calmera sans doute… »
« Parce que tu te crois assez puissant pour liquider un chevalier d’Or peut être?! » le provoqua-t-elle avec une lueur amusée dans le regard.
Aiolia pouvait être flatté du courage qu’elle faisait preuve à son égard, seulement lorsqu’on est enchaîné il ne s’agit plus de courage mais d’inconscience ! Un violent coup de poing vint s’écraser sur sa joue pour lui faire ravaler son arrogance. Elle gémit sous la puissance de la frappe et cracha par terre le surplus de sang qui lui emplissait la bouche. Le chevalier du Lion ne put que la regarder se changer en martyr sans rien pouvoir faire d’autre que de souffrir en silence pour elle. Par tous les dieux mais qu’avaient-ils fait pour mériter d’en arriver là… ?! Quelle puissance divine avaient-ils courroucé pour qu’une jeune fille se fasse torturer de la sorte ?!
Le spectre s’approcha de la jeune fille à demi assommée par le coup qu’elle venait de se prendre et lui prit le menton dans sa main pour la forcer à le regarder. Une grimace de douleur lui tordit les traits de son visages lorsqu’il appuya à l’endroit où il venait de la frapper.
« Alors, tu t’avoues enfin vaincue ? Tu vois, ça ne me plait pas vraiment de frapper sur une fille alors qu’il y a d’autres choses tellement mieux qu’on peut faire avec… » lui minauda-t-il en passant sa main par la fente sur le côté de la jupe de sa prisonnière pour lui caresser la cuisse.
Un éclair de peur passa dans le regard de la jeune fille et la foudroya sur place, tout son courage avait disparut dès qu’il eut posé la main sur elle. Elle aurait aimé crier pour que quelqu’un lui vienne en aide mais personne pas même Aiolia n’aurait put répondre à son appel car tous ceux qu’elle aimait n’étaient pas avec elle. Elle ferma les yeux et pensa avec force à Shura pour qu’il la protège jusqu’aux tréfonds des Enfers où elle se trouvait. Une nouvelle force l’anima et elle asséna un coup de genou dans les parties génitales de son agresseur qui lâcha un juron de douleur malgré l’armure qu’il portait. Fou de rage, il lui décocha un revers magistral et la tête de la jeune fille alla heurter la paroi froide et rugueuse du mur dans un gémissement douloureux. Un filet de sang coula de son arcade ouverte et passa devant ses yeux, un rideau pourpre faisant devenir sa vision floue et l’empêchant de voir correctement son assaillant revenir à la charge.
« Sale garce ! Je vais t’apprendre à te refuser à moi !! » enragea-t-il en cherchant à lui ôter son armure tout en la frappant pour l’empêcher de se débattre.
« NON !! Arrêtez !!! » hurla Aiolia témoin de l’horreur de la scène en cherchant à sortir de sa prison.
Affolée, la jeune fille ne savait que faire sous la pluie de coups qui lui tombait dessus. Le spectre semblait grandement s’amuser et affichait un sourire de dément devant la torture qu’il lui infligeait. Elle tenta une nouvelle fois de le repousser par un coup bien placé mais il ne tomba pas dans le piège une seconde fois. Elle sentit sa main cherchant à s’insinuer sous son armure pectorale et paniqua. Elle hurla de peur et sentit son cosmos s’enflammer sous l’effet de cette dernière. Elle tira sur ses chaînes et posa un pied sur la hanche du spectre où une partie de son armure lui conférait un appui. Les fers se brisèrent sous la chaleur du cosmos qu’elle dégageait et la puissance qu’elle avait mis pour se libérer. Elle s’appuya de tout son poids sur la hanche de son ennemi et se propulsa jusqu’à sa tête. Elle posa un genou de chaque côté de son cou et resserra sa prise avant de pivoter d’un coup sec vers la gauche. Un craquement sinistre se fit entendre lorsque les cervicales du spectre se rompirent avec violence.
Le cadavre du spectre s’écroula à terre avec la jeune fille, elle émit un cri aigu lorsqu’elle vit le regard vide du bourreau la fixer et recula vivement pour se mettre le plus loin possible de lui. Un bras puissant l’attrapa alors et lui fit pousser un nouveau cri d’effroi.
« Du calme Shigure c’est moi ! Tout va bien c’est finit ! C’est finit… » tenta de la rassurer Aiolia en la serrant contre lui à travers les barreaux de sa prison.
Mais la jeune fille était bouleversée et encore sous le choc et ne put réfréner des larmes de peur devant ce qui s’était passé. De violents tremblements lui secouaient le corps qu’Aiolia n’arrivait pas à atténuer alors qu’elle lui broyait le bras pour évacuer l’extrême détresse qui l’habitait.
« Et bien et bien, j’ai cru sentir un cosmos désespérément faible par ici. Oh ben c’est qu’elle est dans un piteux état l’apprentie Capricorne ! » se moqua une voix féminine en arrivant dans la pièce et en constatant les dégâts.
« Va te faire foutre Black !!! » l’envoya balader Shigure d’une voix vibrante de rage et de sanglots.
« Oh c’est-y pas malheureux de voir ça… » se moqua-t-elle ouvertement.
« Que se passe-t-il ici ?! Hmm, je vois que tu as réussis à tuer le garde qui devait vous surveiller. Voilà qui m’évitera de le faire, après tout il ne devait pas maltraiter mon invitée… » ricana Hadès en s’approchant de Shigure toujours tétanisée par ce qui avait failli lui arriver.
« Allons lève-toi et apprécie ma bonté, je t’emmène assister à un évènement que j’attendais depuis bien longtemps… » déclara Hadès en la soulevant d’une main par le menton comme si son poids était aussi lourd que celui d’une plume.
Il la poussa en avant et l’obligea sous le regard enjoué de Black à avancer devant lui tel un prisonnier se rendant au gibet. Aiolia eut beau crier de la laisser tranquille, il ne reçu que le dédain du Dieu des Enfers pour seule réponse. Shigure ne savait pas où ils l’emmenaient mais elle redoutait de le savoir, elle glissa un coup d’œil vers Black avec un faible soupçon d’espoir pour voir briller la présence de Fitz, mais en vain. Son ancienne amie était toujours enfermée dans son propre corps à la merci de son entité. Cette dernière avait l’air de se plaire énormément aux Enfers et arborait déjà une armure aux couleurs de son nouveau dieu : sa nouvelle tenue n’était plus l’armure inébranlable du Gémeau d’Or et lui laissait plus de parcelles de son corps à l’air libre. Son plastron était à présent percé entre ses deux seins en descendait tel une flèche jusqu’à son nombril, lui laissant la quasi-totalité du ventre sans protection. Les douces courbes de son ancienne armure étaient remplacées par des jointures tranchantes aux extrémités aussi pointues et acérées qu’une arme venant tout juste d’être affutée. Les tons violets aux reflets ébène semblaient effectuer une danse macabre sur les plaques luisantes de son armure. Black vit que la jeune fille ne cessait de la fixer en s’attardant sur son nouvel équipement.
« Avoue que tu crèves d’envie de porter la même ! Elle est beaucoup mieux que l’ancienne tu sais ? Ahahah ! » se moqua-t-elle ouvertement sous l’œil attentif d’Hadès.
Shigure voulut lui envoyer son poing dans la figure mais la violente douleur qui lui vrilla le dos au niveau de son tatouage la rappela vivement à l’ordre. Black éclata de rire devant la faiblesse de l’apprentie Capricorne et Shigure ne put que suivre sans dire mot, trop honteuse de sa propre soumission envers Hadès à cause d’un simple symbole encré dans sa peau. Ils arrivèrent bientôt dans une grande salle en arc de cercle dans laquelle reposait au centre un immense miroir aux macabres sculptures. Une rangée de spectres s’inclina lorsqu’ils pénétrèrent dans la pièce pour saluer leur maître. Black s’avança fièrement parmi eux et se planta devant le miroir, elle jeta un petit regard moqueur à la jeune fille qui ne comprenait pas ce qu’elle faisait avant de disparaître à l’intérieur comme si la surface du miroir était une porte vers un autre monde. Shigure la regarda s’évaporer avec de grands yeux surpris, elle recula instinctivement et se heurta, comme par le passé, à Hadès qui se trouvait derrière elle.
« Cette fois-ci, tu n’as rien pour tenter de t’échapper. » lui glissa-t-il sournoisement en la poussant en avant pour lui faire passer la porte miroitante.
Shigure ferma les yeux en passant à travers le miroir, c’était une étrange sensation, comme si elle passait dans un écran d’eau sans être mouillée… Lorsqu’elle rouvrit les yeux, un spectacle auquel elle ne se serait jamais attendue s’offrit à elle : une sphère aqueuse aux reflets violines contenant une jeune femme endormie trônait en plein milieu de cette pièce dissimulée. Ebahit, Shigure émit un petite ‘oh’ de surprise devant cette vision étrange. La femme, mains en croix sur la poitrine, avait de longs cheveux ébènes aux reflets bleu mauve foncé qui flottaient librement dans le liquide et lui cachaient en partie sa nudité, sa peau était aussi pâle que les premières neiges et lui conférait un air fragile et doux. Pourtant, l’apprentie Capricorne sentait que malgré ce visage juvénile et innocent se cachait une âme pas aussi douce que la première impression laissait paraître…
Elle sentit Hadès passer à côté d’elle et frissonna rien qu’à ce simple brassage d’air, il posa sa main sur la surface du liquide et murmura quelque chose qu’elle ne put entendre.
« Bon quand est-ce qu’on commence, j’en ai marre de poireauter ici pour rien ! » grogna Black en soupirant de lassitude.
Un faible sourire échappa au Dieu des Enfers et il invita alors Black à s’approcher de la prison aqueuse. Docile, l’ex chevalier du Sanctuaire se posta devant le corps sans vie de la jeune femme et esquissa une grimace. Elle avait l’air faible et ça lui déplaisait énormément, Hadès lui avait parlé d’un corps qui ferait un bon réceptacle mais elle s’était attendue à quelque chose de mieux que celui qu’il lui proposait. Elle se tourna alors pour lui signifier son mécontentement.
« Pff, et c’est censé être ça mon nouveau… Glurk, qu……. »
« NON !! »
Shigure ne put réprimer un cri : Hadès avait dégainé son épée et venait de transpercer sans ménagement la poitrine de Black. L’entité de Fitz fixa avec incompréhension le Dieu des Enfers puis son épée avant de lui jeter un regard des plus noirs.
« Salaud……. Tu m’as manipulé depuis le début… » lui cracha-t-elle alors qu’un filet de sang commençait à s’échapper d’entre ses lèvres.
Son fluide vital s’écoulait de sa blessure et venait lécher l’arme qui l’avait transpercé de part en part entre les deux seins. Soudain les runes gravées dans la lame de l’épée divine se mirent à briller d’une étrange lueur rougeâtre comme si elles se repaissaient du sang versé dessus. Un sourire de triomphe étira les lèvres d’Hadès et il enfonça d’un coup sec son épée jusqu’à la garde, arrachant un cri de souffrance à Black lorsque la lame lui déchira muscles et chair sans ménagement.
Shigure plaqua ses mains sur sa bouche pour réprimer un cri, il cherchait à la tuer ?! Elle voulait aller porter secours à son amie bien qu’elle sache que c’était Black et non Fitz qu’elle avait en face d’elle, mais la peur et l’indécision lui clouait les pieds au sol et l’empêchait de bouger. Elle remarqua alors que la lame de l’épée avait non seulement transpercé le corps de Black mais la lame était légèrement enfoncée dans le cœur de la jeune femme inconsciente. Mais qu’est-ce qu’Hadès était en train de faire ? Le sang de Black coulait faiblement jusque dans la blessure de l’inconnue et se répandait sur tout le long de la lame, la faisant briller d’une inquiétante lueur rouge. Et soudain, elle comprit ce qu’il faisait…
« Par les runes infernales gravées dans ma lame, que ton sacrifice redonne la vie à ma déesse, Résurrection !!! » cria Hadès en tournant l’épée dans le plexus de Black avant de la retirer d’un coup sec.
La jeune fille possédée hurla de douleur et plaqua sa main sur sa blessure comme pour essayer de retenir le sang de couler à flots, elle tituba faiblement et une étrange lumière vive se mit à briller et envelopper son corps.
« Mais, qu’est-ce que… » commença-t-elle en crachant une gerbe de sang.
L’âme de Black semblait s’envoler de son corps d’origine comme par magie. Shigure fixait la scène fascinée et horrifiée par ce qu’elle voyait. Hadès avait les yeux exorbités par l’extase et la folie et semblait transporté de joie par ce qui était en train de se passer.
« Viens à moi !!! » hurla Hadès en lui replantant son épée dans la blessure qu’il venait juste de lui infliger.
Le cri déchirant de Black résonna dans tous les Enfers alors qu’un vent sortit de nulle part éclata dans la pièce. Sa conscience commençait à se séparer de son corps tandis qu’un cri plus aigu se mêlait à son cri rauque : Fitz réapparaissait ! L’âme fantomatique de l’entité maléfique entra alors dans le corps de la femme inconsciente qui ouvrit brutalement les yeux en se mettant à hurler. Le rire triomphant d’Hadès se joignit à cette cacophonie infernale et Shigure dut se boucher les oreilles pour ne pas devenir folle. Le dieu du Monde Souterrain retira alors une seconde fois son épée et l’étrange vent sembla exploser, brisant la cuve aqueuse dans une projection de liquide et projetant l’apprentie Capricorne au sol. Le calme retomba soudain sur la pièce où résonnait à présent les gémissements étranglés de Fitz gisant dans son sang à terre.
« FITZ !!!!!!! » s’écria alors Shigure en reprenant ses esprits et en accourant vers elle.
Elle souleva la tête de son amie et commença instinctivement à user de son cosmos médical pour la soigner. Cette scène lui rappela amèrement le moment où, malgré ses efforts, elle n’avait put sauver le chevalier du Cancer… Plus jamais elle ne voulait avoir à essuyer la mort de quelqu’un qui lui était cher ! Elle ferait tout pour sauver son amie quitte à y laisser sa vie !
Hadès ne s’occupait pas d’elle, il s’avança lentement du corps de la jeune femme brune qui toussait et peinait à se relever. Elle tremblait et avait du mal à respirer après toutes ses années de confinement, ses longs cheveux tombaient sur le sol humide en une cascade sombre. Elle leva devant ses yeux cachés derrière le rideau de sa chevelure une fine main blanche comme la mort qu’elle contempla comme si elle la voyait pour la première fois. Elle remua ses doigts un à un et esquissa un petit sourire en voyant qu’ils exécutaient à merveille les mouvements qu’elle leur avait imposé. Une main puissante se tendit alors devant son visage, elle leva délicatement la tête pour voir à qui elle appartenait même si elle connaissait déjà la réponse. Ses mèches glissèrent sur le côté de son visage, laissant apparaitre des yeux d’un mauve aussi sombre et profond que les Enfers et adressa un sourire plein de reconnaissance au maitre des lieux.
« Hadès-sama, vous avez réussit… » déclara-t-elle d’une voix douce et mélodieuse tout en conservant le ton dur de Black.
Elle prit délicatement la main de son sauveur qui la releva avec autant de facilité qu’un enfant soulève une feuille et contempla sa beauté fraîchement recouvrée. Ses longs cheveux aux reflets violines cachaient sa nudité et lui donnaient un air de Vénus tout juste sortie des eaux. Durant toutes ces années, elle n’avait rien perdu de son charme et de sa grâce. Un sourire radieux illumina le visage d’Hadès, il lui déposa un baiser de bienvenue sur la main avant d’ajouter en plongeant son regard dans celui de sa dulcinée :
« Ma douce, quelle joie de vous revoir parmi nous. Ma chère et tendre Perséphone… »