Songfic originale, écrite pour l'anniversaire de ma frangine. Bon anniversaire Ti-Ole ^^
Chanson de David Hallyday : Tu ne m'as pas laissé le temps.
Notes : je tiens à vous prévenir, il s'agit une très longue songfic sous forme de journal. J'ai hésité entre la poster en chapitres ou en une fois, mais cela aurai fait des chapitres trop courts, du coup vous aurez un seul très long chapitre ^^
Bonne lecture.
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La vie, parfois, ressemble à une chanson. Vous qui lisez ces lignes, si vous n’en êtes pas convaincu, je me charge de le faire. Car voici le journal d’une jeune fille, qui, elle, n’y croyait pas ou ne voulait pas y croire. Pourtant, les aléas de la vie, les événements qui s’enchaînent ou le hasard d’une rencontre nous poussent à y croire. Maintenant, moi j’y crois. Car, vous allez le découvrir, ma vie, ressemble vraiment à une chanson.
Mardi 26 Janvier, 1164 AC.
Jour funeste, jour de désespoir et de mort. Jour où ma vie vient de se terminer. Mais mon histoire, elle, ne fait que commencer.
Je m’appelle Ti-Ole, j’ai 19 ans et je vis sur M-18, une planète du système de Merak, une des étoiles formant la Grande Ourse. Nous sommes en 1164 AC, c'est-à-dire 1164 ans après la colonisation de l’espace.
Je suis plutôt grande et fine, les cheveux d’un roux flamboyant et les yeux verts. Je suis orpheline, mais j’ai été recueillie par la famille de Yannaël, qui est devenu mon meilleur ami par la suite. De deux ans mon aîné, il possède d’étranges cheveux tout aussi gris que ses yeux. On a fait les 400 coups ensemble. Faut dire qu’on est vite devenu inséparables tout les deux. Et la brusque mort de ses parents trois ans plus tôt a renforcé nos liens.
L’année dernière, alors que j’obtenais mon bac et rentrais dans la plus cotée des universités, il sortait major de promotion de son école militaire et se lançait dans une carrière d’officier. J’ai oublié de préciser que nous sommes des alphas, c'est-à-dire que nous appartenons à la plus haute caste de la société. Mais bon, ça ne nous est jamais monté à la tête.
Je vous vois venir. Vous vous demandez en quoi cette histoire est tragique, en quoi ce jour est un jour funeste. J’y viens, j’y viens.
Je viens de recevoir un mail. Un mail en copie cachée, sans émetteur direct, mais avec le symbole du haut commandement militaire. Avant même d’ouvrir ce mail, je sais que ma vie est finie. Ma main tremble tandis que je clique sur mon intercom et lance l’ouverture du mail. L’escouade de Yannaël est tombée dans une embuscade. Il n’y a aucun survivant.
Je le savais ! Au moment même où il est parti pour cette mission, je savais que je ne le reverrais jamais.
Yannaël, mon ami, mon meilleur ami. Non ! Mon seul ami. Celui que j’aime depuis le début sans jamais avoir osé le lui avouer de peur de le perdre.
Qu’est ce que je vais faire maintenant ? Qu’est ce que je vais devenir sans lui ? Il est parti, il a emporté mon cœur avec lui, sans même le savoir, et je ne le récupérerai jamais. Qu’est-ce qu’il me reste ? Des souvenirs ? Des morceaux de passé ? A peine de quoi tenir. Je nous revois tout deux, je revois des lambeaux de notre passé. Désordonnés, tronqués, mélangés, sans aucun lien chronologique. Je ne revois que des souvenirs éparpillés et brisés comme des morceaux de verre.
Brisé, comme l’est ma vie en ce moment même.
J'reste avec mes souvenirs
Ces morceaux de passé
Comme un miroir en éclats de verre
Mais à quoi ça sert
Mercredi 27 Janvier, 1164 AC.
Je n’ai pas dormi. Impossible de trouver le sommeil, dès que je ferme les yeux son visage, son sourire viennent hanter mes nuits. Je revois tous les bons moments que nous avons passés ensembles.
Pour m’occuper l’esprit je décide de ranger un peu la maison. Elle me revient, avant de partir il avait remplit tout un tas de papiers pour que j’en devienne la propriétaire s’il lui arrivait quelque chose. C’est une grande maison, de trois étages. Le rez-de-chaussée c’est l’espace familial, on se retrouvait tous là pour le repas, le film du soir, lorsque l’on invitait des amis aussi. Le premier est un immense complexe sportif. Salle de gym, salle de musculation, piscine. C’est là que se trouve aussi la salle de billard et la salle de musique. Si je joue très bien de la harpe, Yannaël, lui, était un expert au piano. Combien de soirée avons-nous passé dans cette salle à jouer rien que pour nous deux ? Je ne sais plus, il y en a eu tellement ! Le deuxième étage nous est réservé. Nous y avions chacun notre chambre, avec salle de bain privée, bibliothèque, dressing. Enfin, le troisième étage était réservé à ses parents. Depuis leur mort, nous n’y avons jamais remis les pieds. La maison est immense, mais nous avons quelques domestiques. Un intendant, un cuisinier et une femme de ménage. Ce sont des zêtas. Ils appartiennent à la dernière caste de la société, mais ils n’ont jamais été maltraité et nous sont fidèles. Enfin, ME sont fidèle. D’ailleurs croiser leurs regards emplis de chagrin est un supplice.
Ranger ne fut pas une bonne idée. Je viens de tomber sur une pile de lettre. Ses lettres, celles qu’il m’envoyait pendant ses missions. C’est vrai qu’avec toute la technologie dont nous disposons, écrire est démodé. Un petit coup d’intercom et hop, nous sommes en relation, qu’il soit à un bout de la planète et moi à l’autre, avec le son, l’image et tout. Pourtant, lors de ses absences, nous n’avons jamais utilisés les intercoms, préférant s’écrire (avec une antique plume s’il vous plait). Il disait en riant qu’ainsi on renouait avec les traditions antiques. Faut dire que la plume et le papier, c’est obsolète depuis bien longtemps, avant même la colonisation de l’espace si je me souviens bien !
Je ne peux empêcher mes larmes de couler en relisant ses lettres. C’est l’avantage du papier, on en garde une trace. Ces lettres sont simples, sans chichi ni mots doux. Il m’explique ses missions, parles de ses équipiers, me confie sa joie d’être déjà officier supérieur. Forcément, ce n’est pas tout le monde qui devient Commandant à 21 ans. Mais faut dire qu’il le mérite aussi. Je n’ai jamais quelqu’un d’aussi dévoué et appliqué que lui. L’amour fausse peut être mon jugement, mais les fait son là. A 21 ans, il est le plus jeune Commandant de toute l’histoire de notre armée. Je devrai haïr ce poste. C’est ce rang qui l’a conduit si loin de moi et si près de la guerre. C’est à cause de cet insigne de commandant que lui à été confié cette dangereuse mission. Mission de laquelle il ne reviendra jamais.
En triant les feuilles de papier je tombe sur une ébauche de lettre. Celle que j’écrivais hier, celle que je devais lui envoyer aujourd’hui. Elle ne partira pas. Plus jamais le service des postes militaires ne reverra de feuillet à l’intention de Yannaël ou de Ti-Ole, plus jamais on ne frappera à ma porte pour me déposer mon courrier ou récupérer celui que je devais lui envoyer. Les mots se bousculent dans ma tête pour finir la lettre. Inutile ! Dans un élan de rage, je tire un grand trait sur ma dernière lettre. Elle ne partira pas car il n’y a plus personne pour la lire maintenant. Dire qu’hier, je nageais encore dans le bonheur.
Ce que j'voulais te dire
Reste sur des pages blanches
Sur lesquelles je peux tirer un trait
C'était juste hier
Jeudi 28 Janvier, 1164 AC.
Je désespère. Je ne sors plus de la maison, je reste enfermée dans ma chambre, cloitrée dans mon chagrin. Je ne trouve rien à faire de mes journées. J’ai laissé tombé les cours, je n’ai pas le courage de me rendre à l’université et rire avec mes rares amis. Surtout qu’ils me demanderont des nouvelles de Yannaël et je n’ai pas envie de raviver la douleur de sa disparition.
Je me suis installée dans la salle de musique, devant ma harpe. Oui, c’est la mienne, un cadeau de Yannaël pour mes 18 ans. Je n’en ai encore jamais joué seule. D’habitude, il est à mes cotés et m’accompagne au piano. Pourtant, je sais qu’il aurait aimé m’entendre jouer seule, sans accompagnement. Mes doigts se promènent sur les cordes sans faire ressortir un seul son. Je m’enivre du contact avec mon instrument. J’essaye de ne me concentrer que sur ce que je fais faire. J’essaye d’oublier qui je suis, pourquoi je suis là. Ce n’est pas simple.
Finalement, mes doigts se mettent à courir sur les cordes et des notes s’envolent dans la salle. Je joue. Pour moi, pour lui, pour nous. Je joue la partition qu’il m’a écrite avant de partir. Je ne l’ai encore jamais jouée mais pourtant, mes doigts trouvent seuls leur place sur les cordes. Je me laisse emportée par la mélodie. Devant mes yeux fermé défilent de douloureux souvenirs : son visage ; son sourire, trop rare à mon goût ; ses regard, parfois étranges.
Mes larmes se mettent de nouveau à couler alors que je réalise à quel point je l’aime. C’est fou ce qu’il peut me manquer. J’ai l’impression d’avoir un trou noir à la place du cœur qui aspire tout mon être vers le néant. Je n’ai pas eu le temps, ni le courage de lui dire tout ce que je l’aime, et aujourd’hui, je ne peux lui dire ce qu’il me manque.
Tu ne m'as pas laissé le temps
De te dire tout c'que je t'aime
Et tout c'que tu me manques
Samedi 30 Janvier, 1164 AC.
Le vendredi s’est déroulé comme le jeudi. Je l’ai passé dans la salle de musique, tentant de m’améliorer pour jouer cette partition. Je suis retombée sur le titre par hasard. Est-ce un message qu’il a voulu me donner avant de partir ? Je n’en sais rien, mais ce thème, il l’a appelée « Anata ha, eien ni ». C’est du japonais antique. Or, il connait ma passion pour cette langue ancestrale, j’ai passé des heures à lui enseigner, à sa demande, le vocabulaire et la conjugaison de cette langue. Il ne m’a jamais dit ce qu’il comptait en faire mais aujourd’hui je crois comprendre. Il sait que je suis capable de traduire ce texte, mais que dois-je comprendre de ce message, de cette mélodie. Ce titre signifie « A toi, à jamais ». Alors, est-ce un message caché ou juste un titre sans signification ?
Les questions se bousculent dans ma tête et je suis incapable d’y répondre. Eprouvait-il des sentiments pour moi ? Dans ce cas, pourquoi n’a-t-il rien dit ? Avait-il peur comme moi de briser notre amitié par une déclaration ?
Quelle stupidité. J’en déduis que nous étions tout les deux amoureux l’un de l’autre et que nous n’avons jamais osé nous l’avouer, nous contentant de laisser ici et là quelques messages sibyllins ou de glisser une ou deux allusions dans une discutions. Aveugles que nous sommes. Tout aurait été beaucoup plus simple si nous l’avions avoué de vive voix. Mais nous n’en avons pas eu le temps.
On devrait toujours dire avant
L'importance que les gens prennent
Tant qu'il est encore temps
Mais tu n'm'as pas laissé le temps
Mercredi 10 Février, 1164 AC.
Je suis retournée en cours. Personne ne m’a posé de questions sur les raisons de mon départ. Parmi les élèves, la nouvelle avait circulée pendant mon absence. Et pour les profs, qu’importent les absences, tant que les résultats sont là. Et pour le moment, je reste en tête de classe, donc ils ne me posent pas de questions.
Aujourd’hui, cela fait exactement 18 ans, que je vis chez la famille de Yannaël. Pas facile de fêter cet anniversaire seule. Oui, ça fait 18 ans que mes parents sont morts dans un accident de navette, 18 ans que leurs meilleurs amis ont décidé de me recueillir chez eux et de m’offrir le meilleur. 18 ans que Yannaël et moi étions inséparables.
On a grandit ensemble. Il m’a apprit tout un tas de « trucs » comme il disait, qui ne servent rien pour une jeune fille de bonne famille, mais qu’il m’enseignait avec patience durant notre enfance. Ainsi, même si personne n’est au courant, je sais manier une épée, je sais me battre à mains nues, allumer un feu avec de simples bâton de bois. C’est vrai qu’on en a passé du temps dans les bois aux alentour de la ville à jouer les « Robin des Bois », seuls dans une cabane en rondins. Et pendant ce temps, ses parents nous croyaient bien à l’abri chez des amis.
Les premières leçons d’escrimes furent les plus dures. Je ne voyais pas vraiment l’intérêt d’apprendre à me battre, mais cela me permettais de passer du temps seule avec lui. Déjà, alors que je n’avais que 6 ans, je crois que j’avais le béguin pour lui. Comme quoi, ça ne date pas d’hier.
Au fur et à mesure de ces leçons, je suis devenue plus attentive, plus rapide et un jour j’ai enfin réussit à le mettre en difficulté. Je n’oublierai jamais l’admiration que j’ai lue dans ses magnifiques yeux gris ce jour là. C’était l’aboutissement de tous mes efforts. Avec un grand sourire, je lui ai tendu la main pour l’aider à se relever. Ce jour là, j’ai pris conscience qu’il m’avait bien plus appris que m’importe quel professeur de n’importe quelle école cotée et réputée.
Aujourd’hui je regrette nos leçons d’escrime. Moins que son absence certes, mais je les regrette quand même. Il m’a tant donné, tant appris. Je me demande s’il ne l’a pas fait en prévision du jour où il ne pourrait plus veiller sur moi. J’aimais ces moments de lutte acharnée qui se terminait toujours par un long silence ou chacun se noyait dans les yeux de l’autre. C’est dans ses yeux que je me voyais grandir et dans son regard je pouvais lire tous les compliments qu’il ne me faisait pas, alors je me sentais fière de grandir à ses cotés.
Toi qui m'as tout appris
Et m'as tant donné
C'est dans tes yeux que je grandissais
Et me sentais fière
Dimanche 14 Février, 1164 AC.
Aujourd’hui c’est la fête des amoureux. Et oui ! Cette tradition aussi vieille que le monde existe encore. Et croyez moi, quand on est seule, c’est dure de voir tout ces couples s’embrasser et s’aimer.
Pour cesser de voir tout ces gens heureux, je décide, une fois n’est pas coutume de m’enfermer dans ma chambre. Ça tombe bien, j’ai du tri à faire dans mes vieux holos. Il faut bien qu’un jour je me décide à tourner la page.
On n’a jamais fêté la Saint Valentin avant. Normal, on n’était pas vraiment ensemble. Mais à l’époque, voir tout ces couples ne me gênais pas plus que ça. Oui, mais à l’époque, Yannaël était encore en vie. A l’époque tout était encore possible pour nous deux.
D’un pas vif je remonte l’avenue, évitant de traverser le parc comme je le ferais d’habitude. C’est le lieu de rendez-vous de tout les amoureux et être le témoin des amours débutants comme des amours endurants n’est pas ce que je souhait aujourd’hui.
Pourquoi a-t-il fallut que notre histoire n’aie même pas eu le temps de commencer ? Qu’elle s’arrête à un moment, je peux le concevoir, mais que là haut, il ne nous laisse même pas la commencer, cela me réduit le cœur en miette. Et voilà, je m’étais promis de ne plus pleurer et pourtant, je sens mes larmes couler le long de mes joues. J’aperçois au loin un jeune couple qui se balade, la main dans la main. Un intense sentiment de solitude me tombe sur les épaules au moment où ils me doublent. Heureusement pour moi, la maison n’est plus très loin.
C’est avec soulagement que je referme la lourde porte en chêne derrière moi. Jamais je ne me suis sentie aussi seule. Mon dieu, que c’est dur !
Pourquoi sans prévenir
Un jour tout s'arrête
Et vous laisse encore plus seul sur Terre
Sans savoir quoi faire
Samedi 20 Février, 1164 AC.
Avec les cours, je n’ai pas eu le temps de finir mon rangement. Faut dire qu’en ce moment, les profs ne nous lâche pas et on enchaine devoirs sur devoirs. Heureusement, je suis une bonne élève et n’ai pas besoin de passer des heures le nez dans mes cours pour avoir de bonnes notes.
Du coup, je poursuis mon rangement ce weekend. Encore une bonne excuse pour ne pas me rendre à la fête organisée à l’université. Je sais, c’est pitoyable comme excuse mais je n’ai vraiment pas le cœur à rire. Un nouveau mail est arrivé hier. Avec le même symbole que le précédent. Ils n’ont toujours pas retrouvé les corps ; il n’y a donc toujours pas de cérémonie officielle pour un enterrement.
Je désespère. Comment tourner la page et recommencer à vivre lorsque l’on n’a nul corps à pleurer, nulle explication ?
Je souris en tombant sur une photo de nous deux. Je l’avais oublié celle-là. Elle a été prise à la fin de mon année de terminale, pendant le bal de promo. Nous dansions un slow, j’étais vêtue d’une robe de bal verte. Allant du vert foncé au vert pastel. Lui portait son uniforme de promo, une veste bleue, des gants, un pantalon gris et un sabre à la taille. Un ensemble plutôt simple, mais qui lui allait si bien, faisant ressortir le gris métallique de ses yeux et de sa chevelure. La photo est presque compromettante. Sa main posée sur ma joue, la mienne frôlant sa propre joue, nous sommes sur le point de nous embrasser. Mais ça ne s’est pas vraiment passé comme ça. Le slow s’est arrêté brutalement, nous ramenant à la réalité. Il s’est alors penché vers moi, m’a posé un baiser sur la joue et m’a glissé, au creux de l’oreille un « tu es vraiment magnifique ».
C’est fou ce qu’il peu me manquer. En observant la photo, je sens une boule de tristesse remonter dans ma gorge et retient à grande peine mes sanglot. Cette journée de rangement n’était pas forcement une bonne idée.
Tu ne m'as pas laissé le temps
De dire tout c'que je t'aime
Et tout c'que tu me manques
Dimanche 21 Février, 1164 AC.
Je n’ai plus le courage de tenir ce journal. Que raconter de toute façon ? De qui parler ?
Mes journées à la fac ? Elles sont monotones et ennuyeuses, tous comme les cours.
Mes week-ends à la maison ? Ils se ressemblent tous, je les passe seule dans ma chambre ou devant ma harpe, espérant sans y croire son retour.
Mes amies ? Elles sont bien trop occupées avec leurs propres problèmes pour m’aider à sortir des miens.
Ma famille ? Très drôle, j’en ai plus, quand aux domestiques, même s’ils sont très sympathiques avec moi, ce ne sont que des domestiques et ils ne se mêlent pas de ma vie.
Du coup je suis seule, désespérément seule et je ne fait plus rien d’intéressant de mes journées. A par penser à lui. Ce qui est stupide de toute façon. Il est mort et rien ne le fera revenir. On n’a beau pas avoir encore retrouvé les corps, il va bien falloir me faire une idée. Je ne le reverrai plus jamais.
On devrait toujours dire avant
L'importance que les gens prennent
Tant qu'il est encore temps
Tu n'm'as pas laissé le temps
Laissé le temps...
Samedi 6 Mars, 1164 AC.
Les jours passent et se ressemblent. Tristes, monotones, solitaires. Plus rien ne compte pour moi. Si je n’avais pas si peur de la mort, je crois bien que je commettrai l’irréparable pour aller le rejoindre. Pourtant, quelque chose encore me raccroche à la vie. Ne me demandez pas quoi je ne sais pas moi-même. Sans doute un ultime espoir de le voir revenir en vie afin de lui avouer ce que je n’ai pas eu le temps de lui dire. C’est idiot non ?
Tu ne m'as pas laissé le temps
De dire tout c'que je t'aime
Et tout c'que tu me manques
Jeudi 17 Mars, 1164 AC.
Il me manque. C’est fou ce qu’il me manque. Ça fait mal et je ne connais aucun remède pour soigner cette douleur. Désormais plus rien ne peut m’atteindre. Ma vie est devenue un enfer permanent dans lequel je ne fait que survivre. Bientôt je baisserai les bras et je le retrouverai de l’autre coté. Et alors je pourrais enfin lui dire tout ce qu’il représente pour moi et son importance à mes yeux : je l’aime. A en mourir !
On devrait toujours dire avant
L'importance que les gens prennent
Tant qu'il est encore temps
Dire avant.........
Le dire avant.........
Mercredi 14 Avril, 1164 AC.
C’est terrible. Chaque jour m’éloigne un peu plus d’une nouvelle chance de le revoir. J’essaye en vain de le rejoindre mais je ne peux totalement m’y résoudre. Chaque jour quelque chose m’empêche d’aller jusqu’au bout, de mettre fin à cette vie de souffrance. Mes amies ont bien vu mon manège, aussi me surveillent-elles. Elles passent me voir à l’improviste le week-end, me font sortir, m’entrainent dans leurs délires. Je me plie au jeu. J’attend mon heure. De toute façon je ne sais plus rien faire d’autre que d’attendre. Attendre des nouvelles qui ne viennent pas, attendre une nouvelle occasion de fuir cette vie, attendre la mort. Ma mort ! Il ne me reste que ça. Heureusement pour moi, la patience est une de mes rares vertus. Je sais qu’un jour la surveillance de mes amies (et des domestiques, car ils surgissent toujours quand il ne le faut pas pour que ce soit un coïncidence !) va finir par se relâcher. Et là ! Là, je serai prête.
Tu ne m'as pas laissé le temps
De dire tout c'que je t'aime
Et tout c'que tu me manques
Lundi 26 Avril, 1164 AC.
Quatre mois. Aujourd’hui cela fait quatre mois qu’il a disparu. Quatre mois que je vis seule. Quatre mois que ma vie n’a plus aucun goût.
Je me demande ce que je vais faire. Je n’ai plus de nouvelles de la part de l’armée. Je ne sais pas si les recherches continuent, si tout est abandonné, s’il n’y a plus aucun espoir. Je ne sais rien de ce qui se passe en dehors de la ville. Pour tout dire, je ne sais même plus où en est la guerre. J’avais même oublié qu’on était en guerre. Je ne regarde pratiquement plus les informations et m’enfonce de plus en plus dans le silence et la solitude.
On frappe à la porte. Qui donc cela peut-il être ? Je n’ai pas reçut de visite depuis si longtemps.
[Plus tard, bien plus tard.]
Je profite qu’il soit à la douche pour coucher sur le papier ce qui vient de se passer. Ma main tremble tellement j’ai du mal à m’en remettre. Il est là ! Il est de retour ! Comment-ça : qui ça ? Mais Yannaël bien sûr.
Non, je ne suis pas folle. Lorsque j’ai ouvert la porte tout à l’heure j’ai cru à une hallucination. Mais c’est bien Yannaël en chair et en os qui se tenait devant moi. J’ai mis quelques instants à percuter. Il m’a sourit et a murmuré « C’est moi, je suis rentré ». Ça a été comme un déclic et je lui suis tombée en larmes dans les bras. Tendrement il m’a enlacé puis conduit au salon. Comme une automate, je me suis laissée guider, le cœur battant la chamade et les oreilles bourdonnantes. Je me suis retrouvée assise dans le canapé, lui sur une chaise face à moi, me tenant la main. Puis il a commencé son histoire.
Il m’a raconté avec émotion l’embuscade dont son escouade a été victime. Heureusement pour lui, avec deux soldats, ils ont réussit à fuir et à échapper au massacre. Réfugiés derrières les lignes ennemies, ils n’ont pas pu prendre contact avec le commandement et les informer de leur survie. Ils se sont dissimulés dans une forêt le temps que l’agitation retombe et ont échafaudé des plans pour sortir de la zone ennemie.
C’est seulement quatre mois plus tard qu’ils ont tous trois réussit à retraverser la frontière et à joindre le haut commandement.
Il m’a avoué être de retour dans notre pays depuis quelques jours, mais ne pouvait se soustraire à ses devoirs militaires pour venir me voir. « Mais je suis là maintenant, et je bénéficie d’un mois d’arrêt pour me remettre, ordre du haut commandement » a-t-il ajouté à la fin en m’enlaçant tendrement. Mes mains se sont crispées sur sa chemise et mes larmes se sont remises à couler, sans que je ne puisse rien faire pour m’arrêter. Au bout d’un moment, elles se sont calmées. Il en a profité pour partir à la douche, m’assurant qu’il ne me laisserait plus seule désormais.
On devrait toujours dire avant
L'importance que les gens prennent
Tant qu'il est encore temps
Vendredi 30 Avril, 1164 AC.
J’ai fait lire mon journal à Yannaël. C’était trop difficile pour moi de lui raconter la galère dans laquelle je me suis retrouvée et ces quatre mois que j’ai vécu comme une automate. Comme les mots me manquaient et les larmes me montaient aux yeux à chaque fois, j’ai préféré aller chercher ce journal et lui tendre. Sans un mot, il l’a pris et a commencé à lire. Moi, blottie contre lui, je me suis endormie en écoutant battre son cœur. Je n’en reviens toujours pas qu’il soit en vie.
Je me suis réveillée quelques heures après. Il avait fini sa lecture et attendait patiemment que je me réveille. La première chose que j’ai vu ce sont ses yeux. Ses magnifiques yeux gris qui me regardaient avec amour. Ensuite il s’est penché sur moi pour m’embrasser. Quelle sotte, j’avais oublié que je m’étais longuement épanchée sur mes sentiments à son égard dans ce journal. Du coup, il sait tout ce que je ressens pour lui et il semble que ce soit réciproque.
Nous nous sommes enfin avoué ces mots qui avaient mis tant de temps à franchir la barrière de nos lèvres. Je l’aime et il m’aime. Dire qu’il aura fallut être séparé par la mort pour que chacun de nous le comprenne.
D’un commun accord, nous avons décidé de publier ce journal. Afin que chacun comprenne qu’il faut toujours dire avant l’importance que les gens ont pour soi avant qu’il ne soit trop tard. Après une relecture et une mise en page, nous chercherons un éditeur. J’espère ainsi que les gens qui liront ce journal comprendront la bêtise qui fut la notre et éviterons de la reproduire. Il est stupide de perdre quelqu’un avant d’avoir pu lui avouer quoi que ce soit par faute de temps.
On a toujours le temps d’avouer ses sentiments, seul le courage fait défaut. Mais parfois, le temps nous file entre les doigts et une mauvaise décision, un manque d’information et une absence de déclaration pousse les gens à s’éloigner.
Yannaël et moi avons eu de la chance puisqu’il est revenu de cette mission pour entendre ce que j’avais à lui dire. Pourtant, il m’a avoué avoir longuement hésité avant de partir. Si j’avais parlé à ce moment là, jamais je n’aurais connu ces quatre mois à pleurer sa mort puisqu’il serait resté à mes cotés.
Alors n’attendez pas d’être séparée de celui que vous aimez pour comprendre à quel point vous l’aimez et à quel point la vie sans lui n’a plus de goût.
Pensez-y : il faut toujours dire avant l’importance que les gens prennent, temps qu’il est encore temps.
Dire avant..........
La vie, parfois, ressemble à une chanson. J’espère que maintenant vous y croyez, car moi je continue à y croire dur comme fer. Ma vie, par un enchainement d’événements a suivi les paroles d’une vielle chanson de David Hallyday. Parfois triste, parfois joyeuse, j’enchaîne au jour le jour les mélodies, passant de l’une à l’autre en fonction des moments et des éléments qui pimentent ma vie. Et la mélodie qui guide nos pas aujourd’hui ressemble fortement à une marche nuptiale. Vous n’y voyez pas un signe ? Parce que moi, si !
Sur M-18, système Merak
Le Mercredi 26 Janvier, 1165 AC.
Ti-Ole
Owari
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Merci de m'avoir lue.
@+
Biz
Alize. |