Elle entendit de belles voix chanter et parler autour d'elle. De la lumière suivait le sillage de gens élancés, qui traversèrent la clairière gracieusement et disparurent entre les arbres. Elle s'assit avec un sursaut qui provoqua des élancements dans sa tête.
Doucement, jeune humaine, dit une voix calme. (Une main douce mais ferme sur son épaule la fit s'allonger de nouveau.) Il n'y a rien de menaçant dans cette endroit. Par chance, mon aigle t'a trouvée et nous avons pus te venir en aide. Tu n'as rien à craindre de nous.
Alors que Camille dérivait de nouveau vers le sommeil, elle murmura :
-Qui êtes-vous ?.....
D'une voix calme il lui répondit :
-Je suis........
Elle n'entendit pas la réponse et sombra dans le sommeil. Quelqu'un posa une main fraîche sur le front brûlant de Camille et elle se mit à rêver.
Quand elle s'éveilla de nouveau, elle ne put rien faire d'autre qu'ouvrir les yeux, tant elle se sentait faible. La clairière n'était pas différente.
- Te voilà de retour parmi nous.
Camille reconnut la voix, mais son propriétaire était hors de son champ de vision. Elle voulut à nouveau se redresser.
-Pas de cela, dit la voix. Tu es encore trop mal en point...
La pression des mains sur ses épaules l'incita à se recoucher. Le monde cessa de tournoyer, un jeune homme tel qu'elle n'en avait jamais vu s'agenouilla auprès d'elle. Ses longs cheveux blond luisaient à la lumière des étoiles, bien qu'elle ne soit pas certaine de leur couleur véritable. De grands yeux vifs, vert pâle, sertis dans un visage aux traits fins, la regardaient gaiement. Il était mince comme un roseau, mais pas dépourvu de force physique pour autant.
-Qui..., murmura-t-elle. Sa bouche et sa gorge étaient sèches.
Il leva une besace vers ses lèvres et l'aida à boire. L'eau était pure et fraîche.
-Je suis Lornan, dit l'homme. Je suis Lornan du royaume d'Esprit ou des montagnes de Shigo comme ton peuple le nomme.
-Shigo ! Les drakons ! , Hurla-t-elle. Une douleur sourde lui étreignit la poitrine, l'empêchant de reprendre sa respiration. Elle haletait. L'homme posa ses mains sur la poitrine de la jeune fille. Une douce chaleur remplaça la douleur qu'elle avait ressentie auparavant.
-Hum..., hésita-t-il. Es-ce que vous avez croisé, heu...un sorcier ou quelque chose de similaire ?
-Un sorcier ? , Réfléchit-elle. Sa conscience malgré elle, lui renvoya en pleine tête le baiser qu'elle avait échangé, malgré elle, avec ce drakons.
-Un drakons, lui dit-il.
-Hein ! Mais comment ? ,Rétorqua-t-elle. Comment savez-vous cela ?!(Une pointe d'inquiétude lui étreignit la voix, elle avait était prise en flagrant délit, était-il possible qu'il lise dans les pensées ? Alors il avait tout vu....)
- Oui, j'ai tout vu et je suis désolé pour vous, mais ce drakons n'a pas fait cela dans le but que vous croyez, il vous a apposait un sceau grâce au sang qu'il vous a transmis.
- Ce...ce n'est pas possible, mais pourquoi ? Dit-elle.
- Les drakons utilisent cette technique pour prendre le contrôle des âmes. La personne possédait, se retrouve après en possession de pouvoirs, qu'elle ne peut contrôler, alors ces derniers la détruise.
- N'y a-t-il aucun moyen d'éviter cela...murmura-t-elle, (sa voix faiblit, la peur lui saisit la gorge, pourquoi finirait-elle comme ça ? Elle voulait devenir chevalier, elle ne pouvait pas mourir avant).
- Je suis un elfe, je ne connais pas les secrets drakons, je le déplore malheureusement, dit-il.
Il prit délicatement sa main dans la sienne et la pressa contre son cœur, apportant ainsi un peu de réconfort à la jeune fille. Camille enroula ses bras autour de ses jambes et posa sa tête sur ses genoux. La vie était éphémère, la sienne ne faisait pas exception.
-Pouvez-vous porter mon message au roi Herrior ? Demanda-t-elle en murmurant faiblement.
-Ton chemin est long et sombre, répondit-il tranquillement. (Il dégagea le front de Camille de ses mèches de cheveux moites.) Mais tu as la volonté et la force. Prend ce pendentif.
Il lui mit autour du coup et la petite pierre, blanche auparavant, prit une teinte bleue comme le lagon.
- Cette pierre vient du Teiglin. On dit que durant les périodes de guerre, notre peuple a tellement pleuré et souffert, qu'un fleuve s'est formé et que les elfes y déversèrent leurs peines. Le nom de cette pierre est Haldir, elle fut trouvée dans le fleuve et forgée par les elfes pour en faire un bijou elfique. Mais prend garde, cette pierre est très spéciale, quelle couleur montre-t-elle ?
- Bleu.
- Cette couleur, comme le vert, le jaune et toutes les couleurs claires montrent que tu n'as rien à craindre des gens prés desquels tu te tiens. Si la pierre prend des couleurs fonçées ne t'approche pas d'eux, si la pierre devient noire, pars le plus loin de l'endroit ou tu te tiendras. As –tu compris ?
- Oui, mais que symbolise le noir ? Qui sont ces personnes ?
- Ce sont des Maegling, nous les appelons elfes sombres, ils vivent normalement repliés sous terre. Ces créatures ressemblent aux elfes, mais leur couleur est différente. Ils ont la peau blanche comme neige, les cheveux couleur argent et leurs yeux, (L'elfe eut un frison de dégoût.), ont la couleurs du sang. Ces yeux leur permettent de voir dans le noir complet. Prend garde à eux.
La jeune fille avait déjà vaguement entendu parler d'eux, mais ils ne sortaient jamais de leur cité souterraine Gorgoroth. Leur cruauté en faisait des créatures terrifiantes.
- La lumière d'Haldir peut détruire le pouvoir des forces obscures. Porter le message est ta mission, pas la mienne, jeune humaine. Nous nous aventurons rarement sur les terres des humains.
- Jeune humaine..., protesta-t-elle.
- Bien que je sois jeune aux yeux de mon peuple, à presque deux cent ans, tu es plus jeune encore.
Il l'embrassa sur le front, en un geste qui lui rappela Rhoese, alors qu'elle glissait vers l'oubli, elle crut l'entendre dire : Puisse la lumière d'Haldir éclairer ton chemin.
Camille se mit à dériver vers l'oubli et ne sut combien de temps elle dormit, elle dormit, et bien que son sommeil soit profond et réparateur, elle eut toujours conscience du chant des elfes. Ils veillaient sur elle et, ainsi rassurée, elle dormit paisiblement.
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