J’ai lu le manga “Moryô Kiden: la Légende des Nymphes” lors d’une nuit blanche… Ça m’a donné matière à réfléchir et j’ai eu l’idée d’écrire quelque chose par rapport à ça, pour changer un peux de mes chroniques…
Bien que vous risquez de ne pas comprendre certains mots ou expressions, vous pouvez lire cette courte one shot sans connaître la Légende des Nymphes, car elle raconte une histoire qui se déroule bien avant les faits contés dans le manga de Tamayo Akiyama.
Si vous faites attention, il n’y a aucun dialogue dans toute l’histoire… Il était difficile d’écrire de la sorte, mais je crois que rien ne pourrais montrer de façon plus claire le lien qui unit les deux héros de l’histoire…
Voici donc Moryô Kiden: Récit de Brouillard.
Une légère brise effleura le visage de Kurama, jeune griffu, chef des Onitengu… Il ouvrit paresseusement l’œuil droit, rouge comme le sang... Une silhouette se dessinait au dessus de lui, mais il du ouvrir l’autre œil, un œil bleu-gris, pour l’identifier…
Des yeux d’un bleu clair, aussi profonds que l’Abîme, étaient fixés sur lui. Kaï, fils de déesse, lui souriait…
Ce regard et ce sourire, Kurama les voyait tous les matins depuis bien longtemps… Si Kaï était la, c’est qu’il était temps de se lever, et c’est ce que fit, non sans peine, le griffu.
Dehors, l’air était frais, et, comme toujours, le brouillard recouvrait ces terres… Au loin, se dessinait, imposante, la silhouette du Pilier des Mondes. À cette heure matinale, le monde était plongé dans un silence presque total, uniquement perturbé par les pas des deux amis…
Kaï était de bonne humeur. Il était pressé d’aller dans la forêt, comme ils l’avaient prévu la veille. Kurama savait très bien que son compagnon adorait aller en forêt et, après tout, que pouvait-il ne pas savoir de lui? Il le connaissait tout aussi bien que le fils de déesse le connait lui…
L’air était humide et on pouvait sentir l’odeur de la moisissure. La forêt était belle et mystérieuse; toutes sortes de mousses et champignons poussaient sur les arbres géants, les rochers et le sol… Kaï et Kurama connaissaient déjà ces sentiers. Aujourd’hui, ils voulaient avancer plus loin; pénétrer dans les profondeurs les plus obscures de cet endroit et, peut être, en explorer le cœur… Ils avançaient d’un pas sur entre arbres et buissons, s’éloignant de plus en plus du chemin. Une fois arrivé auprès d’un vieux tronc d’arbre, Kaï, qui marchait à quelques pas devant son ami, se retourna, et sans un mot, attaqua ce dernier. Sa riposte fut fulgurante…comme toujours… Le combat dura quelques minutes à peine. Comme obéissant à un signal, les deux garçons ce sont arrêtés en même temps... Impossible de s’entraîner aujourd’hui; l’appel du cœur de la forêt était trop tentant!
Cette fois, ce fut le griffu aux yeux verrons qui prit la tête. Il était plus grand que son camarade, ce qui lui permettait de se frayer un passage plus facilement… C’est seulement après quelques bonnes heures de marche dans la forêt, à travers cet épais brouillard, qu’ils réussirent à arriver à la zone la plus éloignée de l’endroit où ils vivaient. La dernière fois, ils avaient visité les bois jusque la.
Devant eux, un profond ravin fendait la terre en deux… Ils devaient traverser; c’était le seul moyen d’accéder au cœur de la forêt…
La dernière fois qu’ils étaient venus, ils avaient préparé un pont en rondins de bois qu’il suffisait maintenant de glisser jusqu’à l’autre coté pour pouvoir passer… Cette opération leur pris bien quelques minutes... Il ne restait plus qu’à traverser!
Kurama s’est avancé le premier. D’un pas prudent, il finit par atteindre l’autre bout du pont. Il se retourna et fit signe de la main à Kaï, tout en lui souriant… Celui-ci, rassuré par son meilleur ami, entreprit la traversée à son tour. D’un naturel plus prudent que celui du chef des griffus, l’enfant divin mis plus de temps à passer de l’autre coté…
Kurama laissa un instant de repos à son compagnon, mais dès que celui-ci lui fit signe de la tête, ils se remirent en route… Plus ils avançaient, et plus la végétation était dense. Il devenait très dur de se faufiler entre les plantes sans se faire des écorchures, mais ce n’est pas ce qui allait arrêter les deux jeunes guerriers… Tout à coup, l’aîné des deux entendit son ami crier... Kaï était tombé dans un trou dans le sol! Au début, le griffu eut peur, mais l’expression amusée (mais quand même un peux endolorie et gênée) de son compagnon le soulagea… Il lui tendit la main pour l’aider à sortir du trou. Qu’est-ce qu’il pouvait être pataud ce Kaï, parfois! Mais il avait aussi de bonnes idées, comme celle de monter au plus haut d’un des arbres millénaires qui les entouraient afin d’observer les environs… Après avoir choisi l’arbre adéquat, les deux jeunes se regardèrent; le défi était lancé! Sautant de branche en branche, ils se faisaient la course pour arriver en haut. Comme à son habitude, ce fut le griffu qui gagna. Pour l’instant, il était encore le plus fort et le plus agile des deux, mais il savait qu’un jour ça allait changer…
Du haut de leur observatoire, les garçons pouvaient voir, à l’est, un arbre gigantesque, bien plus grand que tous ceux qui l’entouraient. Le chef des Onitengu le signala à son ami, qui lui répondit d’un hochement de tête.
En descendant de son poste d’observation, Kurama se blessa avec un morceau d’écorce qui dépassait du tronc rugueux de l’arbre. La blessure saignait beaucoup, chose embêtante en plein milieu d’une forêt, même pour un griffu! L’enfant divin remarqua tout de suite que son compagnon était blessé, et se dépêcha d’arracher un lambeau de sa tunique pour bander la plaie de celui-ci… Il était habitué à ça car, malgré son agilité, l’imprudence de Kurama lui jouait régulièrement des tours, et il était souvent blessé... Le chef des Onitengu se laissait toujours faire docilement; Kaï avait toute sa confiance… Une fois son “travail” fini, ce dernier releva la tête avec un sourire radieux. Ils pouvaient continuer.
En fin de matinée ils y sont enfin arrivés… L’arbre géant, le cœur de la forêt, était situé en contrebas, dans une belle clairière par laquelle passait une petite rivière scintillante…
Kaï courut en avant et regarda cet endroit magnifique, puis, il se retourna lançant un regard complice à Kurama, et se mit à courir vers le centre de la clairière. Suivant son ami dans son jeu, le griffu fit de même. Il commença à poursuivre son compagnon aux yeux bleus jusqu’à ce qu’ils tombent dans l’eau de la rivière tous les deux… Mouillés, les cheveux noir corbeau du chef des griffus brillaient malgré la pénombre qui régnait en ce monde à cause du brouillard. Ceux du fils de déesse, eux, était bleus comme ses yeux et paraissaient faits d’eau... Bien que la brume était pesante, les deux amis étaient heureux car chaqu’un suffisait largement au bonheur de l’autre et, isolés en ce lieu sauvage, ils était libres comme le vent, libres de jouer et de rire comme des enfants, qu’ils n’avaient jamais eu le temps d’être réellement… Si seulement cela pouvait durer éternellement!
Une fois sortis de l’eau, ils s’assirent sur un rocher pour se sécher un peux… Ils contemplaient la clairière en silence… Qu’est-ce que cet endroit serait beau, s’il était baigné de lumière! C’est alors que Kaï sorti la sorti; la flûte sacrée, Muhyô no Teki, un instrument divin au son magique... Il se mit à jouer… La musique, envoûtante, était à la fois triste et radieuse, nostalgique et joyeuse. Une musique que seul lui était capable de jouer, et que son complice pouvait écouter des heures et des heures durant, sans jamais s’en lasser. Mais ici, au bord de cette rivière, le son de la flûte, mêlé au chant de l’eau et du vent, était plus beau et plus accrocheur que jamais…
Ces deux guerriers redoutables qu’étaient Kaï et Kurama auraient préféré rester ici, à jouer et contempler la beauté de la nature, pour toujours, au lieu de devoir rentrer et accomplir les taches qui leurs étaient imposées…mais c’était impossible; ils devaient suivre leur destin, qui n’était pas celui de s’amuser dans des lieux oubliés de tous…
Avec tristesse, ils se levèrent et se mirent en route. Ils rentraient chez eux… Le chemin de retour leur paraissait long, si long… L’arbre-observatoire, le pont de rondins, le vieux tronc d’arbre mort, le chemin forestier… Ils revenaient en arrière, s’éloignant de leur nouveau paradis, comme retournant en arrière dans le temps. Une heure, deux, heures, trois heures… Cette merveilleuse journée n’était plus qu’un doux souvenir de plus dans cet univers si morne…
La nuit était déjà tombée quand les deux amis sont rentrés... Ils échangèrent un dernier regard avant de se séparer, et puis, chaqu’un parti chez lui…
Kurama, dans son lit, repensait nostalgique à ce qu’il avait vécu aujourd’hui tout en tentant de graver dans sa mémoire la musique joué par Kaï, qui fut, exceptionnellement, accompagnée par le murmure de la rivière et le souffle du vent… Demain, ils ne pourraient pas partir explorer de nouvelles terres; ils devaient s’entraîner et ils avaient du travail en retard. Le prix à payer pour une journée de repos! Le griffu était triste en pensant au retour à ses obligations. Peut être vaudrait-il mieux ne pas se réveiller demain?... Il y pensait sérieusement, mais une image lui a alors traversée l’esprit; le sourire radieux de son comparse, qui venait le réveiller chaque jour! Bah, pour Kaï, ce petit Soleil qui éclaircit le brouillard, pour revoir son sourire, ça valait bien la peine de se lever encore une fois… Ou peut être deux... Ou trois………..
Et voila, c’était le récit d’une journée comme tant d’autres dans la vie de Kaï, fils de la déesse Mikage, et Kurama, chef des Onitengu… Une journée importante pour Kaï et Kurama, et insignifiante pour le reste du monde… Une journée qui n’aura de la place que dans cette morne légende que deviendront les vies de ceux pour qui elle a comptée… Rien qu’une journée dans l’immensité infinie de la course du temps.................... |