« Hmmmmmmmmmmm… »
Eichi venait de se réveiller. Il se redressa doucement après avoir remué dans son lit puis bailla bruyamment. Il se frotta les yeux et se leva pour se diriger dans la salle de bain, là il se mit de l’eau sur le visage puis sortit de la pièce direction la cuisine pour préparer son petit déjeuner. Il était encore tellement endormit qu’il prit de la sauce tomate pour de la confiture de fraise, il prit ensuite une bouteille de lait, une cuillère, un bol, et tout ce qu’il faut d’autre pour satisfaire son appétit matinal. Il s’assit devant la table basse sur laquelle il avait l’habitude de manger, positionna son bol devant lui, prit la bouteille de lait et essaya de verser sa boisson du matin préférée. Mais rien n’en sortait.
« Putaiiiiiiiiiiin…. C’est quoi ça encoooore ?... »
Il se rendit vite compte qu’il avait oublié de dévisser le bouchon, ce qu’il fit lentement, par flemme ou fatigue. Il pouvait enfin se servir. Il sortit ensuite une tranche de brioche d’un sachet, l’aplatit à côté de son bol, prit la cuillère à soupe, le pot de « confiture » , dévissa le couvercle, y plongea la cuillère, puis étala le tout sur sa tranche de brioche qu’il plia ensuite en deux pour la fourrer plus facilement dans la bouche. Il la trempa légèrement dans le lait puis mordit la partie imbibée.
« … …. … … … … … … … … … … RAAH KUSO MAIS C’EST DEGUEULASSE !!! C’est quoi c’te merde !? »
Il ouvrit enfin entièrement les yeux et put constater son erreur. Il grogna puis alla ranger la sauce tomate et jeter sa pauvre tranche briochée. Il retourna à sa place avec cette tronche de dépité qu’il faisait si bien, jeta à un œil à son bol de lait. Par chance, il n’y avait pas de tomate. Il commença donc à boire son lait, puis s’arrêta net lorsque son regard tomba sur l’horloge numérique sur un meuble juste devant.
« RAAAAAH BORDEL DE MERDE !!! »
Chapitre 5
Il était 13h37, et Eichi avait prévue d’appeler Aiko vers 14h00. Comme à son habitude, il se levait à des heures plutôt tardives le Samedi. Il se dépêcha de terminer son petit déjeuner et de tout débarrasser pour pouvoir se préparer rapidement. Il passe à la salle de bain, prit une douche rapide et en ressortit même pas cinq minutes plus tard en jean noir et chaussette. Il chercha dans ses affaires une chemise noire à manche courte qui semblait quasi transparente au soleil, évidemment, s’il n’y a pas de support ou qu’elle n’est pas portée. Il l’enfila à la va vite, chercha sa paire de chaussures rouges, se chaussa, se parfuma légèrement, prit un peu de monnaie et son portable, il était enfin prêt. 13h56. Il s’apprêta à ouvrir la porte et à sortir, fit un premier tour de clé puis finalement se stoppa dans son élan. Il se demandait pourquoi tant d’empressement alors qu’ils n’avaient pas prévu l’heure de leur rendez-vous, Aiko et lui. « P’tain… faut qu’j’me caaalme !! ‘Fait chier… » Il acheva le second tour de clé puis sortit enfin de chez lui après avoir refermé la porte et verrouillé la serrure derrière lui.
Il arriva à Funabashi. Finalement, il n’avait pas encore appelé Aiko, il trouvait son agitation inutile et bête et se sentait naze d’avoir réagit comme il venait de le faire. Il leva les yeux au ciel, le temps était parfait : un ciel bleu voilé de peu de nuages, une température assez chaude et un vent léger et doux. Il s’assit sur un banc près de la sortie de la station de train, sortit son portable de sa poche puis chercha le numéro d’Aiko dans son répertoire. Il le trouva rapidement puis l’appela. Elle ne semblait pas répondre, la sonnerie d’attente retentit pendant un long moment, heureusement, elle finit par décrocher.
« Haaaaaaai Eichi-kun ? »
-H… Hai ! Ohayo.
-« Ohayo. Alors, notre… petit rendez-vous, qu’en est-il ? »
-Et bien, je t’appelais pour te dire que tu pouvais… commencer à y aller. Je t’attendrais à…
-« T’es en retard mon mignon ! » coupa-t-elle.
-Nani ?... »
Il sentit des mains se poser sur ses yeux. Il fut surpris sur le coup, mais un large sourire se dessina vite sur son visage.
« Qui c’eeeest ?
-Devine !
-Bakaaaaaaa !! »
Elle prit le cou d’Eichi entre ses bras, les joues du jeune homme virèrent tout de suite au rouge. Il sentait aussi sa poitrine contre son dos, et cette situation l’embarrassait plus qu’autre chose. Elle se penchait de plus en plus, et pour éviter de se retrouver recroquevillé sur lui-même il essaya de se dégager de son étreinte, mais au lieu de ça il bascula simplement en avant, entraînant avec lui Aiko. Ils se retrouvèrent à terre, l’une sur l’autre, les visages véritablement proches. Les joues d’Eichi rougissaient de plus en plus, les battements de son cœur accéléraient et devenaient de plus en plus forts, tellement forts qu’Aiko pouvait ressentir les palpitations. Ses joues prenaient elles aussi une teinte colorée, son cœur battait puissamment mais son rythme restait calme. Aucun d’eux n’osait prendre la parole, et Eichi se sentait de plus en plus mal. Aiko fut la première à réagir, elle se releva et arrangea ses habits.
« Ano… Gomen ne… Watashi… watashi wa… »
Elle lui tourna subitement le dos. « Bien, c’est par où ce jardin ? »
Eichi la regardait un instant, plus que surpris par son geste. Il commençait à se calmer, il se redressa puis regarda ailleurs, toujours aussi gêné. Il essaya de prendre la parole, mais aucun mot ne sortait de sa bouche. Il se ressaisit rapidement et se rapprocha d’Aiko, tout en gardant une certaine distance.
« Suis-moi… Ce n’est pas très loin, il faut juste marcher cinq minutes…
-Oki… »
Aiko avança la première, sans même savoir quelle direction prendre. Eichi eu un temps de réaction assez long, puis après avoir crié « Attends ! » il se hâta aux côtés d’Aiko. Celle-ci afficha un léger sourire, Eichi le remarqua et sourit à son tour. Ils continuèrent à marcher en silence, mais le sourire aux lèvres. Ce petit accident avait amusé Aiko, bien qu’elle paraisse gênée.
Le vent se mit à souffler, les quelques feuilles mortes du précédant hiver virevoltèrent et Eichi s’en prit une dans la face. Aiko explosa de rire en voyant cela, quant à Eichi, il afficha la même tête de dépité qu’il avait tiré plus tôt dans la matinée… entre 13h30… et plus de 14h00. Il attrapa un bout de la feuille, se tourna vers Aiko et la lui colla sur le visage. Elle s’arrêta subitement de rire, Eichi tenait sa revanche. Aiko s’apprêta à rendre le coup lorsqu’Eichi se prit un dizaine de feuilles. Elle éclata à nouveau de rire en voyant sa tête, finalement, Eichi se jeta sur elle et lui ébouriffa les cheveux. Fier de lui, il reprit son chemin, mais Aiko ne s’avouait pas vaincue et le prit en chasse. Ils coururent jusque dans le jardin public, Aiko ne s’en était pas encore rendue compte, mais lorsqu’il s’arrêta net devant un coin de verdure à l’abri du soleil et qu’elle le plaqua violemment au sol, elle remarqua qu’ils y étaient enfin. Ses amies lui avaient toujours parlé de ce jardin, avec ses fleurs et ses arbres, ses paysages qui semblaient irréels, ses doux parfums, et surtout son ambiance calme et paisible. Tout y était. Les cerisiers commençaient à fleurir et quelques uns de leurs pétales chutaient légèrement, les sentiers de terre restaient le plus souvent sous l’ombre des arbres qui les bordaient ; un peu plus loin, elle pouvait apercevoir un large coin d’eau dont la surface était couverte de nombreux nénuphars, les rives étaient décorées de fleurs et plantes de toute sorte et couleur, un court pont de bois rouge permettait de rejoindre la rive opposée sans avoir à faire le tour et d’avoir une vue d’ensemble du jardin. L’ambiance faisait qu’elle se croyait en pleine nature, les oiseaux chantaient et les feuilles qui se percutent à cause du vent créaient une certaine musique, seuls les paroles et les bruits de pas des autres personnes qui se promenaient autour d’eux et les voitures qui circulaient plus loin lui rappelaient qu’ils n’étaient que dans un parc public en pleine ville. La jeune femme se dégagea d’Eichi pour contempler cet endroit dont elle rêvait. Eichi la tira par la main et la fit s’assoir à côté de lui. Elle sentait bon, son parfum l’enivrait presque. Il regardait attentivement son visage qu’il trouvait magnifique et angélique, son regard parcourait ses formes, remontait au visage puis se perdait dans toute cette verdure qui les entourait. Il se sentait bien, avec elle, à l’endroit où ils se trouvaient tous les deux. Il pensa deux fois à engager une conversation, mais elle était si… émerveillée, qu’il n’osait pas l’interrompre dans son instant de bonheur. Il se contenta de l’admirer et de se répéter à quel point elle était belle.
Son cœur battait la chamade, ses joues rougies par le bonheur et la présence de cette jeune femme ne reprenaient pas leur teinte habituelle, il se sentait attiré. Il aurait voulu prendre sa main dans la sienne, qu’elle s’allonge à ses côtés et qu’elle pose sa tête sur son torse, qu’ils restent ainsi jusqu’à la fin de la journée. Son visage se fit moins calme tout à coup, de la tristesse semblait apparaître dans son regard.
Plus tard dans la soirée, Eichi était rentré chez lui. Ils avaient quitté Funabashi plusieurs heures après leur arrivée au jardin où ils avaient parlé de tout et n’importe quoi puis étaient rentrés ensemble. Ils se séparèrent devant le parc public de leur quartier après de brefs « au revoir » puis partirent dans deux directions opposées. Eichi dîna, passa à la salle de bain puis se coucha. Cette journée l’avait épuisé, bien qu’ils n’aient pas fait grand-chose à part parler et se taquiner un peu. Il repensait à leur premier accident, à son visage surpris et gêné qui n’était qu’à quelques centimètres du sien, à sa poitrine contre son torse, à ses yeux verts qui le charmaient…
Il songea aussi à ce qu’il avait pensé lorsqu’ils étaient arrivés au jardin public. Il ne voulait pas se faire de films et confondre une fois de plus ses sentiments avec d’autres qu’il ne ressentait peut être pas.
Aiko aussi repensait à cette journée, à leur corps à corps inattendu, et aux sentiments qu’elle éprouvait à son égard. Elle l’adorait, l’admirait. Il écoutait ce qu’elle avait à dire, l’amusait… lui plaisait. Elle repensait à la première fois qu’ils se sont rencontrés, la première fois qu’elle le vit. Un jeune homme mignon et charmant. Elle était triste et préoccupée, il fallait qu’elle oublie ses problèmes, elle fit donc le premier pas et se comporta ouvertement avec lui.
Elle pensait qu’ils allaient juste devenir et rester amis, mais elle se croyait amoureuse. Elle voulait rêver de lui et le revoir le lendemain, l’embêter gentiment et rire avec lui, prendre une heure pour lui dire au revoir et rougir en le regardant dans les yeux.
Eichi voulait la revoir également, mais il avait peur aussi. Peur de s’emballer et de commettre une erreur, car il voulait éperdument la prendre dans ses bras et la serrer fort contre lui. |