Tout le village s'était réuni sur la grande place. Face au danger que nous encourions depuis des mois, le maire avait décidé de prendre les choses en main. Il discourut une demi-heure sur la menace qui planait sur les habitants du village, plus particulièrement sur les enfants. Peut-être parce que lui-même venait d'avoir deux jumelles.
Il demanda que des volontaires pour enrayer ce Mal s'avancent. Je ne voulais pas courir le risque de ne plus revoir ma femme et mon fils, mais je me devais de les protéger à tout prix. Je m'avançais donc, comme cinq autres hommes à l'allure vigoureuse.
Nous fûmes vêtus de vestes et casquettes brunes et on nous confia à chacun un fusil et un couteau pour le cas où nous devrions nous défendre. Nous nous retrouvâmes tous les six à la sortie Sud du village à la tombée de la nuit, puis nous nous dirigeâmes vers le bois où la bête avait été récemment aperçue. Une fois sur place, nous allumâmes nos torches et la chasse commença.
Nous explorâmes les bois, tâtant chaque buisson, guettant la moindre tanière où le démon pouvait se terrer.
Nous tournions en rond depuis une heure déjà et pas la moindre trace de la bête. J'avais froid et sommeil, mais je ne pouvais pas rentrer : tout le village comptait sur moi, sur nous. Nous avancions lentement, la neige tombée durant l'après-midi nous gênait. Enfin, au détour d'un buisson, nous nous arretâmes : nous faisions face à un énorme trou, creusé entre les racines d'un grand arbre.
En un instant, un monstre menaçant en surgit, suivi de trois autres dont deux petits. L'homme à ma gauche prit son fusil et l'arma. Au même instant, la bête l'attaqua. Il lutta avec elle, la retenant grace à son arme, se sauvant des griffes qui tentaient de le lascérer. L'homme derrière moi nous alerta que l'autre loup s'enfuyait avec les petits, prenant la direction du village. Je sentais que je devais les arrêter avant qu'ils n'y arrivent et risquent de blesser un habitant, mais la proximité du gros mâle agressif, luttant avec mon compagnon à trois pas de moi, me paralysait de peur.
Un troisième homme prit son fusil et tira. Le fuyard s'effondra sur le sol enneigé. Le loup se jeta sur le tireur, ses yeux jaunes pleins de rage et de haine. Avec des réflexes incroyablement rapides, le premier chasseur prit son couteau et blessa gravement la bête au flanc. Son sang souillait la neige. Bien que blessé à mort, l'animal essaya de s'échapper, rampant en gémissant et en glapissant. J'avais de la peine pour lui, mais je ne pouvais m'empêcher de sourire à l'idée que ma famille et le village étaient maintenant en sécurité. L'adversaire cessa enfin de bouger.
Deux de nos compagnons voulurent abattre les louveteaux, restés aux côtés de leur mère, mais nous nous y opposâmes, leur proposant plutôt de revendre les peaux des parents à quelque couturier. Cela était certes barbare, mais nous ne voulions pas qu'ils soient morts pour rien. Nous ramenâmes donc les peaux et les petits au village où nous fûmes accueillis en héros. Les peaux furent vendues comme convenu, mais nous ne savions pas quoi faire des deux jeunes : ils ne pouvaient pas survivrent seuls dans la nature, mais nous ne pouvions pas non plus les garder et encore moins les relâcher, le risque était trop grand. Nous les confiâmes finalement à des dresseurs itinérants, espérant qu'ils seraient bien traités. C'était là la meilleure solution pour leur survie et pour la paix du village.
Vous tous aujourd'hui qui vivez en liberté, sans crainte d'être attaquez par un animal sauvage lorsque vous sortez de vos maisonnées, n'oubliez pas que tout ceci est grace à vos ancêtres qui sans cesse se demandaient : " Quel monde devons nous bâtir pour assurer la paix de nos enfants ? " |