« … hg ! Itai !… »
Il toussa et se courba de douleur tant ses côtes lui faisaient mal. Il sentait que sa tête était lourde tout comme ses paupières qu’il n’arrivait à ouvrir entièrement.
Lorsqu’il les eu entièrement ouvertes, il regarda le plafond au dessus de lui pendant un long moment, pour se remettre les idées en place.
« Je suis… à l’hosto ?... »
Chapitre 3
Au réveil, la femme endormie
Cela faisait déjà plus d’une heure que Kyo s’était réveillé, et il n’avait pas bougé depuis. Il gardait les yeux fixés sur ce plafond blanc de sa chambre d’hôpital. Cette ambiance et ce silence perpétuel le mettaient mal à l’aise, sa situation le déplaisait.
Il avait du mal à se rappeler des évènements précédents, et essayait de se remémorer la journée de la veille, mais seuls quelques flashs plus flous les uns que les autres lui revenaient à l’esprit et il avait du mal à situer ces fragments de souvenirs.
Et finalement, ce dont il se souvint en premier fut l’accident. La jeune femme au milieu de la route, le bus qui arrivait, et la pluie qui tombait à torrent.
Plusieurs minutes s’écoulèrent, ce qui intéressait le blessé à présent était de savoir l’heure qu’il était. Kyo décida donc de se redresser et de chercher un quelconque appareil qui puisse la lui indique. Il commença à se redresser malgré la douleur qu’il ressentait dans tout le corps mais s’arrêta lorsqu’il sentit un poids sur ses jambes. « C’est quoi ça ? » Il rouvrit les yeux qu’il avait fermés à cause de la douleur et remarqua que quelqu’un était à moitié allongé sur lui. Il fut plus que surpris quand il vit qu’il s’agissait d’une femme. « Hééééééééééé ? » Il se redressa rapidement pour voir qui c’était, et il le fit tellement vite qu’il cria de douleur une fois qu’il fut droit. Son réveilla subitement la jeune femme qui lui dormait dessus depuis un bon moment. Elle se releva en sursaut alertée par le cri du blessé, voulu reculer, et trébucha sur la chaise sur laquelle elle s’était assise.
« Itai !
-…
- Aïe aïe aïe… quelle maladroite…
-Ano… ça va ? demanda-t-il d’une petite voix.
-Hai, arigato… euh… et… et vous ?
-Euh voui, même si ça pourrait aller mieux… ~quelque peu dead~
-Sumimasen, c’est de ma faute si vous êtes dans cet état…
-Dites pas n’importe quoi ! Vraiment…
-Mais… ça fait déjà trois jours que vous êtes… enfin vous êtes restés inconscient pendant trois jours.
-Hé ? Trois jours ?
-Oui.
-… Kuso.
-Et euh… ano…
-… Hai ?
-Iie... Betsu ni… »
Kyo la regarda un instant, l’air perplexe. Puis il eu comme un déclic : ce visage lui était familier ; sans compter l’accident, il l’avait déjà vu quelque part. Il chercha dans sa mémoire mais n’arrivait pas à se rappeler ni l’endroit ni l’époque à laquelle il l’avait rencontré.
« Ano… comment… vous appelez-vous ?
-Ah ! Watashi wa Keitsu Hitomi.
-Keitsu… Hitomi? Ah ! Mais on se connait !
-Vous croyez ?
-Oui ! Vous êtes l’amie des sœurs Hatonaga n’est-ce pas ?
-Comment vous…
-J’étais dans le même collège que vous, dans la classe des Hatonaga.
-Euh… quel est votre nom ?
-Kurogane Kyo desu.
-Ah oui ! Je me souviens ! Mayû-chan me parlait souvent de vous.
-Je pense qu’on peut se tutoyer maintenant, non ?
-Euh… oui, vous… tu as raison. »
Il lui sourit d’une façon chaleureuse qui ne la laissa pas indifférente.
Pendant plus d’une heure, ils se racontèrent leur vie, parlaient de ce qu’ils devenaient, de leurs amis, se remémorèrent quelques souvenirs de l’unique année où ils se sont côtoyés.
Une infirmière finit par interrompre leur discussion : l’heure des visites était passée. Ils se dirent donc au revoir, s’échangèrent leurs numéros, et c’est d’un signe de la main qu’Hitomi s’en alla.
L’hôpital était presque vide, à défaut du personnel il n’y avait personne. Lorsqu’elle arriva à l’accueil situé devant la sortie, elle vit que la nuit était bel et bien tombée : il était plus de dix heures. « Si tard ?? Combien de temps est-ce que j’ai dormit avant qu’il ne se réveille ? » Elle se retourna et regarda une dernière fois l’établissement. Elle y passerait sûrement le lendemain.
Une semaine s’écoula depuis. Kyo pouvait enfin sortir de cet hôpital et rentrer chez lui. Seulement, lorsqu’il mit le pied dehors, il se souvint qu’il ne se trouvait pas à deux pas de chez lui : Funabashi était à plusieurs kilomètres de Tokyo. Il avait bien de l’argent pour le train, mais il ne savait pas du tout où était la gare. « Eh merde… j’suis paumé… » Il décida de demander son chemin à l’accueil derrière lui, et c’est à cet instant qu’une jeune femme en scooter s’arrêta devant lui. Elle était vêtue d’une tunique vert pomme et d’un jean bleu clair, et Kyo la regarda de haut en bas, en admiration. Elle lui tendit un casque en lui faisant signe de monter ; il hésita un instant puis finit par le mettre et la rejoindre sur son engin. Il s’accrochait à elle par la taille, et leurs corps étaient collés l’un à l’autre ; cette situation mettait Kyo mal à l’aise mais s’y fit au bout de quelques minutes. Elle redémarra, puis les voilà partis.
« Comment est-ce que…
-J’ai demandé à l’accueil quand tu sortirais hier soir avant de partir, répondit-elle. On dirait que je suis arrivée au bon moment, un peu plus et je te ratais.
-Hm… Où est-ce que tu m’emmène ?
-A la gare tiens ! Tu veux bien rentrer non ? Et puis tu ne connais pas le coin.
-Ee… »
Il resta silencieux pendant quelques secondes à réfléchir, et resserra un peu plus la taille de la jeune femme entre ses bras. Cette étreinte la surpris et la fit rougir. Elle allait lui demander s’il se sentait mal où autre mais il prit la parole en premier.
« Ca te dérange… si on mange ensemble avant que je ne reparte ?
-Bien sûr que non. »
« Merci d’avoir accepté cette « invitation ».
-Ce n’est rien, c’était un plaisir.
-Ah, il va falloir que j’y aille, dit-il en regardant son portable. J’ai un train dans dix minutes.
-D’accord, je t’accompagne jusqu’au quai.
-Merci, c’est gentil. »
Plus tard, Kyo s’apprêtait à monter dans le wagon du train qui le ramènerait à Tokyo. Le départ arrivait vite, il ne restait que les retardataires qui s’empressaient d’embarquer à temps.
« Bon… hé bien, à une prochaine fois, déclara Kyo. J’ai été ravi de te rencontrer de nouveau, même si j’aurais préféré que ça se passe dans d’autres circonstances.
-Oui c’est vrai. J’ai aussi été heureuse de te revoir. Au fait, dit-elle dans un léger sursaut, qu’est-ce que tu faisais à Funabashi ? Tu m’as seulement dit que tu habitais Tokyo lors de nos discutions.
-Hé bien… »
Son visage se fit soudain plus sombre. Ce pourquoi il était venu dans cette ville, il aurait voulu l’oublier dans l’accident.
« J’ai été invité chez une amie, ça faisait trois ans qu’on ne s’était pas vu.
-Et elle ne t’a pas ramené à la gare ?
-Non, je suis partit précipitamment.
-Oui mais tout de même ! Tu étais son invité, elle aurait au moins pu te raccompagner jusque là, tu ne connaissais pas la ville en plus !
-Mais non, ce n’est rien. Et puis, elle avait déjà quelqu’un…
-Cette tournure de phrase, pensa-t-elle. Kyo, tu… »
Puis une sirène retentit, l’heure du départ était arrivée. La porte se referma entre et Hitomi qui le regardait perplexe, le jeune homme lui adressa un simple sourire et lui faisait quelques signes de la main ; puis le train commença à partir. Hitomi suivait le wagon tant qu’elle le pouvait pour qu’elle puisse encore voir son ancien ami qui n’avait pas bougé et qui la suivait également du regard. Ils continuaient de se saluer d’un geste de la main. Elle s’arrêta dans sa marche alors qu’elle atteignait le bout du quai, mais continuait de fixer la fenêtre à laquelle Kyo s’était tenu jusqu’à qu’ils se perdent de vu. Elle resta là pendant quelques instants, à regarder ce train qui s’éloignait de plus en plus, puis ce ne fut que lorsqu’elle le perdit de vue qu’elle s’en alla.
Un portable sur un bureau sonna et se mit à vibrer ; la lumière de la chambre s’alluma à cet instant, Hitomi venait de sortir de la salle de bain. Elle était encore enroulée dans une serviette qui lui couvrait la moitié du corps, les cheveux humides, et quelques mèches qui lui tombaient doucement sur le visage et les épaules. Elle récupéra son appareil de sa main libre et regarda de quoi il s’agissait. Elle fut surprise mais aussi ravie lorsqu’elle vit qu’elle venait de recevoir un message de Kyo.
Elle le lit alors sans plus attendre.
« Konbanwa ! Je voulais encore te remercier pour être restée avec moi pendant tout ce temps. J’espère qu’on se reverra bientôt, d’ici là porte toi bien. Jâ ne to oyasuminasai. »
Elle se découvrit et posa son téléphone sur son lit pour se changer. Elle enfila alors une robe de nuit verte pomme et légère avec quelques dentelles, puis elle finit de se sécher les cheveux avant de se coucher. Elle posa sa serviette sur le dossier de la chaise devant le bureau, juste à côté de son lit, puis s’enfouit sous sa couverture.
Elle garda son portable dans sa main un moment, le sourire aux lèvres, pensant aux jours à venir avec enthousiasme. |