« Atchiii !!
-Ah ! Tu t’es enrhumé ?
-Viii… répondit doucement Eichi.
-Bah moi aussi, ajouta Naoki.
-Je l’avais dit que c’était pas une bonne idée de faire un basket par ce temps, dit Setsuya.
-Ouais, mais on l’avait prévu depuis un moment déjà.
-Et ce n’était pas la première fois qu’on jouait sous la flotte, reprit Eichi.
-Ouais. Bah résultat : on a deux malades !
-Yare yare… »
Makoto avala son dernier sushi. Il déclara : « Merci pour le repas. », et les trois autres suivirent. Ils rangèrent alors leurs bentô dans leurs sacs, et c’est là que Makoto se leva soudainement pour une nouvelle fois faire une déclaration :
« Bon ! Et si on allait sur le toit avant que les cours ne reprennent ? »
« Yeaaaaaaaaaah !! L’air frais du milieu de journée combinée à ce temps qui se découvre de nuages, c’est géniaaaaaal ! J’aime, j’aime, j’aime !! Que les cieux nous baignent dans une pluie de joiiiieee !»
Eichi déboula en premier sur le toit en défonçant littéralement la porte qui y menait. Il sautillait gaiement, balançait ses bras de l’avant à l’arrière, le visage enfantin, jusqu’à qu’il se rende compte qu’un groupe de filles se tenait tout près de la porte. Les regards des quatre personnages se croisèrent dans un silence pesant, une ambiance confuse ; les trois lycéennes qui finissaient de manger le fixèrent d’un air perplexe les baguettes dans la bouche, et Eichi, figé dans une pose extravagante, regardait la porte grande ouverte à côté du groupe des jeunes femmes et par laquelle passaient Naoki, Setsuya et Makoto.
« Putain la merde !! »
Chapitre 10
Tomoyo
La sonnerie annonçant la fin des cours pour la classe A-3 retentit et tous les élèves quittèrent la salle à tour de rôle. Eichi se trouvait avec Makoto, ils s’apprêtaient à prendre la moto du second alors que Setsuya et Naoki rentraient en bus. Au moment de mettre leur casque, Eichi bouscula une jeune lycéenne.
« Sumimasen !
-Iie. Même si ce n’est que la deuxième fois, j’en ai prit l’habitude, dit-elle en souriant.
-Ah ! Tomoyo, gomen.
-Mais non, ce n’est pas la peine. »
Elle lui sourit à nouveau. Elle resta là à l’admirer, à regarder ses yeux et chaque trait de son visage. Puis le regard des deux lycéens se croisa un instant, c’est alors qu’une sorte d’alchimie se créa entre eux deux. Un léger coup de vent vint soulever ce sentiment si mystérieux qui s’emparait peu à peu du cœur de la jeune brune. Inévitablement, ses joues se teintèrent d’un faible rouge et les battements de son cœur s’intensifiaient.
Mal à l’aise, elle détourna son regard puis alla soudainement rejoindre Miyuki qui l’attendait près de l’entrée du lycée. Lorsqu’elle l’eu rejointe, elle se retourna pour saluer Eichi et Makoto d’un geste de la main. Les deux amies s’en allèrent aussitôt.
« Tu as l’air de beaucoup l’apprécier ce gars là.
-Oui. Il est sympa, gentil, et drôle aussi. C’est le genre de garçon avec qui je m’entends bien.
-A mon avis ce n’est plus de la bonne entente, c’est carrément autre chose, déclara Miyuki avec un sourire narquois.
-Qu… qu’est-ce que tu insinue !?
-Iiiiiie ! Nan demo nai ! »
Alors qu’elles arrivaient au niveau d’un croisement entre deux rues, la jeune Miyuki coupa soudainement la route à son amie. « On se sépare ici ma petite, à demain. » Puis elle partit dans la rue adjacente à celle qu’elles empruntaient. Elle ne fit que quelques pas avant de s’arrêter et de se retourner vers son amie pour lui faire un signe de la main ; Tomoyo lui répondit de la même façon, et c’est ainsi qu’elles se séparèrent avant de rentrer chez elles.
Plus de deux semaines s’écoulèrent. Saki et Akane attendaient la petite sœur de la première à la sortie de son lycéen, à la fin des cours du vendredi, pour un simple « coucou ». A l’instant où elles l’aperçurent, Saki l’interpela en faisant d’amples gestes du bras ; les trois jeunes femmes se regroupèrent rapidement. Alors que les deux sœurs discutaient après s’être saluées, la plus jeune remarqua Eichi qui s’en allait, seul. Elle hésita un instant, puis se tournant vers sa sœur ainée : « Ano… je reviens…» Et alors qu’elle s’apprêtait à le rejoindre, une autre étudiante l’avait déjà abordé. Cela la stoppa net dans son élan. Elle baissa la tête, puis se retourna vers sa sœur et son amie. Saki se doutait de ce qui n’allait pas, mais elle préféra ne pas aborder le sujet.
La nuit était tombée depuis déjà plusieurs heures, et Tomoyo ne parvenait pas à s’endormir. Elle se redressa et s’assit au bord de son lit, posa ses mains sur son visage et lâcha inconsciemment un long soupire. Elle resta ainsi, immobile la tête entre ses chaudes mains, pendant quelque temps. Elle ne cessait de penser à cette fois où elle hésita à aborder Eichi, plus d’une semaine plus tôt. Au bout d’une demi-heure, elle se leva et sortit de sa chambre. Elle referma la porte discrètement derrière elle, longea le couloir et s’arrêta devant la chambre de sa sœur ainée. Elle remarqua que la lumière était encore allumée malgré l’heure qu’il était. Elle hésita un peu, puis finit par frapper trois coups à la porte. « Comme je la connais, elle a très bien pu s’endormir en lisant un yaoi… », Pensa-t-elle. La porte s’ouvrit alors, et Saki apparut en chemise de nuit, toute éveillée.
« Haaa, Tomoyo-chan ! Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle d’un ton enthousiaste.
-Ano… je n’arrive pas à dormir… je peux rester un instant avec toi ?
-Hai, mochiron ! Dômo. »
Tomoyo entra lentement et alla s’assoir sur le lit de sa sœur, Saki quant à elle se mit à cheval sur la chaise de son bureau.
« Ano, Saki-nee-chan… en fait…
-YATAAAAAAAA !!! Ma petite sœur qui vient me parler de ses problèmes de cœur, subarashi desu neeeeeeeeeeeee !! C’est comme dans les dramas et les animes ! Haaaaaaan haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan !! ~à fond dans son trip~
-Ano…. ~comprend pas le trip de sa frangine~
-Hihi, gomen ne. Mais ça me fait plaisir que tu viennes m’en parler.
-Mais comment tu sais…?
-C’est pas évident ? Je suis ta sœur non ? Ca se devine facilement !
-Ha… hai, de ce point de vue…
-Hihi. Bon allez, raconte moi ce qui ne va pas.
-Ano… en fait, je crois que… Eichi… je crois… que je suis amoureuse. Je n’arrête pas de penser à lui, et quand je le vois ou que je suis proche de lui j’ai le cœur qui s’emballe et je suis male à l’aise. Mais, lui… enfin, je crois que ce n’est pas réciproque… Il me voit sans doute comme une amie, rien de plus…
-Sokka. Hmmm… tu veux que je t’aide à le séduire ?
-Hé ?
-T’inquiète ! Avec moi tu ne crains rien ! Je t’explique comment tu vas faire : tu prends son numéro, tu lui donne rendez-vous la nuit dans un parc et t’y vas en tenue coquine !
-Hééééé ?
-Là il ne pourra pas résister ! Alors il te sautera dessus, il te plaquera au sol et il t’embrassera !!!
-Oneeeee-chan ! Tu dis n’importe quoi !
-C’est pourtant une bonne technique à mettre en pratique (=w=). Je l’ai essayé un jour sur mon petit copain, et ça avait bien fonctionné ! Bon, évidemment ce n’était pas dans un parc mais chez lui. Heureusement qu’il n’y avait pas ses parents sinon on aurait eu quelques problèmes : apparemment j’avais fait trop de bruit….
-Onee-chaaaaaaan !!
-Héhé, c’est bon je plaisante ! » Puis reprenant son calme, « Enfin, plus sérieusement, tu es sûre qu’il ne partage pas tes sentiments ?
-Hai… je… je ne représente rien pour lui. Je suis juste une amie… Je crois même qu’il en aime une autre… des fois je le vois en train de parler à une fille de la classe, lorsqu’il n’est pas avec ses amis, et il réagit avec elle comme moi je réagis avec lui…
-Yare yare. Cette situation me rappelle mes années de lycée. Ecoute-moi bien : déjà, ne pars pas en tant que perdante. Si tu crois qu’il en aime une autre, la seule chose qu’il te reste à faire est de prendre son cœur petit à petit, mais pas trop lentement non plus ! Pour ça, tu dois te rapprocher de lui sans que ce soit trop brusque. Vas le voir à ses heures perdues, parle avec lui, mange avec lui, vas en ville avec lui… même si au début ce n’est qu’en tant qu’amis, le temps fera les choses et il finira par ressentir plus que de l’amitié.
-Oui mais…
-Pas de mais ! Même si tu n’arrive pas à l’aborder comme je te l’ai dit, fais autrement, il y a toujours des solutions aux problèmes qui se dressent devant nous !
-Hai…
-Et surtout, ais confiance en toi ma puce. C’est la chose la plus importante. Si tu ne crois pas en toi, tu ne pourras pas y arriver, donc ais confiance !
-Wakata… »
Un large sourire se dessina sur le visage de Saki. Elle quitta sa chaise pour s’assoir au près de sa jeune sœur et la prendre dans ses bras et l’enlacer chaleureusement.
Tomoyo retourna dans sa chambre peu de temps après. Elle se coucha tout de suite après avoir refermé la porte et éteint la lumière, et pu s’endormir sans mal, enroulée dans sa couette. Sa sœur ainée resta pensive un instant, puis prise par la fatigue, décida de se coucher elle aussi. Elle éteignit la lampe de chevet, puis s’endormit peu après.
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