Sous les fondations de l’ancien manoir de la Shinra, Sephiroth passait en revue tous les livres qui lui tombaient sous la main. Depuis qu’il avait lu le rapport sur les deux spécimens qui avaient tenté de détruire Hojo, il voulait à tout prix en savoir plus sur ces créatures qui avaient réagi comme lui.
Il ne savait toujours pas où elles avaient été cachées mais il espérait qu’un des rapports le mentionnerait. Assis au bureau, il était une fois de plus plongé dans un document louant les propriétés des cellules de sa chère mère, Jenova.
Tout à coup, un livre tomba d’une étagère et s’ouvrit directement sur une page. Etonné, il se leva et le ramassa intrigué de savoir quel était cette feuille qui le narguait. Il reconnut l’écriture légère de l’assistant du savant fou et en commença la lecture.
« Ces deux créatures sont de toute beauté, je ne comprends vraiment pas ce que le professeur leur reproche. Elles arrivent à emmagasiner à la perfection les cellules de Jenova et les pouvoirs quelles contiennent, c’est absolument fantastique ! Bon elles ont un peu détruit le laboratoire mais ça je m’en fou c’est pas moi qui paye les dégâts ; il a fallu que je créé un objet qui puisse contenir leurs pouvoirs mais je n’ai pas eu le temps de le tester avant qu’elles ne soient enfermées après avoir une encore une fois bousillé tout le laboratoire ! Tant pis, je vais le garder au cas où… En tout cas j’ai eu du mal à refermer la cachette de la première fille, ce mur était d’un chiant à reconstruire… Oups, il ne faudrait pas que je donne des indices pour les retrouver… ce serait tellement dommage si elles se réveillaient et cherchaient à nuire à leur créateur… »
Sephiroth referma le livre et resta songeur, à quoi jouait cet assistant en donnant de tel indices au sujet de leur cachette ? Voulait-il réellement les revoir en liberté ? Ou bien cherchait-il tout simplement à s’amuser en voulant provoquer leur réveil ? Il relut un des passages : «…, ce mur était d’un chiant à reconstruire… ». Un pan de mur… correspondait-il au premier lieu ou au second ?
Son agacement s’accrut lorsqu’il vit une petite note en bas de page :
« Alors qui sera le premier à découvrir où je les ais cachées ? Si t’es encore en train de lire, c’est que tu ne le sais pas. Oh, quel dommage ! »
L’ex SOLDAT n’avait guère d’humour et, énervé par cette provocation, il jeta avec force le livre contre le mur derrière lui. Un faible bruit lui parvint alors. Comme si une des briques avait bougé faiblement, éveillant fortement la curiosité de l’homme aux cheveux d’argent. Comment cela se faisait-il que le mur ait bougé simplement avec le faible impact d’un livre contre sa surface ?
Il s’approcha du pan de mur et remarqua qu’une des briques était légèrement sortie de son axe. Intrigué, Sephiroth l’enleva dans un petit raclement de pierre sonore. Il examina la pierre sous toutes ses coutures mais n’y trouve rien d’étrange, il allait la remettre en place quant il vit une étrange lueur briller derrière la pierre manquante. Il en enleva deux autres pour mieux distinguer de quoi il s’agissait et crut reconnaître l’éclat d’un cristal de Mako, cependant les proportions étaient trop importantes pour qu’il s’agisse d’une simple matéria.
Sa curiosité augmenta d’autant plus et il se pressa de dégager une ouverture plus grande. Il déplaça une autre pierre et s’arrêta, figé devant la vision qui s’offrait à lui. Un mince sourire étira ses lèvres.
« Je t’ai enfin trouvé… » laissa-t-il échapper en contemplant sa trouvaille.
Cachée derrière les bibliothèques, dormait dans un cristal de Mako une jeune fille dont les longs cheveux châtains tombaient en deux mèches sur son visage et lui dissimulaient sa blanche poitrine. Les yeux clos, une expression dure était peinte sur son faciès endormi. La position de son corps laissait à penser qu’elle avait été prisonnière avant d’être ainsi cryogénisée, à moins qu’elle ne fût stoppée avant de lancer une dangereuse attaque… Le bas du mur qui n’avait pas été détruit dissimulait la nudité du reste de son corps. L’élite du SOLDAT la contemplait en restant sans voix :
« Voici donc l’une des expériences mentionnée dans les rapports. ET bien, il est temps pour toi de sortir de ta torpeur ! » psalmodia-t-il en caressant la paroi aussi transparente que du verre.
D’un geste vif il dégaina sa Masamune et l’abattit d’un coup sec sur la prison de l’inconnu, détruisant par la même occasion le reste du mur. Le cocon semblable à du cristal se scinda en deux, une multitude de particules scintillantes s’en échappa alors que le corps de la jeune fille basculait en avant. Sephiroth la rattrapa contre lui et regarda passer une sorte de petit nuage phosphorescent de couleur azur tirant sur le blanc immaculé ressemblant fort à une étoile filante.
« La Rivière de la Vie, voilà donc ce qui a dû l’empêcher de vieillir et la maintenue vivante… » constata-t-il en sentant les faibles battements de cœur de la fille contre lui.
Il ôta son long manteau de cuir et cacha la nudité de l’inconnue avec. Les dernières volutes lumineuses qui virevoltaient s’infiltrèrent dans le corps de cette dernière qui récupéra une respiration normale.
« Voilà qui est étrange, fit Sephiroth en observant le phénomène, à quoi peut bien te servir la Rivière de la Vie ? Serait-ce une forme de régénération ? Je suis des plus intrigué… »
Il souleva avec aisance le corps de la jeune fille et se dirigea vers le passage remontant à la surface en parlant tout haut pour lui-même.
« Très intéressant, si tu es aussi puissante que ce qui est marqué dans ces documents j’ai hâte de te voir à l’œuvre. Oui, j’anéantirais ainsi les êtres qui foulent cette planète et bâtirait un nouveau monde… Et tu vas m’y aider… »
Si Hojo avait enfermé cette fille ce n’était probablement pas pour rien et il avait soif de constater par lui-même l’étendue des pouvoirs que ce scientifique avait entravés…
« Professeur ça y est je l’ai récupéréééééééééééééééé ! Ah je suis trop doué, sérieux vous seriez rien sans moi ! » s’écria Georges en brandissant un logiciel.
« Qu’est-ce que tu peux être bruyant ! Donne-le-moi au lieu de tergiverser !! » râla Hojo en arrêtant l’une de ses recherche.
Sans attendre que son assistant daigne le lui donner, il lui arracha des mains et l’introduisit dans le lecteur de disques. Des tonnes de formules et d’équations défilèrent devant ses yeux et un sourire mesquin apparu sur ses lèvres.
Bip bip bip ! « Ah ? Qu’est-ce qui s’passe ? » demanda Georges en se dirigeant vers un des ordinateurs dans un coin de la pièce.
Il trifouilla dans la base de données pour voir ce qui clochait dans le système. Il parcourut les données et s’exclama d’une voix à mi chemin entre l’embêtement et la joie :
« Ah merde alors ! Quelqu’un vient de retrouver une de nos anciennes expériences !! »
Hojo releva la tête et vint regarder l’écran à son tour, en quelques clics Georges lui montra que l’un des capteurs des machines venait d’être détruit.
« C’est celle qu’on avait mis dans la grotte… Je me demande bien qui et comment quelqu’un a réussi à la trouver... »
« Voilà une désagréable surprise… qui ne pouvait pas tomber mieux… Hinhinhin, c’est l’occasion rêvée pour tester mes nouveaux jouets ! » ricana le savant fou un éclair mauvais passant dans les yeux.
« Hein ?! Mais… Vous voulez les envoyer… ?! Mais la différence de puissance entre ces expériences est énorme ! Qui plus est que l’une d’elles n’a pas été modifiée depuis des années ! » fit remarquer le jeune homme aux reflets roux.
« Et alors ?! Si ils peuvent me débarrasser de cet être hybride et raté je serais tranquille ! J’aurais déjà dû les éliminer depuis bien longtemps… »
L’assistant fixait son mentor sans réellement comprendre ses motivations.
Bip bip bip. « Encore ? Qu’est-ce qui s’passe maintenant ?! Ce serait… »
« Oui, l’autre cobaye vient apparemment d’être retrouvé lui aussi. Hinhinhin comme ça je pourrais supprimer les deux en même temps ! »
« Euh ouais… mais elles sont pas encore opérationnelles… Surtout la numéro trois qui est très instable, laissez-moi une semaine le temps que je lance le programme pour qu’on puisse avoir une sécurité au cas où… » exposa-t-il en tapant une série de chiffres sur le clavier.
« Hm, une semaine c’est trop long ! Débrouilles-toi pour faire ça en trois jours maximum, je ne peux pas prendre de risques… »
« TROIS JOURS ?!! Mais je vais dormir quand moi ?! »
« Quand je le déciderais ! Enclenche le processus de réveil de qui tu sais, il nous sera plus qu’utile si les sous fifres échouent… »
« Le…… Mais il a pété un câble ! pensa-t-il en manquant de s’étrangler avec l’ordre que le professeur venait de lui donner. Personne ne peut le contrôler ! Il est presque pire que les deux autres expériences réunies ! »
Même s’il trouvait que ce n’était que pure folie, il entama quand même le réveil d’un des cobayes les plus puissants qu’il ait jamais modifié…
« Du bruit……. J’entends du bruit……. Quelqu’un qui marche… Quelqu’un me…tiens…. Ah…. Il s’en va……. M’aurait-on réveillé… ? Me lever……. Je dois me lever…… pas la force…….. »
Le néant, elle sombra dans un semi coma en attendant d’avoir assez de forces pour pouvoir s’éveiller seule.
Ploc. « Tiens……. Qu’est-ce que c’est….. ? »
Ploc. « J’entends…….. quelque chose qui tombe… »
Plic. « Ah…… c’est froid….. et humide… »
Elle ouvrit faiblement les yeux, tout était flou. Elle tendit la main dans le vide mais vit une tâche aux contours indistincts à la place. Sa vue se rétablit peu à peu et elle put distinguer où elle se trouvait.
La pièce où elle reposait était assez en désordre et d’apparence ancienne et désordonnée. Des cartons trainaient dans un coin, abandonnés. Le mobilier semblait vieux, notamment le lit à baldaquins rongé par le temps et les parasites dans lequel elle se trouvait. Une épaisse couche de poussière recouvrait toute surface et les toiles d’araignées étaient légion !
Ploc, encore ce bruit ! Elle se redressa et remarqua la vitre cassée derrière la tête du lit. Dehors un déluge délavait la terre, un éclair zébrait le ciel par moment mais le tonnerre grondait faiblement. Une goutte d’eau vint s’écraser sur son visage, c’était donc ça qui l’avait tiré de sa somnolence ! Un courant d’air la fit frissonner, elle se rendit alors compte qu’elle ne portait aucun vêtement hormis un long manteau de cuir noir placé sur ses épaules. A qui appartenait-il ?
Elle tenta de se lever mais la tête lui tourna et elle dû se rassoir le temps que cela passe. Elle regarda une nouvelle fois ses mains et les fixa comme si c’était la première fois qu’elle les voyait. Elle avait de longs doigts fins qui tremblaient sans qu’elle ne sache pourquoi. Elle serra puis desserra ses poings pour refaire fonctionner sa circulation sanguine dans les vaisseaux de ses mains avant de poser sa main droite sur son cœur comme pour vérifier qu’il battait bien.
Des bruits de pas résonnèrent dans l’escalier menant à la chambre où elle se trouvait. Qui était-ce ? Paniquée, elle ramassa un morceau de verre pour se défendre en cas d’une mauvaise rencontre. Agrippant le manteau pour cacher sa nudité, la jeune fille alla se cacher derrière la porte et attendit que le visiteur l’ouvre, ce qui arriva assez vite. La porte s’ouvrit dans un grincement sinistre et un homme à la longue chevelure argent apparu dans l’encadrement. Il balaya la pièce du regard et s’attarda sur le lit vide.
« Tiens, où est-elle passée ? »
La réponse ne se fit pas attendre, la jeune fille sortie de sa cachette et menaça l’inconnu avec son arme improvisée en la lui mettant sous la gorge.
« Et bien, tu es impulsive dis donc, remarqua-t-il sans se retourner. Tu penses vraiment me tuer avec ce bout de verre ? »
« Qui es-tu ? Qu’est-ce que je fais ici ? Et où sommes-nous ? » le questionna-t-elle d’une voix qui n’avait pas émit de son depuis des années.
« Si tu veux des réponses, à quoi ça te sert de vouloir me tuer… ? »
« Je prends mes précautions, réponds à mes questions !! » ordonna-t-elle en appuyant la lame sur la gorge de l’homme inconnu.
« Tss, je n’ai pas l’habitude de répondre sous la menace ! » rétorqua-t-il sans esquisser le moindre mouvement.
« Et moi de laisser mes proies en vie très longtemps. C’est ta dernière chance avant que je ne te tranche la gorge, réponds-moi !! »
Un petit rire lui échappa :
« Hm quel caractère ! Mais ta force de persuasion n’est pas suffisante pour que je réponde... . »
« Alors meurs !! »
Elle amorça le mouvement pour l’égorger mais il se retourna à une vitesse surprenante. N’ayant pas récupéré toutes ses facultés et sa force elle ne put l’esquiver et lui saisit le poignet, l’empêchant d’effectuer la moindre attaque. Les yeux turquoise de l’homme aux cheveux argentés rencontrèrent ceux emplis de haine de la jeune fille dont la couleur était identique aux siens.
« Oh oh aurais-tu été exposée à de la Mako pour avoir des pupilles de cette couleur ? » demanda-t-il d’une voix calme et grave.
« Ghh lâche-moi ! Je t’interdis de me toucher ! » vociféra la jeune fille en tentant de se dégager.
La poigne de l’homme aux cheveux couleur lune se resserra un peu plus sur le poignet de la jeune fille qui fit tomber la seule arme qu’elle possédait. Son regard la fixa longuement comme s’il pouvait sonder son esprit, il glissa vers le large décolleté qu’offrait son propre manteau sur les épaules de cette créature d’apparence frêle et chétive malgré la rage qui bouillonnait en elle. Il oublia cependant qu’il ne tenait qu’un des deux poignets de cette dernière et une gifle monumentale vint s’abattre sur sa joue dans un claquement sonore.
« Détourne le regard ! Tu n’es pas autorisé à me reluquer sale pervers ! ! »
Il encaissa le coup sans broncher et replongea son regard bleuté dans celui de la jeune fille. Il saisit de sa main libre l’autre poignet de cette dernière et la plaqua violemment contre le mur.
« Tu es en bien mauvaise posture pour me donner des ordres ! Ici c’est moi qui pose les questions, je sais déjà beaucoup de choses sur toi mais certains détails restent dans l’ombre… Qui es-tu ? Pourquoi Hojo t’a-t-il prise pour cobaye ? Quelles expériences a-t-il fait ? » demanda-t-il en serrant avec force les poignets de la malheureuse aux cheveux châtains.
Elle grimaça, ses poignets lui faisaient mal… et cet homme posait trop de questions, des questions auxquelles elle ne pouvait pas répondre.
« Je….. j’en sais rien, lâche-moi : Je ne te dois rien ! »
Elle eut beau se démener, la poigne de fer ne la laissait pas s’en aller.
« Oh que si tu me dois beaucoup, c’est grâce à moi si tu es sortie de ton caisson de Mako et j’ai eu l’extrême galanterie de couvrir ta nudité alors réponds-moi, qu’a fait Hojo ?! »
« Ho……jo ? »
Un déclic se fit à l’évocation de ce nom, elle revit quelques flash de sa vie passée où un homme en blouse blanche s’amusait à modifier ses cellules et faire absorber à son corps des sphères colorées. Des mots lui revinrent alors en mémoire : expérience, ratée, puissance, inutilisable, détruire, tuer, éliminer…
« Non, noooooooooon je ne suis pas une expérience !!! » hurla-t-elle en cherchant à se libérer.
Elle asséna un coup de genou dans l’estomac de son agresseur qui se plia en deux sous l’impact. La jeune fille en profita pour s’échapper et couru en direction de l’escalier. Elle entra en trombe dans une autre pièce : un cul de sac, elle était piégée ! Les pas de l’homme se rapprochaient, paniquée elle recula et se retrouva dos à une cheminée de pierre. De nouvelles images affluèrent : un laboratoire, une lumière aveuglante, une fille allongée sur une autre table à côté d’elle, l’homme à la blouse blanche un scalpel à la main… C’était plus qu’elle ne pouvait en supporter, elle se recroquevilla dans un coin de la pièce. Elle voulait oublier……..juste oublier…
« Je ne suis pas une expérience……. Je ne suis pas ratée….. Je ne suis pas une expérience… » répétait-elle comme pour s’en convaincre.
Elle entendit l’étranger pénétrer dans la pièce mais elle était trop perturbée pour tenter de fuir qui que ce soit.
« Je ne suis pas une expérience… » continuait-elle à psalmodier en tremblotant.
« Si… nous sommes tous des expériences en ce monde. Nous avons été créés dans un but précis et nous avons des choses à accomplir ! » lui dit-il en se rapprochant.
« Cré…… créé ? J’ai été…….. Créée ? »
Elle fixa de nouveau ses mains comme si c’était la première fois qu’elle les avait à portée d’yeux.
« Oui… tu as été créée, créée et modifiée par celui qui se nomme Hojo et qui se débarrasse de ses expériences quand elles ne lui conviennent plus ! » fit-il avec une pointe de rage dans la voix.
« Hojo….. Hojo m’a modifié….. Oui, lui….je me rappelle……. Le laboratoire……..les sphères de couleur…..la douleur... .. Il doit payer….oui, je vais lui faire comprendre ce que j’ai enduré. Je vais le tuer….. Le tuer lentement pour qu’il souffre comment j’ai souffert durant tout ce temps… »
Dans la pénombre de la pièce, l’ancien SOLDAT esquissa un sourire. Tout se déroulait comme il l’avait prévu, elle venait inconsciemment de rejoindre sa cause. A eux deux ils rayeront la race humaine de cette planète et réintègreraient la race des Anciens !
« Tous….. Je les tuerais tous… »
La mentalité et l’envie de destruction de cette fille lui plaisait. Il l’aida à se relever.
« Viens… Réduisons à néant ce monde Explorons l’univers en utilisant cette planète pour vaisseau… »
La jeune fille se leva et examina pour la première fois son sauveur, il était grand avec de longs cheveux d’argent qui lui tombaient en deux mèches sur le visage alors que le reste de sa chevelure lui arrivait en bas du dos. L’absence d’un quelconque T-shirt lui laissait penser que son manteau lui servait de vêtement, un pantalon de cuir noir et des cuissardes de la même matière venaient compléter sa tenue.
Le regard de cet homme trahissait une haine incommensurable pour l’humanité toute entière et plus particulièrement envers ce Hojo, l’avait-il pris pour cobaye lui aussi ? Il se dirigea vers la cheminée et quand il en toucha la paroi, le mur pivota et laissa apparaître un passage dérobé.
« Suis-moi, je vais te montrer quelque chose. » lui dit-il en l’invitant à le suivre.
Méfiante, elle hésita puis lui emboîta tout de même le pas. Ils se perdirent alors dans l’immensité des ténèbres qui les engloutirent dans les tréfonds du manoir…
« Tadaaaaaa, regardez qui voilà !! » s’écria Yuffie en s’écartant de la porte.
Le reste du groupe regarda dans sa direction, ils virent alors entrer la jeune fille des glaces vêtues de la cape de Vincent.
« …………………c’est à moi ça. » fit-il en la reconnaissant.
« Ah oui, désolé Vincent mais euh……elle a découpé ta cape pour s’en faire une à sa taille…. Désolée, je n’ai pas réussi à l’en empêcher. » s’excusa Yuffie pour expliquer le geste de la nouvelle venue.
La cape pourpre servait en partie à cacher les bandages qui lui enserraient le torse et qui descendaient sur son bras gauche. Un pantalon noir bouffant retenu par deux ceintures d’un rouge sang juste au-dessus du genou gauche ainsi que d’autres bandages aux tibias venaient compléter sa tenue vestimentaire.
« …… Mouahahhahahah des bandages, tu parles d’un style !! s’esclaffa Cid en fumant sa cigarette. Remarque ça sera plus pratique à enlever, hein Vincent ? »
La jeune fille s’énerva et déroba l’arme que Vincent portait à la jambe sans qu’il s’en aperçoive. En un éclair elle dégaina et tira sur le blond casse-pieds. La déflagration retentit et Cid n’osa plus bouger. Il crut sa mort arrivée mais vit après coup que sa cigarette était coupée en deux au ras de ses lèvres.
« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Mais mais mais elle est tarée cette nana !!! Elle a failli me zigouiller !! » s’alarma-t-il en regardant la dernière cigarette de son paquet gisant à terre.
« Ouah la rapidité d’exécution c’est dingue !! » cria Cait Sith dans son mégaphone.
« Oh la précision avec laquelle elle a coupé la cigarette c’est impressionnant ! » fit Tifa admirative.
« Hey oh les mecs elle a failli me buter !! » s’indigna Cid.
« …..merde j’ai loupé mon coup, t’as de la chance le blond parce que tu commences sérieusement à me souler ! » grogna la jeune fille en faisant tourner l’arme de Vincent.
« QUOI ?!!! »
« Ahah ! »
Tous les regards se tournèrent alors vers Vincent, c’était la première fois que quelqu’un l’entendait rire et ce son choqua bon nombre des membres du petit groupe !
« Vincent……. Tu sais rire ? » bugua le chat la mâchoire pendante.
« Dingue, c’est la première fois que je t’entends rigoler ! » fit Yuffie en le regardant.
« T’étais pas assez intime pour ça peut être ! » lui envoya la jeune fille aux cheveux colorés en rendant l’arme à son propriétaire, manquant de faire étouffer de rire Barret.
« Bon sang j’ai failli crever et tout le monde s’en fou ! » pleurnicha Cid.
« Elle aurait mieux fait de te buter comme ça on aurait la paix ! » railla Barret dont les jérémiades de Cid commençaient à lui casser les pieds.
« …… Personne ne m’aime ! »
« Pas étonnant vu ta tête ! » le cassa encore une fois la jeune fille.
Vincent dû se retenir de rire une seconde fois en entendant ça, cette fille avait un sacré sens de la répartie et mettait pas mal d’ambiance au sein du petit groupe.
« Désolée pour ta cape….. Elle était jolie… »
« Ce n’est pas grave, j’en ai une autre dans mon cercueil. Tu peux la garder. » répondit-il avec un fin sourire qu’elle lui rendit.
« Génial… Un couple de chieurs en cape….. J’suis gâté moi ! » marmonna Cid dans son coin.
Les deux concernés avaient l’ouïe fine et rougirent violemment de cette remarque. Ils se tournèrent d’un air menaçant vers le mécanicien qui risquait de partir dans l’espace plus tôt que prévu.
« Euh…..oubliez ce que j’ai dit…. » tenta-t-il d’esquiver.
Vincent voulu dégainer son arme pour lui faire peur mais il ne rencontra que du vide, il jeta un coup d’œil à l’endroit où il la rangeait et remarqua qu’elle avait disparu de son étui….encore une fois.
« Viens ici le blond que je te déglingue, je vais pas te louper cette fois !!! » enragea la jeune fille en le mettant en joue.
« Aaaaaaaaaaaaaaaah môman !!!!! » chouina Cid qui s’enfuyait à toutes jambes en se maudissant de l’avoir ouverte une fois de plus.
Vincent se dirigea vers la jeune fille et posa sa main sur la sienne avant qu’elle ne tire une nouvelle rafale sur le mécanicien.
« Rends-moi mon arme, ça ne sert à rien de gâcher des balles pour cet idiot ! » fit-il en désignant d’un mouvement de tête le blond planqué derrière un canapé.
« Mais il nous a insulté ! » se défendit-elle en plongeant son regard de braise dans celui du vampire.
« ignore-le, ça le rendra encore plus furieux que si tu lui tires dessus. »
« Dis, où as-tu appris à tirer avec autant de précision ? » demanda Yuffie en sortant de sa cachette.
« …… Je ne sais pas….. Je ne me rappelle pas bien… »
Elle revit d’un coup une île où une bâtisse avait été érigée, un endroit sombre où elle avait été entraînée au maniement des armes à feu. Une salle mal éclairée… Des gens comme zombifiés qui l’assaillaient de toute part en cherchant à se repaître de sa chair. Il fallait qu’elle se défende mais elle n’avait qu’un pistolet avec un nombre de balles limitées, elle devait combiner ruse et agilité pour leur échapper… Des coups de feu…….du sang…….une grande explosion….le rire de dément de quelqu’un…..des cris…
« Eh oh, tu es toujours avec nous ? » s’enquit Cloud en voyant la jeune fille plongée dans ses pensées.
« Hein ? Ah….oui, je me souvenais juste d’une île…. Oui c’est ça, une île où j’ai appris à utiliser ce genre d’armes. déclara-t-elle en désignant le Cerberus de Vincent. Je dois retourner là-bas…. J’ai quelque chose à récupérer. » acheva-t-elle en continuant de fixer l’arme intensément.
Le petit groupe la regarda sans vraiment comprendre pourquoi elle devait se rendre sur un morceau de terre très éloigné de l’endroit où ils étaient.
« Très bien, je t’accompagne ! » décréta Vincent en replaçant son arme dans son étui.
« Pourquoi ? »
« Parce que tu ne sais pas ce qui t’attend là-bas et que je ne peux pas te laisser y aller seule. » argumenta Vincent en sortant une nouvelle cape d’on ne sait où.
La jeune fille ne comprit pas réellement pourquoi il voulait l’accompagner, la gentillesse était une chose à laquelle elle n’avait eut guère l’occasion de goûter avant son enfermement. Aussi accepta-t-elle l’aide de son sauveur mais elle refusa en revanche celle des autres, non pas par manque de confiance en eux-bien qu’elle ne les connaisse que très peu- mais parce qu’il fallait qu’elle remonte seule aux origines de son passé. Ne sachant pas ce qu’elle allait découvrir, elle préférait ne pas entraîner qui que ce soit vers une issue qui lui était inconnue…
Le groupa accepta mal d’être mis à l’écart mais comprenait en partie pourquoi elle recherchait la solitude et voulait s’en sortir par ses propres moyens, notamment Cloud qui était passé par là lui aussi pour trouver un sens à son existence. Il les regarda, ces deux êtres qui semblaient si différents et qui pourtant avaient tant de points communs… Deux créatures tirées de leur sommeil éternel sans avoir demandé quelque chose, enfants des ténèbres dont le passé était teinté de la même nuance de sang que celle qui colorait leurs yeux rougeoyants… Tout deux cherchaient des réponses à leur destinée en essayant de surmonter les séquelles de leurs traumas passés… Oui, ces deux là étaient indéniablement liés…
Tifa vint d’un coup briser le silence qui s’était installé en s’exclamant :
« Oh ! Je crois que j’ai trouvé la signification du chiffre qu’il y avait sur ta prison ! »
« Hein, de quoi tu parles ? » demanda Barret qui avait complètement oublié ce petit détail.
« Mais si rappelles-toi, Vincent avait dit qu’il y avait un numéro gravé sur la plaque de métal… Et bien je crois que ces chiffres correspondent à des lettres… »
« … La connerie de Cid a dû me contaminer parce que je comprends rien à ce que tu raconte !! »
« Rho mais fais travailler tes méninges pour une fois, le ‘1’ correspond à la lettre ‘A’ ! Le ‘25’ à un ‘Y’ et ainsi de suite ! »
« …… Mais où as-tu été chercher ça ?! »
« Ah !!!! A-Y-A-M-E, c’est Ayame le mot reconstitué hein ? J’ai bon hein ? » fit Yuffie en se prenant au jeu.
« A…..ya….me ? » répéta la jeune fille comme pour s’imprégner de son nouveau nom.
« C’est le nom de la fleur d’iris, c’est joli ! Je suis sûre qu’Aerith aurait dit la même chose ! » fit Tifa en souriant.
« Je m’appelle vraiment comme ça ? »
« Ca ne te plait pas ? »
« La beauté d’une fleur s’épanouie de jour en jour tout comme son endurance, ce prénom t’irait à ravir… » commenta le vampire d’une voix grave et douce à la fois.
La jeune fille le regarda avec de grands yeux et sourit à cette déclaration, il dû détourner le regard pour éviter de prendre la même teinte que celle de sa cape.
« Bon allons-y, on va avoir du chemin à faire ! » fit-il pour détourner l’attention.
Elle acquiesça et lui emboîta le pas, ils sortirent sur le balcon et tels deux anges de la nuit, se jetèrent dans les ténèbres du soir en déployant leurs capes pourpres.
‘Tu crois qu’elle va trouver ce qu’elle cherche… ? » questionna la brune aux courbes généreuses.
« Ca, il n’y a qu’elle qui puisse le savoir… Et avec Vincent elle ne craint pas grand-chose ! » termina Barret en anticipant la seconde remarque qu’elle allait dire.
« Hm oui tu as raison, j’espère qu’elle trouvera des réponses… »
La nuit était douce et une agréable brise venait ajouter un peu de fraîcheur. Les étoiles scintillaient dans le firmament et éclairaient la route de deux voyageurs nocturnes. Les capes au vent, ils courraient en maintenant une cadence soutenue sans montrer le moindre signe de fatigue. L’étendue désertique qui bordait la petite ville de Kalm défilait sous leurs pas, il leur fallait parcourir une grande distance avant d’atteindre l’océan où ils devraient trouver une embarcation pour se rendre sur la mystérieuse île dont le nom leurs était inconnu.
« ca va tu tiens le coup ? Dis-le si tu es fatiguée, on fera une pause. » proposa Vincent en continuant de courir.
« Hm c’est bon, tu sais ça fait trois plombes que je dors donc je ne suis pas prête de me fatiguer ! » lui assura Ayame en courant à ses côtés.
« C’est justement parce que tu étais endormie depuis longtemps que je te dis ça. Tes muscles ne sont plus habitués à ce que tu fournisses autant d’efforts et tu risques de te fatiguer rapidement. »
« Ne t’inquiète donc pas et poursuivons notre route ! »
Ils continuèrent leur voyage durant toute la nuit et le reflet bleuté de la mer finit par se dessiner à l’horizon. Les premiers rayons du soleil percèrent lorsqu’ils arrivèrent sur la plage.
« Grah du sable, je déteste ça ! » râla la jeune fille en secouant ses pieds pour se débarrasser des grains qui la gênaient.
« Sur la plage c’est normal que tu en trouves.» lui dit Vincent en se dirigeant vers un bateau modeste mais qui ferait l’affaire.
« Peut être mais j’aime pas ça, ça s’infiltre partout et c’est casse-pieds ! »
L’homme ténébreux vérifia que le moteur fonctionnait toujours en le démarrant et invita la jeune file à le rejoindre sur le pont.
« Ici il n’y a pas de sable. » lui fit-il en lui tendant la main.
Elle la saisit et il l’aida à se hisser à ses côtés.
« Eh vous ! Qu’est-ce que vous faites sur mon bateau ?!! » cria un homme en pyjama qui venait de sortir de sa cabine.
Vincent sortit illico son arme et la pointa sur le nouveau venu qui prit peur.
« Pi…..pitié je vous le laisse mais ne me tuez pas ! » paniqua-t-il en levant les mains tout tremblant comme une feuille.
« Toi là, tu sais piloter ce bateau j’imagine. »
« Euh…..oui… » répondit timidement le concerné.
« Parfait, tu vas nous conduire sur une île dans ce cas ! » ordonna Vincent en le tenant toujours en joue.
« Mais…l’île la plus proche est maudite… On raconte qu’elle a servie de base pour des recherches expérimentales sur des humains et que les fantômes des victimes reviennent la hanter chaque nuit… »
« Une chance pour toi qu’on soit en plein jour. Allez démarre ce bateau ! »
« B…bien… » bredouilla l’homme n’ayant d’autre choix que de se mettre à la barre.
Il mit les gaz et le bateau fendit les eaux en direction de la lande de terre maudite. Quand il se fut assuré que le propriétaire n’allait pas faire demi-tour ou leur fausser compagnie, l’homme à la cape rouge rejoignit la jeune fille aux cheveux colorés dont les longues mèches virevoltaient à cause du vent et de la vitesse de l’embarcation. Il s’appuya au bastingage et se perdit dans la contemplation des eaux bleues marines.
« Cette île, commença Ayame, je suis sûre que c’est celle que je cherche… Je dois y aller, mais j’ai peur de ce que je pourrais y trouver… »
« Quelle que soit la vérité que tu découvriras là-bas, sache que c’est du passé. Accroche-toi à l’avenir et tu pourras tout surmonter… »
Elle acquiesça silencieusement les yeux rivés sur l’horizon attendant de voir se dessiner les contours de sa prochaine destination pour récupérer les fragments manquant de son passé… |