La houle du bateau devenait de plus en plus saccadée et de gros nuages menaçaient de déverser leur contenu d’ici peu.
« Et bien, le temps n’est pas de notre côté dis donc. » fit remarquer Ayame en regardant la couleur sombre du ciel.
« Terre en vue ! » annonça le propriétaire du bateau en luttant pour maintenir le cap.
Une avancée de terre escarpée se dessinait à l’horizon, le temps menaçant la rendait encore plus hostile comme si quelque chose d’inquiétant en émanait. Ayame frissonna, son intuition lui disait qu’elle devait s’y rendre pour y récupérer quelque chose sans se rappeler ce dont il s’agissait. Mais d’un autre côté elle était effrayée à l’idée de ce qu’elle pourrait y découvrir.
« Tu n’es pas obligée de t’infliger ça… » tenta de la rassurer Vincent qui sentait le dilemme qui le tenaillait.
Elle secoua la tête.
« Non je dois y aller, je sens qu’il y a quelque chose sur cette île qu’il faut que je récupère. Et je suis quasiment sûre que je trouverais des informations sur mon passé tout comme sur mon amie qui a disparu… »
« Si tel est ton choix… » répondit-il simplement.
Ils accostèrent bien que le propriétaire n’en avait guère envie, il décréta que si au bout d’une heure ils n’étaient pas revenus il lèverait l’ancre sans eux, mais le regard que lui lança Vincent lui fit ravaler ses paroles. Cette île était déserte, ravagée pas ce qui semblait être un grand incendie. Ce n’était que cendres et poussière qui subsistaient de cette avancée de terre désolée.
La jeune fille marchait parmi les décombres d’une vieille bâtisse en regardant tout autour d’elle. Vincent, un peu en retrait, la laissait errer à la recherche d’indices sur son passé. Des poutres métalliques étaient entrecroisées dans un coin de ce qui restait d’une pièce inconnue. Mue par une étrange sensation, Ayame s’en approcha et les poussa dans un grand bruit de ferraille. Comme si elle l’avait toujours sut, elle découvrit une trappe calcinée dissimulée jusqu’alors. Elle la souleva et un nuage de poussière s’en échappa, le vampire s’approcha d’elle et scruta les ténèbres qui en émanaient.
« Je ne peux plus reculer… » affirma Ayame pour elle-même en regardant le puits sans fond qu’elle venait d’ouvrir.
Vincent répondit d’un hochement de tête, il la regarda prendre une grande inspiration et sauter dans la trappe avant de la suivre dans sa descente aux enfers. Ils se réceptionnèrent tous deux parfaitement et essayèrent de percer les ténèbres ambiantes.
« Attends je vais te guider. » fit galamment le vampire qui voyait à la perfection tout ce qu’il y avait dans cette pièce.
« Inutile, lui répondit-elle, mes yeux voient à la perfection tout ce qu’il y a dans cette pièce. »
Elle se dirigea sans aucune hésitation vers un pan de mur et abaissa un levier. Un cliquetis se fit entendre et une faible lueur venant du seul néon fonctionnant encore éclaira fébrilement le couloir dans lequel ils étaient. Très étroit, il menait à une unique pièce où ils pénétrèrent en essayant d’éviter les morceaux de verre et autres débris qui jonchaient le sol de toute part. La salle où ils débouchèrent était très vaste, sombre et humide. Ayame balaya la pièce du regard et un frisson glacé lui descendit l’échine.
« Cet endroit……. Je me rappelle…je m’entrainais ici… Je devais…survivre en éliminant des gens avant que ce ne soit eux qui me tuent……. »
Elle s’avança au milieu de la pièce et buta dans les restes de cadavres de nombreuses personnes. Leur état de décomposition était assez avancé, des lambeaux de chair pendaient du visage d’un des malheureux qui trainait à ses pieds. D’autres beaucoup plus vieux étaient déjà rendus à l’état de squelettes vêtus de loques. Elle fit un bond en arrière à cette vision horrifiante et détourna le regard. Quelque chose de brillant attira alors son attention, essayant du mieux qu’elle pouvait d’esquiver le monticule de morts, elle s’en approcha et s’accroupit pour le récupérer.
Il s’agissait de deux pistolets de calibre quarante cinq couverts de poussière. Le premier était d’une jolie couleur de nuit dont le canon était orné d’un serpent tandis que le deuxième était de couleur argentée et reprenait le même motif. Sur chaque arme était gravé un nom à moitié effacé par le temps : Akuma pour celui ébène et Tenshi pour l’argenté. Ayame contempla les deux armes et les caressa du bout des doigts.
« C’était vous que je devais récupérer… » murmura-t-elle en les serrant contre elle.
A ce contact la pièce sembla changer autour d’elle et quelque chose agrippa sa cheville : elle vit avec horreur qu’il s’agissait de la main d’un des cadavres ! Elle poussa un hurlement de terreur et agita frénétiquement sa jambe pour s’en défaire. Les corps s’animèrent peu à peu autour d’elle et commencèrent à s’élever en émettant des bruits gutturaux.
« Non ! Laissez-moi tranquille !!!! »
« Tuer…………. Toi, tu nous as tués……… Tuer…… » répétaient-ils sans cesse en cherchant à la happer.
« Ce n’est pas moi, je ne voulais pas… NOOOOOOOOON ne m’approchez pas !!! »
Elle mit en joue le zombie le plus proche mais les chargeurs étaient vides depuis le temps qu’ils n’avaient pas servis et elle paniqua complètement. Une violente douleur lui perça le dos sans prévenir et elle lâcha un cri de souffrance mélangé à la peur de voir les cadavres se rapprocher dangereusement d’elle. Son dos la brûlait énormément et deux pics douloureux lui vrillèrent les omoplates. Les corps disloqués continuaient d’avancer vers elle en cherchant à se repaître de sa chair… Elle sentit une présence arriver dans son dos et se retourna à une vitesse fulgurante en pointant l’arme noire sur son agresseur malgré le fait qu’elle soit vide.
« Ayame…….qu’est-ce qu’il t’arrive ? Je t’ai entendu crier… » fit Vincent d’une voix grave et inquiète.
« N’approche pas !!!!!! » lui cria-t-elle d’une voix où résonnait une peur sans nom.
« Clame-toi ce n’est qu’une illusion. Tu es en proie à des images de ton passé. Regarde, c’est moi… » lui dit-il en tentant de la ramener à la raison en gardant quand même la main sur sa propre arme au cas où il devrait y avoir recours.
Paniquée, la jeune fille ne savait plus distinguer le vrai du faux et se mélangeait dans le flot de souvenirs que lui rappelait cet endroit lugubre. Enfin, elle se rappela qui était la personne en face d’elle et son visage se décomposa en se rendant compte de ce qu’elle avait failli faire.
« Vincent…… Vincent…. » répéta-t-elle d’une voix plus forte en tremblant comme une feuille.
Son bras retomba sur le côté et elle sentie ses jambes se dérober sous elle. Le brun ténébreux la rattrapa avant qu’elle ne s’écroule, elle le fixa de ses grands yeux couleur sanguine encore imprégnés de l’horreur qu’elle avait cru vivre.
« Vincent…..je suis désolée….. Je, j’ai failli… »
« Ce n’est rien, calme-toi c’est fini. Je suis là à présent. » la réconforta-t-il en la serrant contre lui pour calmer les tremblements qui la secouait.
Elle agrippa fortement le devant de la cape de celui qui l’avait une fois de plus secourue et plaqua sa tête contre son torse en fermant les yeux pour oublier ce qu’elle venait de voir.
« Ne me lâche pas… Ne me lâche pas !! Je ne veux pas qu’ils reviennent ! » le supplia la jeune fille toujours en proie aux fantômes de son passé en se collant un peu plus au corps de son sauveur.
L’extrême proximité du corps de la jeune fille le fit quelque peu et plus elle se serrait contre lui pour chercher du réconfort et plus il sentait les formes galbées de cette dernière se presser contre son buste, il se surprit à penser que ce contact était fort agréable bien qu’une petite voix lui soufflait que la présence de cette femme ne remplacerait pas celle qu’il avait perdu… Pourtant il ne la lâcha pas et répondait au contraire au désir impérieux de consolation qu’elle lui réclamait en la serrant autant que ses bras pouvaient le lui permettre.
« Vincent… »
Cette voix, comme il aimait la façon dont elle prononçait son nom… Il ferma les yeux pour savourer encore un peu cet instant avant qu’elle ne lui dise qu’elle allait mieux.
« Vincent, merci… » fit-elle simplement.
Il l’avait sauvé, encore une fois… Il desserra son étreinte et lui rendit, un peu contre son gré, sa liberté de mouvement. Le regard de braise d’Ayame se plongea dans le sien et elle le fixa intensément, quand il s’en rendit compte il détourna les yeux et lui dit :
« Ce n’est rien… Hum, j’ai trouvé des documents qui parlaient d’une installation secrète dans la tour de la Shinra près de Midgar. Ca a sans doute un lien avec ce que tu cherches… »
« La Shinra… Ce nom ne m’est pas inconnu… A Midgar dis-tu, j’espère que je trouverais une piste qui m’amènera à la fille qui était séquestrée avec moi… »
Il lui prit le menton entre le pouce et l’index et lui releva la tête.
« On la trouvera, je t’en donne ma parole. »
Ses joues s’enflammèrent devant l’insistance avec laquelle il la fixait mais elle ne put se résoudre à détourner le regard. Le visage de son sauveur se rapprocha lentement du sien………plus près……..toujours plus près vers l’embrasure de ses lèvres… Vincent lui-même ne savait pas quelle folie l’animait de se comporter ainsi, mais la tentation était plus forte que sa raison…
Tantantantan tan tan tantantaaaaaaaaaaaan !!!!!!!!! (petite musique de victoire dans Final Fantasy)
« Grr stupide portable, quel est l’imbécile qui vient me déranger dans un moment pareil ?!! » pensa fortement Vincent en décrochant son téléphone.
« Oh mon dieu……. Il, il a failli…….. » fit Ayame dans sa tête en devenant aussi rouge que la cape dont elle était vêtue.
« Quoi ?! Cid…… Qu’est-ce que tu veux ? Oui ton appel me dérange. Hm…oui on a trouvé ce qu’on cherchait… Bien, envoie-nous le Haut-Vent je crois que notre chauffeur nous a faussé compagnie. » lui ordonna Vincent en lui raccrochant au nez.
Il ne savait pas s’il devait être énervé d’avoir été interrompu ou si au contraire il devait le remercier d’avoir écourté l’ardeur qui l’avait consumé en si peu de temps. Les deux vampires sortirent de cet endroit cauchemardesque sans prononcer un mot, une pluie battante les accueillit alors à l’extérieur.
« Oh……..de la pluie…. Ca faisait tellement longtemps que je n’en n’avais pas vu… » fit Ayame en recevant les gouttes d’eau sur son visage.
Ils s’assirent et attendirent que le pilote du vaisseau daigne ramener leur moyen de locomotion pour leur faire quitter l’île. Vincent souleva un pan de sa cape et protégea la jeune fille du déluge en l’amenant contre lui. Etonnée mais touchée de ce geste, Ayame laissa choir sa tête sur l’épaule du vampire et s’endormie contre lui sans qu’aucun cauchemar ne vienne la perturber.
Qu’elle était adorable comme ça avec son visage paisible adossé contre lui. I lui caressa la joue et la tentation de lui déposer un tendre baiser le reprit encore une fois. Il s’approcha délicatement et l’embrassa tendrement en ne cessant de se répéter qu’il commettait un interdit. Il crut voir apparaître le spectre d’une femme qui le regardait en souriant. Il porta la main à son arme au cas où un ennemi ne fasse surface, mais il n’y avait rien. Il balaya du regard l’étendue déserte de ce qui restait de l’île et se dit qu’il avait sûrement rêvé, c’est alors qu’il la vit. Là devant lui, la silhouette fantomatique se tenait face à lui et lui adressait un sourire bienveillant.
« Lucrécia……. » souffla-t-il en ouvrant de grands yeux devant cette apparition qu’il avait tant espéré.
Etait-il possible qu’elle soit réellement là devant lui, ou cette île lui faisait-elle perdre la raison ?
« Hihi, je suis contente… » ricana-t-elle d’une voix fluette en continuant de lui sourire aimablement.
Vincent continua de la fixer avec un mélange d’incompréhension et de joie dansant dans ses yeux flamboyants.
« Je suis heureuse que tu ais trouvé quelqu’un que tu puises chérir… » continua Lucrécia en couvant d’un regard bienveillant les deux êtres serrés l’un contre l’autre.
Vincent lui jeta un regard étonné et tourna la tête vers la jeune fille toujours assoupie contre lui. Il sentit alors la caresse froide de la main de la femme pour qui il avait nourrit un amour sincère mais qui n’avait pas fonctionné, il releva la tête vers elle et la fixa d’un regard où sa tristesse et son désespoir de l’avoir perdu se lisait gravement au fond de ses yeux.
« Adieu Vincent… » lui souffla-t-elle avant de s’estomper un ultime sourire affiché sur ses lèvres.
Vincent resta sans voix, elle lui avait pardonné ? Il regarda de nouveau la jeune fille qui dormait paisiblement sur son épaule et il esquissa un sourire. Désormais il ne s’occuperait plus que d’elle, il la protègerait quoi qu’il lui en coûte…
Le bruit des pâles du Haut-Vent résonna à travers le déluge, ce moment de quiétude allait s’achever. Il se leva et prit la petite endormie dans ses bras, il la serra contre lui pour lui prodiguer chaleur et réconfort et partit en direction du vaisseau en tournant le dos à son passé pour se consacrer pleinement à son nouvel avenir qu’il tenait contre lui…
Sephiroth entraînait la jeune fille dans les profondeurs du manoir en descendant un long escalier en colimaçon. Arrivés en bas, ils arpentèrent un long couloir creusé dans la roche percé de quelques lourdes portes de bois par endroits. La jeune fille suivait à distance l’homme qui l’avait libéré, ne lui faisant guère confiance. Ils débouchèrent enfin sur une pièce mal éclairée remplie de livres éparpillés un peu partout.
« Suis-moi… » lui ordonna-t-il en passant entre deux bibliothèques.
Mais elle ne le suivit pas, elle resta plantée devant les tables de fer et les cuves disposées dans un coin de la pièce. C’était là……elle en était sûre, c’était là qu’on lui avait fait endurer moult tortures… Elle prit un scalpel dans sa main et l’examina, du sang séché était encore collé dessus et brunissait au contact de l’air. Elle revit le scientifique en train de la modifier génétiquement avec les cellules d’une dénommée Jénova, de faire absorber à son corps des sphères colorées de plus en plus puissantes pour en tester la résistance…
Cette vision l’énerva profondément et elle envoya valser l’instrument chirurgical qui alla se planter dans un des livres de la bibliothèque. Un violent mal de tête lui vrilla les tempes et elle dû s’appuyer à la table la plus proche pour ne pas s’affaler de tout son long. La pièce tournoyait autour d’elle, elle lâcha un faible grognement.
« Tu es inutile comme expérience, tu es ratée……… Ratée…….. Ratée….. » résonna la voix du scientifique dans sa tête à l’en faire exploser.
« Graah sors de ma tête !! »
Elle balaya du revers de la main ce qui trainait à proximité d’elle sans regarder ce que c’était. Alerté par le bruit, Sephiroth revint dans la pièce pour voir ce qu’il se passait et trouva la jeune fille en proie à ses violents maux de tête.
« Aaaah ! Saloperie ! s’écria-t-elle en se tournant violemment vers l’homme aux cheveux d’argent. Dans son délire elle le prit pour un scientifique venu tenter des expériences et paniqua :
Non, n’approche pas, dégage !!!!! » hurla-t-elle en le repoussant en y mettant toute la force dont elle était capable.
Une vague d’énergie déferla et le percuta de plein fouet l’envoyant valdinguer parmi les bibliothèques avant qu’il n’ait eu le temps de réagir.
« Argh bon sang, râla-t-il en poussant les livres qui lui étaient tombés dessus, quelle puissance dévastatrice… »
Quand il réapparu dans la pièce, la jeune fille avait disparu…
« Ah ma tête ! Urgh ! »
Elle se tenait le crâne en remontant les escaliers menant à la surface, des flash-back se succédaient à lui en donner la nausée. Les images d’une île déserte s’imposèrent alors à elle.
« Grah mais qu’est-ce qu’il y a là-bas pour que ça me casse autant la tête ?! râla-t-elle en lançant son poing dans le mur. Il faut que j’en aie le cœur net, je dois aller sur cette île… Urgh…. Aaaaaaah ! »
Son cri résonna contre les parois de pierre emplissant la demeure de la douleur qu’elle ressentait. Elle shoota dans la malle qui trainait à côté d’elle et cette dernière s’ouvrit avec fracas en percutant le mur. Curieuse, elle regarda ce qu’elle contenait. La couche de poussière envolée laissa apparaître une pile de vêtements. Elle prit les premiers venus à savoir un pantalon noir ainsi qu’un haut de maillot de bain de la même teinte aux lanières croisées. Le logo d’un vêtement attira son attention, il s’agissait d’un écusson avec le mot « Shinra » brodé dessus.
« Shin……..ra, urgh ! » lut-elle à voix haute avant que sa tête n’encaisse une nouvelle salve migraineuse.
La douleur lui fit lâcher le polo qu’elle tenait dans les mains. La Shinra…..elle connaissait ce nom, c’était pour eux que ce scientifique travaillait…
« Aaaaah ma tête, je vous tuerais tous ! Toute la Shinra, aaaaaaah ! »
Une lumière aveuglante l’enveloppa alors qu’elle hurlait qu’elle détruirait tout ce qui se dresserait sur son chemin et elle s’évapora dans les airs sans laisser de traces. Sephiroth arriva une fois de plus trop tard : la fille avait de nouveau disparue… Il récupéra l’habit qui trainait sur le sol et remarqua à son tour le logo.
« La Shinra, alors c’est là-bas que tu te rends… »
Il tourna les talons et se prépara à se rendre dans l’ancienne tour de la Shinra sur l’autre continent.
L’atterrissage fut rude pour la jeune fille qui fit une chute vertigineuse de plusieurs mètres et se réceptionna sur un genou.
« Argh quelle descente… Comment j’ai fait ça ? »
Comme pour lui répondre, une petite sphère de couleur verte tomba de la poche de son pantalon. Elle la ramassa et la fixa longuement. D’un coup elle la lança avec violence et elle se brisa en mille morceaux sur un rocher.
« Grah encore une sphère, c’est ce genre de trucs qu’on m’a implanté ! » ragea-t-elle en contemplant les débris jonchant le sol.
Elle regarda autour d’elle pour voir où elle s’était téléportée, une étendue de terre calcinée et en ruines s’offrait à son champ de vision. Cet endroit lui était vaguement familier sans qu’elle n’arrive à se souvenir d’où lui venait cette impression. Comme son amie quelques temps plus tôt, elle flâna parmi les décombres et découvrit la trappe menant au sous-sol. Elle l’emprunta et atterrit dans un claquement sonore de talons. Il faisait très sombre à l’intérieur et elle avait du mal à distinguer quelque chose dans la pénombre existante. Elle entendit de l’eau goutter quelque part au fond du couloir et avança en se repérant grâce à cet unique son, utilisant la résonnance de la pièce pour ne pas se cogner contre les murs. Elle arriva dans une grande salle où un monticule de cadavres rongés par le temps gisait à divers endroits.
« Ah…… Je me rappelle…cet endroit, c’est là où l’autre con m’avait envoyé combattre des mecs sans âmes ! Hm il devrait y avoir un panneau de contrôle dans le coin si je me souviens bien… »
Elle fouina un peu partout et trouva bientôt un mur lisse qui servait aux scientifiques pour suivre le combat en toute sécurité. Elle prit un des cadavres et l’envoya sans ménagement à travers la vitre, il retomba mollement sur le sol dans une cascade de débris de verre. Un sourire étira ses lèvres, elle pénétra dans la salle de contrôle et se mit à trifouiller les ordinateurs s’y trouvant. Le générateur central était hors service et le secondaire était quasiment vide depuis le temps qu’il n’avait pas servit mais elle l’enclencha tout de même, il fallait qu’elle sache au moins si les rapports mentionnaient comment elle s’appelait.
La connexion eut du mal à s’établir ce qui la fit pester davantage, quand elle put enfin pénétrer dans la base de données il restait à peine deux minutes de batterie. Pestant de nouveau, elle accéléra ses recherches et tomba enfin sur un dossier qui l’intéressait.
« Rapport de recherche numéro trente huit :
Les deux sujets ont des réactions différentes vis-à-vis de certaines expériences, leur style de défense et d’attaque varie aussi selon le degré de difficulté. C’est impressionnant de voir à quel point elles arrivent à anticiper les mouvements de leurs adversaires. Le numéro 1-19-8-21-18-1 anciennement appelé Ashura semble se défaire de tout sentiment humain au fur et à mesure qu’on augmente la dose de Mako, chose très intéressante et qui pourrait s’avérer utile pour la suite…
La sensibilité de l’autre sujet est très pratique elle aussi car elle perd alors le contrôle de ses émotions et devient une vraie machine à tuer, ce sujet du nom d’Ay… »
Pfiuuuuum, l’écran devint noir et le système se coupa : la batterie venait de rendre l’âme. Prise de colère, elle shoota dans un des ordinateurs qui était par terre. Si près du but et pourtant si loin… mais elle avait au moins deux réponses à ses questions, son nom et des renseignements sur son amie.
« Ashura hein…… c’était donc comme ça que je m’appelais… » pensa-t-elle en revoyant les lettres affichées sur le moniteur formant son nom.
Un bruit rauque résonna derrière elle, elle se retourna vivement et vit le cadavre qu’elle avait envoyé dans la vitre se relever en émettant des bruits sourds.
« ……….ok, il me fait quoi lui ?! » se demanda-t-elle en le voyant s’approcher d’elle d’une démarche saccadée.
Un autre à qui la partie inférieure du corps manquait lui attrapa la cheville.
« ………dégage !!! » lui fit-elle en l’envoyant bouler contre le mur d’un coup de pied désintéressé.
Voyant qu’il recommençait à revenir vers elle et qu’elle n’avait aucune idée de comment le détruire, Ashura estima qu’il était temps qu’elle déguerpisse de cet endroit maudit. Un des zombies lui agrippa la jambe et elle tomba en avant en s’étalant de tout son long, les autres arrivèrent en masse pour essayer de la dévorer. Ils semblaient bien décidés à se repaître de sa chair et se ruaient vers elle avec avidité, il fallait qu’elle se défende si elle ne voulait pas finir à leur menu. Elle donna un coup de poing à un des cadavres venu la regarder de trop près et chercha de son autre main un quelconque objet qu’elle aurait provisoirement transformé en arme pour les abattre. Elle rencontra à tâtons un objet qui épousa parfaitement la paume de sa main et elle esquissa un sourire satisfait. Elle s’en saisit et effectua un mouvement circulaire pour se débarrasser des gêneurs venus la dévorer. Elle prit appui dessus et se releva le sourire aux lèvres.
« Héhé, je savais bien que je l’avais oublié quelque part… ricana-t-elle en serrant sa prise sur sa très chère arme qu’elle venait de retrouver : une faux à la lame démesurée aux bords doublement tranchants et meurtriers.
Bon….à nous maintenant, je vais tous vous pourrir !!!! »
Elle se jeta pleinement dans le combat et commença par pourfendre la créature répugnante la plus proche d’elle avec un rictus de dément affiché sur les lèvres. Son arme répondait parfaitement aux mouvements qu’elle lui imposait, déchiquetant tout sur son passage. C’était comme si elle ne l’avait jamais quitté et que son dernier combat remontait à la veille. Elle en découpa un en deux au niveau de la taille, comme il bougeait encore elle planta la lame aiguisée de sa faux dans la gorge du zombie qui émit un hoquet de surprise. Elle tira d’un grand coup sec lui détachant la tête du reste du corps et se reçu des éclaboussures de sang cadavérique sur le torse et le visage. Elle admira son œuvre avec un sourire sadiquement satisfait sans prêter attention au sang qui la maculait, puis elle retourna s’amuser à déchiqueter les derniers survivants de sa folie. Quand le carnage fut achevé elle mit sa faux sur ses épaules et d’un regard provocateur, fixa l’amas de cadavres qui gigotaient faiblement.
« Alors…..encore des amateurs ? »
Pas de réponse, elle décida que le moment était venu de déguerpir une bonne fois pour toute du moins si les zombies restaient bien sages cette fois-ci… Elle tourna les talons et s’en fut d’un pas léger, son arme démesurée sur les épaules comme si c’était un simple jouet. Elle ne vit pas qu’une caméra avait filmé toute la scène et elle se doutait encore moins de l’identité de la personne la visionnant…
« Programme d’entraînement terminé, dissipation des données en cours… 91%. » annonça la voix saccadée d’un ordinateur.
Le champ de bataille s’effaça et la pièce redevint celle du départ : les cadavres n’avaient pas bougé de place –sauf un qu’elle avait réellement tranché en deux sans s’en rendre compte- et n’avaient pas la moindre once de vie les animant. Un homme en blouse blanche affichait un grand sourire devant l’écran de son ordinateur en s’amusant avec son collier.
« Pfiou et bien, leur puissance a vachement augmenté depuis la dernière fois dis donc ! C’est cool, je peux récupérer plein de données comme ça héhé ! »
Une autre alarme se déclencha et une lumière rouge s’alluma dans la pièce.
« Alerte ! Alerte ! Intrus repéré dans le secteur B ! »
« Ah tiens ! Un petit malin vient nous rendre visite ? Alors, voyons voir qui ça peut bien être… » s’amusa l’homme aux reflets roux en tapotant sur le clavier pour afficher l’enregistrement des caméras.
Un homme aux longs cheveux noirs aux reflets émeraude en bataille faisait dos à l’une des caméras, se sentant observé, il commença lentement à se retourner et le jeune observateur eut juste le temps d’apercevoir le visage de l’intrus avant que le système de surveillance ne soit détruit par un soldat en uniforme bleuté. Le jeune homme se laissa aller contre le dossier de sa chaise, ces yeux… Un vert et un bleu, aucun doute possible, ça ne pouvait être que lui. Il était donc passé à l’action… Son téléphone sonna au même moment, le coupant dans ses réflexions.
« Alloooooo, oui ? Ah c’est toi ! Oui je viens de le voir sur les écrans. Ok, je plie les gaules, tâche d’être là à temps je veux pas finir en chair à pâtée ! » fit-il à son mystérieux interlocuteur.
Il fourra en vitesse disquettes et autres dossiers important dans son sac, il voulut récupérer le fichier du combat des deux filles quand un homme entra en trombe dans la pièce.
« Georges ! C’est une catastrophe !! L’expérience, elle a……… Elle a complètement perdu l’esprit… Elle a monté l’armée contre nous et ils sont en train de tout détruire !! Il faut qu’on s’enfuie… » déclara Hojo totalement affolé par ce retournement de situation inopiné.
Un petit rire échappa au scientifique :
« Pah, encore un échec hein ? Décidément vous les accumulez c’est impressionnant ! »
« Georges qu’est-ce que… ? Tu…tu comptais partir sans moi… ? Tu comptes réellement abandonner mon génie ?! » bafouilla-t-il en voyant que son assistant était déjà prêt à déserter les lieux.
« Eh oh faudrait vous réveiller un peu, j’ai jamais réellement bossé pour vous. Un scientifique de mon calibre comparé à vous qui ne savez même pas vous servir d’un ordinateur… Non mais sans rire, vous pensiez vraiment que j’allais rester en collaboration avec un mec qui foire toutes ses expériences ?! » lui envoya Georges dans les dents en fourrant la disquette du combat dans son sac tout en se dirigeant à reculons vers la fenêtre.
« Que… »
Hojo n’en croyait pas ses oreilles, son assistant l’avait trahi ! C’était tout bonnement impensable !
« Tu ne t’en tireras pas comme ça sale petit chercheur de bas étages !! »
Il se précipita vers lui un scalpel à la main prêt à lui planter dans le cœur pour retrouver sa fierté, mais son assistant était plus malin que lui. Il sortit un flingue de sous sa blouse et le pointa sur Hojo qui s’arrêta aussitôt.
« Tss en plus d’être nul vous êtes stupide ! J’avais prévu que vous réagiriez comme ça, j’ai donc pris mes précautions… »
« Tu n’oseras pas tirer sur ton mentor, pas sur moi qui t’ai tout appris ! »
« Vous croyez… »
Le coup parti et la balle lui perfora la jambe droite.
« Aaaaaaah ma jambe !!!! » hurla-t-il en compressant la plaie pour arrêter l’hémorragie.
Il fixa son ancien assistant par- dessus ses lunettes et le gratifia d’un regard des plus haineux.
« Et ben quoi ? Ca ne vous plait pas de vous faire transpercer ? Pourtant c’est bien ce que vous faites endurer à vos cobayes non ? Ca fait quoi de vous retrouver à leur place maintenant ? » ricana Georges en laissant le canon de l’arme toujours braqué sur lui.
« Gh…salaud… Et bien qu’attends-tu ? Achève-moi, tu en meures d’envie! »
« Hmm non j’ai pas envie, je préfère laisser cette joie à quelqu’un que vous connaissez bien et qui adorerait vous dire deux mots… Allez, ciao !!! »
Un hélicoptère arrive pile à ce moment là, Georges sauta pas la fenêtre et le véhicule volant reparti avec le scientifique à son bord en laissant Hojo seul avec ses peurs.
« Qu… Qu’est-ce qu’il a voulu dire… ? » fit Hojo à voix haute en boitant vers l’ordinateur encore allumé.
Une explosion retenti derrière lui, le propulsant tête la première dans le bureau. La porte vola à travers la pièce dans un nuage de fumée et un homme aux cheveux noirs y pénétra. Les yeux d’Hojo s’agrandirent d’effroi en le reconnaissant.
« Non……..pas toi… » lâcha-t-il dans un souffle en reculant contre le bureau comme s’il pouvait le protéger.
Le nouvel arrivant tourna la tête vers lui et un regard froid et meurtrier transperça le scientifique, il s’avança vers lui et sorti de derrière son dos une arme qu’Hojo ne put voir à cause de l’opacité de la fumée.
« Noooooooooooooooooon !!! » hurla-t-il en tentant de fuir à quatre pattes.
Son cri fut couvert par les bruits de pas des forces armées qui arpentaient la tour alors que l’inconnu abattait sans ménagement son arme sur le scientifique transit de peur. Un des soldats se présenta à l’homme qui venait d’achever Hojo.
« Seigneur nous avons fouillé tous les étages, il n’y a pas de traces de l’autre homme… »
« Hm, il a dû réussir à s’échapper. Il est intelligent et restera sûrement caché quelques temps mais qu’importe, j’ai d’autres choses plus importantes à faire que de me lancer à sa poursuite. » clama-t-il d’une voix grave et calme.
« Seigneur, seigneur nous avons un problème ! l’interrompit un autre soldat en arrivant en courant. Une fille vient de débarquer sans prévenir, qu’est-ce qu’on fait ? Doit-on ouvrir le feu ? » demanda-t-il à son supérieur.
« Hm, ça doit être l’une des anciennes expériences que ce fou à manipulé génétiquement… On va voir si elle est aussi puissante qu’il le prétendait, tuez-la ! Et si l’autre fille apparaît tuez-la elle aussi, si elles survivent je pourrais peut être m’en servir dans mes projets qui sait… »
« Bien seigneur ! » répondit le soldat au garde à vous.
Il repartit en courant donner les ordres qu’il avait reçu, l’homme mystérieux quant à lui n’avait aucune intention de se battre aujourd’hui et laissa faire le sale boulot à ses sous fifres… |