Fear 2 – Already Before
Il s’agrippait fermement à l’échelle qui menait au fond de cet étrange tunnel, l’humidité qui y stagnait rendait les parois et les barreaux de l’échelle glissants. Edward posa enfin un pied sur le sol couvert d’eau, dans une obscurité quasi-totale : seule la faible lumière qui pénétrait dans la pièce à plusieurs mètres au-dessus de sa tête parvenait jusqu’à lui. Il pouvait seulement distinguer les contours de quelques meubles : des étagères à plus de deux mètres du sol, deux tables couvertes de cartons trempés et d’objets qu’il n’arrivait pas à bien voir. Dan arriva derrière Edward alors qu’il essayait de jauger la taille de la nouvelle pièce dans laquelle ils se trouvaient, et elle était bien étroite. Dan essaya à son tour de voir précisément ce qui l’entourait puis, imitant son ami, sortit son téléphone portable de poche pour y voir plus clair et commença à fouiller les cartons et à tâter ce qu’il y avait sur les tables de fer rouillées. Ils trouvèrent chacun une lampe torche ; d’autres objets ou outils inquiétants passèrent sous leurs mains, mais Edward préféra s’emparer d’une hache usée qui trainait au pied d’un mur sous une des tables. Ils cherchèrent hâtivement une troisième lampe pour Benjamin qui attendait, en haut de l’échelle, que Dan lui dise de descendre. Celui-ci apercevait deux faisceaux de lumière qui se s’animaient dans le fond obscure qui était creusé juste devant lui ; il se retourna pour constater une fois de plus que les quatre autres étaient bien partis de leur côté lorsque Dan l’interpela :
-Benji ! Vas voir si les casiers sont ouverts et cherche une lampe torche !
Il ne répondit pas mais fit ce qu’on lui avait demandé. Il se redressa alors et alla tâter les poignés des casiers derrière lui. Il ouvrit ceux qu’il pouvait un par un mais ne trouva rien d’autre que des dossiers inutiles et des feuilles volantes. Après avoir refermé chaque casier ouvert, il se tourna vers un meuble bien petit qui était installé dans un coin sombre de la pièce ; le lycée se trouvait déjà plongé dans l’ombre malgré la lumière qui régnait encore à l’extérieur, quelques corbeaux rejoignaient ceux, déjà nombreux, qui s’étaient rassemblés un peu plus tôt dans la cour.
Légèrement surélevée grâce à quatre pieds de quelques centimètres, le meuble avait juste trois tiroirs dont celui du bas était verrouillé par un cadenas à combinaison. Benjamin ne chercha pas à ouvrir ce dernier mais ouvrit les deux autres tiroirs. Dans le premier, il trouva finalement une lampe torche et quelques pilles, peut être neuves, et des livres inintéressants ; lorsqu’il tira le second, il vit quelques journaux jaunis et froissés et, alors qu’il allait le refermer, le gros titre d’un de ces journaux lui retint l’attention : « DISPARITIONS MYSTERIEUSES : Une ombre plane sur le lycée Marcelin Berthelot». En bas, Dan l’appela pour savoir où il en était ; il lui répondit « Trente secondes. », puis commença à lire l’article douteux de ce vieux journal qui datait de deux ans :
« 16 Octobre 2008 :
Aucune nouvelle de la disparition signalée depuis deux semaines du jeune lycéen Mickael Druh, vu pour la dernière fois à son établissement alors qu’il attendait dans la cour la fin de la pause de 16h15 pour se rendre à son heure de colle. Alors que les parents s’indignent de l’inefficacité des recherches entreprises, force est de constater que le lycée Marcelin Berthelot, une école qui ne rencontre pourtant aucun problème de réputation, a été le théâtre de nombreuses disparitions mystérieuses comme celle-ci à plusieurs reprises. ‘Nous avons déjà eu un cas semblable il y a quelques mois.’ déclare un officier. Les disparitions n’ayant eu lieu qu’à partir de 17h, la directrice de l’établissement a déclaré, cet après-midi, la suppression des cours entre 17h et 19h, et ce jusqu’à nouvel ordre… »
Un nouvel appel de son camarade le sortit de sa lecture. Pourtant, après avoir posé le journal qu’il tenait à côté de lui, il jeta un œil aux autres journaux et constata que les journaux qui se trouvaient dans le fond étaient jaunis au possible ; de plus, la police d’écriture changeait au fur et à mesure. Intrigué par l’état déplorable de ces antiquités et par les gros titres qui ne parlaient que de disparitions, il chercha la date de parution du dernier journal qu’il sortit du fond du tiroir. Et, en la lisant, un long frisson lui parcourut le dos et son cœur fit comme un bon : 13 Septembre 1954. Là aussi, et comme tous les autres journaux qui étaient passés sous sa main, un des plus gros articles parlait de plusieurs élèves de ce lycée qui avaient disparut sans laisser de trace.
|