Les chevaliers sombrèrent vers l’inconnu avec le propriétaire du Quatrième Temple pour seul guide. La descente fut brève et rapide. Ils ne tardèrent pas à sentir de nouveau le sol s’immiscer sous leurs pieds. Death Mask mit pied à terre et fit quelques pas en avant, il était habitué à se rendre dans le monde des morts et ce nouveau voyage ne lui parut pas plus éprouvant que les précédents à ceci près qu’il n’avait pas atterrit au Puits des Ames. Un rapide coup d’œil derrière lui appris qu’aucun des chevaliers ne s’était perdu en route. Il émit un petit grognement satisfait et commença à s’enfoncer un peu dans la gueule des enfers.
« Eh oh doucement Death Mask ! On n’est pas habitués à se rendre ici tous les jours nous ! » lui envoya Mü pour lui demander de patienter un peu avant de continuer.
Le chevalier du Cancer soupira, il n’était vraiment pas aidé ! Il fit demi-tour et se résigna à attendre que ses compagnons se soient habitués au monde souterrain.
« Il va falloir avancer, notre présence ne tardera pas à être décelée. » leur dit-il pour les presser un peu.
Il n’était en temps normal pas d’un naturel patient et il l’était encore moins dans un endroit où des ennemis pires que ceux qu’ils avaient déjà put combattre pouvaient les attaquer à tout moment. Les gardiens zodiacaux acquiescèrent et se levèrent pour suivre leur guide dans un endroit où la plupart d’entre eux avait déjà mis les pieds par le passé en passant de vie à trépas…
Death Mask menait la marche en progressant d’un pas rapide et léger, il savait qu’une courte distance les séparait de l’endroit où il voulait aller et espérait ne pas avoir à combattre pour préserver au maximum leurs forces pour ce qui allait suivre… Les chevaliers regardaient avec attention autour d’eux à l’affut du moindre mouvement suspect ou d’une émanation de cosmos étrangère. Une multitude de cavernes et de grottes perçaient les murs noirs qui les entouraient, stalactites et stalagmites d’ébène jalonnaient sans retenue le long passage dans lequel ils se trouvaient. Chaque recoin sombre, chaque cavité sinueuse conférait mille façons de pouvoir se dissimuler et l’ennemi se trouvait peut être déjà là, tapis dans l’ombre en attendant son heure pour pouvoir se jeter sur eux au moment le plus opportun…
Les guerriers d’or avançaient en essayant de ne pas penser au désastre que serait leur expédition si derrière chaque pierre se dissimulait un ennemi à vaincre… A mesure qu’ils progressaient, une fine brume commença à faire son apparition masquant les endroits où les attaquants auraient put être postés. Le nuage léger se changea bientôt en un épais brouillard blanchâtre les empêchant de voir à un mètre devant eux. Ils étaient forts en entraînés et avaient déjà dû se battre dans de pires conditions, pourtant un sentiment d’inquiétude avait élit domicile au plus profond de leurs êtres et les rendaient mal à l’aise. La pierre sous leurs pieds laissa bientôt place à de vieilles planches de bois presque vermoulues et usées par le temps. Chacun de leurs pas faisaient dangereusement grincer le bois ancien qui menaçait de céder à tout moment sous leurs poids.
Death Mask s’arrêta soudain et semblait attendre quelque chose qu’ils ignoraient. Kanon s’avança vers lui à travers l’épaisse purée de pois et manqua de tomber en arrivant à sa hauteur.
« Skata !* Mais…c’est le vide ! » s’exclama-t-il en constatant qu’ils étaient arrivés au bout du chemin. (*= merde, en grec)
« C’est quoi cette arnaque ? » râla Aldébaran en croisant les bras alors que les planches s’affaissaient dangereusement sous sa masse imposante.
« C’est bizarre, on dirait qu’il y a de l’eau en-dessous… » fit remarquer Aphrodite en tendant l’oreille.
Ses compagnons l’imitèrent et se turent pour écouter le bruit dont il parlait. Le son était léger, presque imperceptible mais pourtant il était bien là. Le faible murmure des vagues dont l’infime clapotis résonnait contre les parois noires des murs des enfers. Une goutte d’eau tomba au loin dans un délicat bruit aqueux indiquant aux chevaliers ce qui se trouvait sous leurs pieds.
« De l’eau ? Il y a une rivière ici ? » s’étonna Milo en époussetant de la main le nuage brumeux pour tenter de voir à quoi ressemblait le cours aqueux.
« Sommes-nous…sur le Fleuve des Morts ? » demanda Shaka en pensant connaître la réponse.
Death Mask hocha la tête :
« Il n’y a que trois façons de rentrer dans le Monde des Non-vivants : être mort, passer par le Puits des Ames ou…forcer le destin et obliger Charon à nous faire franchir le Styx… » déclara-t-il en laissant vagabonder son regard aussi loin que la brume lui permettait.
Un silence accueillit sa déclaration : ce chevalier était fou à lier ! Rentrer aux Enfers sans y être invité était déjà une folie en soi mais forcer la main du Passeur en était que plus suicidaire !
« Non de d… »
« Milo, je serais toi j’éviterais de courroucer quelqu’un en jurant… » lui recommanda Mü qui ne voulait pas compter un autre dieu en plus d’Hadès en ennemi.
Milo déglutit et se tut, Mü avait raison, inutile de s’attirer les foudres de quelqu’un d’autre surtout dans la situation où ils étaient…
« Mais, Charon ne fait passer que les morts… » souligna Aphrodite en leur rappelant que ce n’était pas leur cas.
Un sourire carnassier étira les lèvres du chevalier du Cancer et il tendit la main à Milo pour lui réclamer quelque chose.
« Quoi ? » demanda le chevalier du Scorpion qui ne comprenait pas ce qu’il voulait.
« File-moi ton fric ! » lui ordonna-t-il en gardant en coin un sourire fier.
Milo sortit alors une pièce dorée de son armure et la lui donna en restant sceptique devant son idée.
« Pour ce voleur de Passeur… » chuchota Shura en comprenant qu’il allait le soudoyer. (et en citant le Choc des Titans au passage !)
« Le mythe de Persée… » murmura Camus pour une fois admiratif devant l’idée ingénieuse qu’avait eut Death Mask.
« Ca marchera pas ! Dix chevaliers pour une pièce, il n’acceptera jamais… » décréta Aldébaran en sentant qu’il allait y avoir un problème.
Death Mask lança la pièce en l’air avec son pouce et la rondelle d’or se mit à tinter comme si elle appelait l’homme à qui elle allait appartenir. Elle retomba dans la main du chevalier après avoir exercé plusieurs tours sur elle-même dans un grincement métallique. Le Gardien du Quatrième Temple réitéra deux fois son geste, faisant résonner contre les parois caverneuses l’appel envoutant de l’argent.
« Montre-toi Charon !! » tonna la voix impérieuse du chevalier en lançant la pièce sur l’épaisse brume recouvrant le fleuve.
L’argent ricocha sur l’eau dans un tintement métallique, une fois…deux dois…puis trois. Le bruit s’éloigna des chevaliers, étouffé par l’épais brouillard masquant l’eau sous leurs pieds. Le silence se fit, nul ne savait si la pièce avait sombré dans le fleuve réduisant leurs espoirs à néant. Ils attendaient, ne pouvant rien faire d’autre qu’espérer. Soudain, un râle monstrueux sortit des ténèbres faisant frissonner même le plus brave d’entre eux.
« Braaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaashhhhh ! »
« Ah !!!! Bon sang qu’est-ce que c’était ?! » s’écria Aphrodite en sursautant violemment.
Ce cri n’était absolument pas humain, il était étrangement aigu et se transformait en un hurlement rauque et lugubre à mesure qu’il était poussé.
« Euh les gars, y’a du mouvement… » les prévint Kanon en remarquant des remous sous la surface brumeuse.
Le groupe se rapprocha pour voir ce qui se passait, un nouveau cri surgit alors du néant et se mua en un rire sinistre et glauque.
« Regardez, là-bas !! » s’exclama Milo en pointant quelque chose au loin.
Leurs regards se braquèrent dans la direction qu’il désignait et ils virent alors une faible lueur bleue verte aux nuances jaunes se rapprocher dans leur direction. La proue d’une embarcation se découpant faiblement à travers le brouillard commença à apparaître à leurs yeux.
« Héhé, je crois qu’on va pouvoir embarquer ! » déclara Death Mask avec un petit ricanement sarcastique.
« Madre de Dio… » souffla Shura en voyant le navire mortuaire arriver vers eux.
C’était une grande barque très ancienne dont certaines planches étaient vermoulues, usées voire même manquantes. La lanterne dont ils avaient aperçus la lueur étaient accrochée à l’avant du bateau et éclairait une sinistre figure de proue. Elle représentait une femme agonisante, le visage marqué par la douleur et l’effroi ; le lambeau d’un reste de bretelle pendait sur sa clavicule gauche laissant voir sa poitrine nue, sa jupe déchirée se faisait arracher par les mains de plusieurs squelettes avides de sa chair. Cette sculpture macabre fit frissonner quelqu’un comme Aphrodite qui adulait tout ce qui touchait à la beauté et prohibait la moindre chose répugnante ; mais quelqu’un comme Death Mask dont les murs étaient tapissés de visages aussi mortuaires qu’effrayants, cette statue qui paraissait à son goût et qui s’accorderait parfaitement avec le décor de son temple le fit simplement sourire.
L’embarcation vira sur le côté et les chevaliers aperçurent enfin son conducteur. Charon était un squelette ambulant où quelques lambeaux de chair et de muscle noircis par le temps étaient encore rattachés à ses os. Une capuche noire tombant en cape rapiécée sur ses épaules lui cachait le haut du crâne tandis que le rabat lui ombrageait la face. Une sorte de jupe de brume noire partant de son diaphragme pour se perdre à ses pieds voletait en tout sens malgré l’absence de vent comme si elle était dotée de vie. Des particules ressemblant à de la cendre ou de la poussière lévitaient autour de ce sombre personnage telles des lucioles infernales brillant parfois d’un éclat doré.
Il tenait à la main une longue perche d’ébène lui servant à tâter le fond du fleuve pour faire avancer la barge sur les flots. Le navire s’arrêta devant les chevaliers, abasourdis par ce qu’ils voyaient, dans un craquement sonore de la coque lorsque celle-ci heurta le ponton en bois. Le bruit se répercuta contre les parois caverneuses des lieux tels un écho sinistre avant que le silence ne retombe sur eux.
« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarsh !!! » émit Charon d’un son guttural en faisant jouer la pièce d’or sur ses phalanges.
« Euh……… Je crois que j’ai oublié d’arroser mes rosiers… » déclara Aphrodite en tentant de s’éclipser.
Mais Aldébaran le retint en soupirant devant le manque de sang froid du chevalier des Poissons.
Fier et sans peur, Death Mask s’avança vers le Passeur qui le fixa de ses orbites vides d’une façon carnassière.
« Fais-nous traverser ! » lui ordonna-t-il sans craindre d’essuyer un refus voire pire.
Charon éclata d’un rire rauque et inhumain, il lança la pièce dans les airs et celle-ci se désagrégea comme par magie dès qu’il eut fit claquer les os de ses doigts squelettiques. Une vague lueur d’inquiétude passa dans les yeux du chevalier lorsqu’il vit cela et lui fit perdre son sourire narquois : ça ne se passait pas comme il l’avait prévu…
« Entendu ! » rugit alors le Passeur en grec ancien en réitérant son rire macabre devant la mine déconfite du chevalier.
Une petite lumière dorée apparue à l’endroit où la pièce s’était volatilisée, se changeant peu à peu en une paillette noire qui vint s’ajouter aux innombrables autres qui formaient la cape du soudoyeur.
« Bouddha miséricordieux ! » s’exclama Shaka en se rendant compte que chaque particule noire représentait une pièce et donc un mort.
Charon frappa le pont du bateau de sa perche et un petit escalier composé de trois marches fit son apparition pour leur permettre de monter à bord. Le paiement était accepté, les chevaliers allaient pouvoir se rendre de l’autre côté…
Hadès était tranquillement assis sur son trône d’onyx et de marbre, la tête appuyée sur son poing. Il regardait avec un certain amusement sa femme en train de se divertir en ‘jouant à la poupée’ avec son nouveau cobaye. Shigure était cet élément qui suscitait cette attention, Perséphone lui tournait autour en chantonnant gaiement cette même musique qu’elle fredonnait lorsqu’elle était dans ce champ de fleurs parmi nymphes et océanides avant que le Seigneur des lieux ne la ramène avec lui au Royaume des Enfers. La déesse s’amusait énormément et rigolait en brossant les longs cheveux châtains de l’ex apprentie Capricorne à l’aide d’un peigne en os.
« Tu es ma petite marionnette, ma marionnette chérie hihihi ! » ricanait-elle en la peignant calmement.
Shigure ne disait rien, elle restait debout, immobile en laissant faire ce que la déesse voulait d’elle. La femme d’Hadès acheva son œuvre et regarda le résultat avec un petit sourire satisfait.
« N’a-t-elle pas meilleure allure vêtue ainsi de nos couleurs ?! » s’exclama-t-elle en faisant pivoter la jeune fille pour qu’Hadès puisse la voir de face.
Perséphone l’avait métamorphosé depuis que la jeune fille s’était vue obligée de se rallier à l’armée des Enfers pour éviter à Fitz de se faire torturer : elle revêtait à présent une armure couleur mauve comme tous les autres spectres d’Hadès, l’ancien collier qu’elle avait fièrement arboré était peint des couleurs infernales et retenait des armures d’épaules aux extrémités aussi acérées et tranchantes que celles de son nouveau maître ; un plastron découpé de façon à laisser libre de son diaphragme jusqu’à légèrement en-dessous de son nombril lui couvrait le buste, les symboles autrefois dorés qui ornaient son armure du Capricorne était à présent de couleur argentés et taillés de sorte à ce qu’ils paraissent plus agressifs ; trois bracelets armures successifs descendaient de son avant-bras jusque sur le dessus de sa main comme une flèche pointue filait vers sa cible ; son ancienne ceinture maintenant mauve et re-stylisée aux goûts de la déesse des Enfers retenait toujours son éternel rideau de douche blanchâtre à présent rapiécé, troué, salit pendant jusqu’à ses genoux et tombant jusqu’à ses pieds derrière elle ; de nouvelles bottes de la même couleur que le reste de son amure venait rehausser sa taille pour la faire paraître plus grande aux yeux de ses futurs ennemis.
Ses longs cheveux ondulés tombaient en cascade sur ses épaules et chutaient dans son dos jusqu’au niveau des vertèbres dorsales, quelques mèches rebelles venaient jouer sur son visage impassible et exempt de toute émotion. Son regard vide était dirigé vers le sol et semblait fixer quelque chose d’invisible sur le carrelage marbré de la grande salle.
Hadès la fixa d’un regard satisfait, l’expérience qu’il avait tentée sur la jeune fille semblait avoir fonctionné à merveille ! Il fit un geste nonchalant de la main pour signifier à sa femme qu’elle pouvait l’enlever de sous ses yeux. Perséphone sourit et ordonna à la jeune fille de la suivre, Shigure obéit docilement et la suivit tel un robot n’ayant d’autre but dans la vie que de suivre les désirs de sa maîtresse.
« Quelle bonne idée que le Collier du Léthé… » souffla Hadès avant de partir d’un grand éclat de rire devant le succès de son œuvre.
« C’est long… »
« Très long… »
« Trop long… » se plaignirent Milo, Kanon et Shura devant la lenteur de leur progression sur l’Achéron. (en citant Astérix Mission Cléopâtre au passage)
« Vous avez qu’à regarder le paysage… » proposa Aldébaran en soupirant devant leur attitude de gamin.
« Quel paysage ? T’as que des stalagmites et de la brume ! » râla Kanon affalé sur le bastingage les bras pendant dans le vide.
« Il a pas tord… » l’appuya Shura en poussant un profond soupir de lassitude.
Il détestait rester à ne rien faire et sur un bateau, c’était précisément ce qu’il devait subir. Au départ il s’était occupé en scrutant la Rivière des Morts lorsque la coque repoussait la brume sur son passage. Mais ce qu’il avait vu alors le fit renoncer à cette occupation : les eaux noires du fleuve contenaient d’innombrables âmes blanchâtres qui erraient sans but au gré du faible courant. Leurs orbites vides semblaient vous attirer vers eux comme s’ils cherchaient à vous faire sombrer dans cette marre visqueuse et fantomatique.
Désespoir, agonie, tristesse, peur, colère… Les expressions étaient légion sur les masques blancs de leurs visages et vous ôtaient toute joie dès que vous posiez les yeux sur eux. Le cadavre d’une femme aux longs cheveux flottants librement dans l’eau passa près de lui, il eut alors la désagréable impression de voir Shigure à la place de ce corps sans vie et en détourna promptement les yeux. Une boule venait de se former dans sa gorge à cause de l’effroyable vision qu’il venait d’avoir, il ferma les yeux et pria pour que sa dulcinée n’ait rien.
« Bon sang, vivement qu’on débarque ! » lâcha-t-il les yeux toujours clos.
Il voulait déjà récupérer la jeune fille et pouvoir la serrer contre lui, la savoir vivante, passer sa main dans ses cheveux, respirer son parfum, se laisser bercer par le son de sa voix, l’embrasser… Death Mask le sortit de sa torpeur avec une de ses habituelles remarques sarcastiques.
« J’peux t’aider à clamser si tu veux, t’arrivera plus vite ahahaha ! »
Shura soupira : ce crabe était vraiment stupide et son humour douteux ! (mais noooon il est marrant !)
« Eh regardez !! » s’exclama le chevalier du Bélier en désignant la proue du bateau.
Tous les regards se braquèrent dans la direction que pointait Mü : deux hautes colonnes de pierre soutenaient un toit à demi affaissé, perçant ainsi la devanture d’un temple dans la roche. Leur destination était enfin en vue ! C’est alors qu’ils remarquèrent que deux gigantesques silhouettes commençaient à se découpler en peu en amont de la porte, et leur joie retomba aussi sec. Il s’agissait sûrement des Gardiens de la porte, ils se tinrent sur leurs gardes prêts à répliquer à tout moment contre leur ennemi. Pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, ils ne ressentaient aucune émanation de cosmos chez les deux êtres démesurés.
A mesure qu’ils approchaient, ils se rendirent compte qu’il s’agissait en fait de deux immenses statues gardant ce qui semblait être l’entrée des Enfers. Ils eurent le souffle coupé devant une telle splendeur qui n’aurait pas eut sa place dans ce monde souterrain si ce n’est qu’elle représentait Perséphone tenant une dague ainsi que son époux, Hadès, son épée runique à la main lui aussi. Les sculptures semblaient avoir été épargnées par le temps : pas une fissure ou une quelconque marque d’usure ne venait gâcher leur beauté.
« Putain, ils ont refait la déco’ ?! » s’écria Milo en admirant les statues divines.
Aucun des chevaliers ne lui répondit, trop absorbés par la contemplation d’une telle merveille qui méritait mieux que les enfers pour salle d’exposition.
« Perséphone, murmura Dohko en détaillant la statue, se pourrait-il que… Non impossible… »
« Quelque chose ne va pas ? » lui demanda Shaka par télépathie en sentant le trouble du chevalier.
« Shaka ? Hm non, c’est juste que…si Athéna avait été là elle aurait put éclairer les questions qui m’assaillent… » répondit-il de façon énigmatique.
« Je vois, fit Shaka en se doutant qu’il ne satisferait pas sa curiosité pour le moment, sache juste que si les doutes qui te rongent peuvent nous aider à progresser il serait sage que tu nous en fasses part… »
« Ne t’en fais pas, c’était bien mon intention. Mais pas maintenant, pas ici, des oreilles indiscrètes pourraient traîner dans les parages… » lui confia-t-il en faisant un signe de tête pers le Passeur qui comptait dans les rangs de leur ennemi.
Shaka acquiesça, il était plus sage d’éviter d’énerver cette créature… La barque heurta bientôt un nouveau ponton et Charon fit réapparaître les trois marches pour permettre aux chevaliers de quitter son navire. Kanon fut le premier à mettre pied à terre, suivit de près par Aphrodite qui était plus que ravi de sortir de cette embarcation du diable. (en l’occurrence d’Hadès mais bon…)
Charon attendit que tous soient descendus puis frappa les tréfonds du fleuve avec sa perche et le navire mortuaire repartit. De nouveau le sinistre rire du Passeur s’éleva dans les airs pendant que sa haute silhouette s’estompait peu à peu derrière l’épais rideau de brouillard. Un profond soupir de soulagement passa dans le petit groupe.
« Bon sang Death Mask, t’es vraiment taré !! » lui envoya le chevalier du Taureau qui ne revenait toujours pas du culot qu’avait eu son frère d’armure.
Un petit rire sarcastique accueillit sa remarque et le Gardien du Quatrième Temple se tourna vers l’entrée branlante de leur prochaine destination.
« Allons-y ! » déclara Shura en déployant tout son courage sur ses compagnons.
Le petit groupe de chevaliers s’engouffra alors dans le passage qui allait leur faire comprendre la réelle signification du mot « enfers »… |