18 Mars 1314, Ile de la cité de Paris.
«Clément, juge inique et cruel bourreau, je t'assigne à comparaître, dans quarante jours, devant le tribunal de Dieu ! Et toi aussi, roi Philippe! ».
Le mur de flammes rougeoyant, entoura l’homme, lui léchant les membres de sa morsure brûlante.
Le crépitement des flammes et les cris de douleur mêlés des chevaliers, ne faisaient qu’alimenter les cris de joie de la foule, avide de sang.
Le Maître de l’ordre, sentant peu à peu la vie le quitter murmura, pour lui et ses hommes, une phrase. Dés que les mots sacrés s’échappèrent de sa bouche, les chevaliers accueillerent la mort, priant Dieu de sauvegarder les âmes de tous ces pêcheurs.
20 avril 2009, Phalsbourg.
Camille haletait.
Dans l’obscurité de sa chambre, elle chercha à tâtons sa lampe de chevet et appuya sur l’interrupteur.
La lumière inonda la pièce. La jeune fille cligna des yeux, et porta sa main à son front. Il était trempé de sueur. Elle mit la main sur sa poitrine, son cœur battait la chamade. Camille regarda ses mains, comme si elle avait pu y voir les brûlures des flammes.
«Veritas vos liberatit ».
Elle connaissait le sens de cette phrase : La vérité vous rendra libres.
L’histoire des templiers n’avait quasiment aucun secret pour elle. Elle avait commencé à s’intéresser à eux à quatorze ans. Elle en avait maintenant seize.
L’homme qui, dans son rêve brûlait, s’appelait Jacques de Molay. Il était le Dernier grand maître de l’ordre des templiers. Brûlé vif avec ces templiers, pour s’être opposé au Pape Clément V.
Une fin malheureuse, pour cet homme plein de courage.
Une sonnerie stridente l’a sortit de ses songes. Elle prit son portable et désactiva son réveil. Encore une journée à s’ennuyer ferme. La routine lui brisait le moral.
Camille laissa échapper un long soupir. Lorsqu’elle se leva, elle faillit tomber à cause des livres empilés prés de son lit.
Les pas de son père, en bas, résonnaient dans toute la maison. Camille ouvrit ces volets. Le temps était brumeux. Les nuages coinçaient le soleil, l’empêchant de faire surface. Mais celui-ci se débattait et laissait apparaître quelques faibles rayons.
-Camille, dépêche-toi un peu ! Cria son père, et dit à ton frère de descendre déjeuner.
Camille soupira :
-Mouai…
Elle se dirigea d’un pas nonchalant vers la salle de bain et s’arrêta. Si je fais pas ce qu’il me dit, il va encore m’embêter. Elle jeta un coup d’œil vers la chambre de son frère. Un gamin de neuf ans, pouvait bien se lever tout seul, non ?
Elle toqua :
-Quoi ?
-Va déjeuner !
-Après. Je finis ma BD, là.
-…
-C’est bon, tu peux partir !
Non mais je rêve ! Quel gamin insolent ! Si je pouvais le frapper pour une fois.
Camille s’habilla en vitesse. Un jean, un t-shirt bleu et une veste en jean.
Elle se regarda dans la glace : ces cheveux étaient tous ce qu’il y avait de plus indiscipliné. Heureusement qu’il n’était pas long, sinon elle s’arracherait les cheveux tous les matin. Elle jeta un regard à sa brosse à cheveux. Jamais servie. Elle se frotta les yeux.
-Tiens mes yeux ont les même couleurs que le ciel. J’avais pas remarqué.
A un nouvel appel de son père, elle attrapa en vitesse son portable, son sac de cours, son mp3 et dévala les escaliers.
Camille avala son petit déjeuner en vitesse et regarda l’heure. 7h30. Elle jeta le pot de son yaourt et courut mettre ces baskets. Elle ouvrit la porte d’entrée et sortit en trombe de la maison. Son père, en voiture, était prés à partir et sans elle surtout. Elle grimpa sur le siège avant et s’attacha.
-La prochaine fois Camille, je ne t’attends pas. Je vais finir par être en retard !
-Oui, oui.
Elle mit la main dans sa poche et sortit son mp3. Elle l’alluma, et sélectionna une chanson au hasard, enfonça ses écouteurs et soupira.
-ça y est-tu es dans ton monde d’adolescente, dit son père d’un ton sarcastique.
Quelle réflexion pleine d’intelligence ! Camille ne répondit pas, elle augmenta le volume.
Qu’est-ce que sa pouvait lui faire ?
Ils arrivèrent en haut de la rue. Camille prit son sac et descendit de la voiture. Le fiat Ulysse bleu démarra, laissant dans son sillage une odeur âcre de fumée. Camille se mit à marcher. Elle avait environ 10 minutes de marche avant d’arriver au lycée. Elle monta sur le trottoir. Sur sa droite, les voitures roulaient dans les deux sens, bien trop vite d’ailleurs.
Elle soupira. Encore ce chemin, encore ce lycée, encore ces voitures. Encore la routine.
Une douce mélodie volait dans ces oreilles. Celle de son film préféré : Kingdom of heaven. Lorsqu’elle l’écoutait, elle avait l’impression durant toute la durée de la chanson, d’être avec le héros.
Sans qu’elle ne sans rende compte, ses pieds l’avaient amené à bon port. Elle regarda les grilles. Finalement, ici, c’était bien une prison.
Elle regarda le bâtiment dont elle connaissait parfaitement la forme et sa vision se dirigea vers la fenêtre de la salle de maths. C’est vrai, aujourd’hui on a une superbe interro sur les fonctions !
Après un long soupir, elle s’engagea dans la cour. |