Partie II
Nous passâmes le reste de la journée ensemble et nous racontions comment s'étaient déroulées nos vies ces trois dernières années, nous n'avions eu aucune nouvelle l'un de l'autre jusqu'à ce jour. Nous nous remémorions d'innombrables et lointains souvenirs, qu'ils soient heureux ou non. Nous allâmes à chaque endroit de la ville qui nous rappelait le temps où nous sortions ensemble: la Prairie des Filtres au bord de la Garonne, la place Jeanne d'Arc, le Jardin Japonais de Compans Caffarelli... Sans que nous ne nous en rendions compte, le ciel commençait déjà à s'assombrir.
Nous nous séparâmes et partîmes chacun de notre côté après de longues embrassades.
Bien plus tard dans la soirée je finissais de déballer mes affaires, la moitié de mes habits était déjà éparpillée un peu partout dans la chambre et la moitié de la seconde moitié était à peu près rangée. Je m'attaquai au dernier sac plein et, surpris, je redécouvris un vieil album photo. Je l'avais acheté quelques années plus tôt, mais la plupart des photos qui le remplissaient étaient, pour la plupart, assez récentes. Il y avait toutes les photos de mes camarades de l'étranger, celles de l'établissement où j'étudiais, de la ville où j'étais et quelques paysages... Il y avait également les portraits des membres de la famille qui m'avait logé et des amis que je m'étais fait en dehors des cours. J'avançais dans le passé au fur et à mesure que je tournais les plages de l'album et, inéluctablement, je retombai sur les photos qu'Elle et moi avions prises avant de nous quitter; elles étaient nombreuses. Certaines me paraissaient totalement futiles, d'autres me rendaient mélancolique ou nostalgique et quelques unes me firent rire de bon cœur. Je ressentis soudain l'envie d'appeler celle qui figurait sur ces photos, je saisis donc mon téléphone sans attendre et composai le numéro qu'Elle m'avait donné quelques heures plus tôt. La sonnerie retentit quelques secondes durant lesquelles je retins machinalement mon souffle. Lorsqu'elle décrocha enfin de l'autre côté du fil, je lui répondis promptement et lâchant un soupire de contentement. Je me sentis quelque peu idiot de réagir comme un adolescent amoureux mais, dans la voix de ma correspondante, je décelai une excitation comparable à la mienne. Un large sourire se dessina alors sur mon visage et en peu de temps je parvins à retrouver mon calme habituel. Nous commençâmes alors une conversation longue et passionnée dont le principale sujet était d'abord les photos que j'avais retrouvées. Puis nous évoquâmes chacun des souvenirs qui s'y rattachaient directement ou non, l'intimité avec laquelle nous parlions se fit progressivement plus forte, plus profonde. Un sentiment incontrôlable semblait renaître en moi et cela devait aussi, sûrement, se produire chez Elle.
Nous nous donnâmes rendez-vous à l'endroit où nous avions l'habitude de nous retrouver lorsque nous sortions ensemble avant de raccrocher, puis nous nous revîmes le lendemain en fin de matinée.
Nos liens ne cessèrent de se renouer depuis. Petit à petit, nous ressentions tous les deux le besoin insatiable de nous retrouver aux côtés de l'autre et plus on se voyait, plus cette envie grandissait. L'amitié que nous partagions prenait une forme plus complexe et l'un pour l'autre, nous devînmes finalement indispensable.
Un soir, malgré l'obscurité qui régnait en ville et le froid qui s'engouffrait dans chacune de ses rues, nous décidâmes de nous rejoindre au centre ville. Nous allâmes ensuite vers le Canal du Midi qui se trouvait à cinq minutes de notre lieu de rendez-vous puis commençâmes une balade nocturne. Au début de la promenade nous parlions de tout et de rien sans aucune gravité, mais peu à peu, nos paroles se firent plus rares, plus discrètes. Aucun de nous ne parvenait à articuler le moindre son ou, lorsque l'un de nous arrivait à relancer la conversation, le silence retombait aussitôt, toujours plus pesant et insoutenable.
-Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas marché ainsi, dit-elle d'une petite voix, ça me manquait.
Elle avait hésité quelques secondes. Nous revenions déjà sur nos pas et n'allions pas tarder à arriver au pied de son immeuble.
-La dernière fois, repris-je sur le même ton qu'elle, il faisait encore jour et on mourait de chaud.
-Oui, et nous nous tenions la main.
Il y eu un court silence. Elle reprit ensuite:
-Tu sais, tout ce temps, je n'ai pas arrêté de penser à toi. Tu ne donnais aucune de tes nouvelles, je croyais que tu me détestais au point de ne plus vouloir me parler ou que tu m'avais oubliée. Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas écrit ne serait-ce qu'une simple lettre? Je t'aimais vraiment, et même si on ne pouvait plus se voir j'aurais aimé que tu me montres que je représentais encore quelque chose à tes yeux. Tu n'as pas quitté mon esprit une seule seconde, même quand d'autres garçons me demandaient d'être leur petite amie, même quand je me résignais à sortir avec eux dans l'espoir de tourner la page, de passer à autre chose. Est-ce que c'était pareil de ton côté? Est-ce que tu as réussi à tourner la page et à te faire une nouvelle vie amoureuse?
-J'ai seulement eu quelques histoires sans importance, répondis-je. Rien de plus.
-Rien de plus? Vraiment?
Nous arrivâmes un peu plus tard au seuil de la porte de son appartement. Elle me remercia de l'avoir raccompagnée jusque là et de lui avoir accordé un peu de temps malgré l'heure qu'il était. Nous nous fîmes la bise pour nous dire au revoir puis nous enlaçâmes. Je m'apprêtai à me détacher de son étreinte mais elle resserra ses bras autour de ma taille, m'empêchant ainsi de m'éloigner.
-Reste, s'il-t-plait, murmura-t-elle. Je ne veux pas que tu partes. Tu m'as tellement manqué... Je sais qu'on se reverra dans la semaine, que tu rentre juste chez toi et que tu resteras à Toulouse pour longtemps encore, mais je te veux encore avec moi pour cette nuit.
Elle leva la tête et plongea son regard larmoyant dans le mien. Ses yeux me séduisaient, je ressentais une chaleur extraordinaire m'envahir en les regardant. Il y avait véritablement en elle un pouvoir que je n'avais connu chez aucune autre femme, un pouvoir qui me dominait de toute sa puissance et qui arrachait mes sentiments les plus profonds. Nos visages se rapprochèrent tandis que je demeurais sous le charme de son regard, nous étions attirés l'un vers l'autre comme de simples aimants, nos lèvres se scellèrent en un baiser. Nous restâmes immobiles un poignée de secondes puis échangeâmes un long regard plein d'amour et de désir avant de nous embrasser à nouveau. Les caresses de la demoiselle, la sensation de sa bouche qui fusionnait avec la mienne et la sensualité de ses soupires m'excitaient. Je la plaquai contre la porte et l'embrassai, la caressai avec plus d'ardeur, ne pouvant plus contenir mes sentiments ni mes pulsions. Elle me repoussa doucement, ouvrit la porte et me fit entrer en me tirant par la poignet; elle verrouilla la porte puis m'attira vers elle pour m'embrasser amoureusement. Elle me mena ensuite dans sa chambre. Nous nous déshabillâmes mutuellement, impatients de gouter de nouveau au corps nu de l'autre; je l'allongeai sur le lit et achevai de lui retirer ce qui lui couvrait encore la peau, je pouvais enfin parcourir son corps chaud de mes mains, de mes lèvres humides et de ma langue. Je massai sa poitrine, fis glisser une de mes mains sur ses hanches puis ses cuisses...
J'oubliai tout. Plus rien n'avait d'importance, le monde autour de moi n'avait plus aucune valeur, je ne m'occupais plus du temps qui défilait comme les paysages de l'autre côté de la fenêtre du train, plus rien ne comptait à mes yeux à cet instant. Plus rien de comptait sauf elle, sauf cette femme, sa présence et la chaleur de son corps. Il me semblait que nous étions loin de tout, loin du temps et du monde extérieur, nous étions englobés dans une dimension chimérique et éphémère mais, en fait, il n'en n'était rien. Un léger vent soufflait au dehors et les bruits de la ville parvenaient jusqu'à nous, nous appartenions bien au monde réel, nous existions tous les deux dans la réalité.
Je sentais son cœur battre et sa respiration haletante qui effleurait mon cou, la souplesse de ses cheveux, la douceur de sa poitrine appuyée contre mon torse, ses mains crispées dans mon dos, son bas-ventre qui frémissait... Je l'entendais soupirer de plaisir, murmurer mon nom entre deux souffles, je ressentais tout son être m'appeler et m'attirer en elle et je lui répondais par des caresses, des baisers, lui murmurais des gentillesses... lui disais que je l'aimais.
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Voici la deuxième partie de la fiction. J'espère qu'elle vous a plu ^^ je tâcherais de vous livrer la troisième et peut être dernière partie le plus tôt possible!!
Bye neeeee et à bientôt j'espère!! =D
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