Un sourire, une parole, un baiser, une vie,
Tout cela est tellement éphémère;
Une année entière tout autant qu'une nuit
A mon regard passe en un éclair.
Des liens tout juste tisses déchirés par le sort
Sont la devenus mon quotidien.
Nulle question de dispute, de savoir à qui raison ou tort
Où la mort arrache mes amis de ma main.
Quelle entité cruelle que mon ennemi le temps.
Combien de siècles déjà ont passe ?
Tant que je doute un jour avoir été enfant,
Tant que je ne sais plus depuis quand il m'a oublié.
Je ne puis me fier à aucun souvenir :
Tous sont souillés par de plus récents.
J'ai vu depuis le début l’humanité se construire.
Personne ne devrait souffrir d’être si longtemps.
De guerre en découverte, de pleurs en réjouissances,
J'ai toujours seul parcouru le chemin.
Au diable donc les joies de l'existence,
Sans Amour, elles ne valent plus rien.
J'ai cherché l'âme soeur des siècles durant,
Moitié d'être figé dans les âges,
Mais ce corps insensible au temps
N'autorise autre amour que celui du voyage.
Soumis par la peur des pauvres mortels
Envers ce front des rides immunisé,
Plus de sept ans jamais ne pu goûter le miel
D'une même terre, pariat de la société.
Pendant des décennies, j'ai maudit le destin,
Ai clamé ma haine de ce qu'il fit de moi,
Mais après avoir connu mille morts, en vain,
Je me suis résigné à cette vie sans loi.
Ni les pierres du Clan des Plaines, ni les lames des legionnaires
N'ont réussi à avoir raison de moi.
Balles de fusil, éclats d'obus en fer,
La douleur venait, mais pas le trépas.
Pour l'heure, une nouvelle guerre s'est déclarée.
A quelle époque sommes-nous déjà ?
Que vais-je encore devoir manier :
Lance ? Fusil ? Je ne sais pas...
Mais qu'importe l'arme utilisée ?
Le résultat final sera le même qu'avant :
Là où ils craignent le glas, je ne serai qu'ennuyé,
A la paix revenue, je serai survivant.
Je suis las, fatigué, mais rien n'y fait :
C'est ainsi, le Ciel me refusera toujours mes ailes.
Sans but ni compagne, j'existe et me tais,
Condamné à l'oubli, esseulé immortel. |