Kuro traversait mécaniquement le dédale de couloirs qu’il avait prit soin de mémoriser la première fois qu’il s’y était rendu. Il tourna à droite et croisa un petit groupe de soldats d’un rang bien inférieur au sien qui s’inclinèrent respectueusement en le croisant. Il leur répondit d’un bref mouvement de tête désintéressé, il n’était pas là pour parler avec des personnes qui le ralentiraient dans ses projets. D’une démarche assurée mais en prenant garde de ne pas attirer l’attention sur lui, Kuro se faufila dans un nouveau couloir dont les torches violettes éclairaient les murs d’une pâle lueur fade. Deux gardes surveillaient la porte massive perçant la fin du corridor de ses lourdes portes noires gravées de démons avides de chair humaine. Ils se redressèrent en voyant arriver un de leur supérieur et le saluèrent avec respect.
« Seigneur Kuro, que faites-vous ici ? » demanda le premier en prenant son rôle très au sérieux.
« V-vous n’avez p-pas le d-droit d’entrer ! » déclara le second d’une voix moins assurée que son collègue.
Un simple coup d’œil permis à Kuro de cerner la nervosité et le soupçon de crainte des gardiens de la porte, l’un faisait comme s’il n’avait pas entendu ce que venait de dire son camarade et l’autre broyait avec nervosité le manche de la lance qu’il tenait comme si on voulait attenter à sa vie. Il calcula rapidement le danger potentiel qu’ils pouvaient représenter mais jugea vite que les deux hommes cèderaient rapidement s’il employait les bons arguments.
« Je reçois mes ordres directement de notre Maître, j’ai donc le droit d’entrer où je le désire. » leur répondit-il avec une once de dédain dans la voix.
Il s’avança calmement vers eux en les toisant de son regard froid, ce qui mit mal à l’aise le plus nerveux des deux. Il devait jouer son rôle à la perfection s’il voulait les convaincre de le laisser passer dans les plus brefs délais, si quelqu’un apprenait qu’il était entré…qui sait quels châtiments lui seraient infligés pour avoir dûment désobéi au Seigneur des Enfers…
« M-mais, il est interdit d-de… »
« Tais-toi tu vas nous faire virer ! » le coupa le premier garde quand même méfiant.
« Les chevaliers d’or se sont infiltrés aux enfers, je ne vous conseille pas de faire perdre du temps dans la contre attaque de notre Maître en m’empêchant de passer par cette porte. A moins que, bien sûr, vous ne vouliez déclencher son courroux. » rétorqua calmement Kuro en se montrant implacable.
Ces paroles eurent l’effet escompté et les tétanisèrent sur place. Ils n’osaient même pas imaginer le sort que leur réserverait Hadès s’ils lui désobéissaient. D’un mouvement gauche, les deux gardes lui laissèrent le passage libre en se confondant en excuses la tête basse. Kuro ne prit même pas la peine de leur répondre et pénétra dans la pièce en refermant les portes derrière lui. Il aurait aisément put se fondre dans les ténèbres et s’y matérialiser sans prendre la peine de passer devant les gardes mais il aurait prit le risque d’éveiller les soupçons du couple divin voire même de Rhadamanthe qui le soupçonnait de comploter quelque chose.
Il laissa échapper un soupir de soulagement à peine perceptible en constatant qu’il était seul dans la pièce, il n’avait pas beaucoup de temps. Il s’avança lentement vers la prison aqueuse dans laquelle reposait paisiblement le corps de Fitz. La jeune fille n’avait pas bougé depuis la première fois qu’il était venu lui rendre visite. Ses yeux clos apaisaient son visage la faisant passer pour seulement assoupie. Kuro fit le tour de la cuve en silence, il devait vérifier quelque chose avant de mettre son plan à exécution. Un éclair de satisfaction passa dans son regard : la jeune fille ne portait pas de collier similaire à celui de son amie.
Cette nouvelle le réjouit mais il se garda de montrer ses émotions au cas où on le surveillerait. Il refit le tour de la cuve pour se mettre face à la jeune fille et se surprit à se demander à quoi pouvait bien penser l’ancienne protégée des chevaliers maintenant qu’elle était dépourvue de sa deuxième personnalité. Il approcha doucement la main du liquide rosé qu’aucune paroi ne retenait. Ses doigts effleurèrent l’eau enveloppée du cosmos d’Hadès et il fut étonné de ressentir les battements de cœur réguliers à travers l’élément aqueux. Dans un moment de faiblesse, il ferma les yeux pour écouter le doux bruit apaisant des palpitations du muscle cardiaque de la jeune fille. Quand soudain, il fut happé par la conscience de Fitz cherchant à savoir qui était cet inconnu. La détresse et les appels à l’aide qu’elle lui lançait le prirent de court et l’assaillirent de toute part avant qu’il n’ait eu le temps de réagir.
Il rouvrit les yeux et s’écarta promptement de la prison de la jeune fille dans un mouvement de recul spectaculaire. Il venait de commettre une énorme erreur ! Si jamais Hadès se rendait compte de ce qu’il venait de faire ses chances de réussir seraient réduites à néant et il ne manquerait pas de se faire sévèrement corriger par ce dernier… Il avait été stupide ! Il devait réparer au plus vite cette erreur avant qu’il ne soit repéré.
Mais un cri surgissant de nulle part le fit arrêter de penser à une nouvelle stratégie. Il tourna vivement la tête en direction du hurlement en essayant d’analyser rapidement ce qu’il pouvait représenter comme menace pour ses projets et lui-même. Un mauvais pressentiment forma une boule dans son estomac et lui fit serrer le poing, quelque chose n’allait pas. Il jeta un nouveau regard vers Fitz et vit avec horreur deux larmes couler sur les joues de la jeune fille. Ce signe ne pouvait signifier qu’une seule chose. Il se rua hors de la pièce, faisant sursauter les gardes qui n’avaient pas quittés leur poste et se précipita en direction du cri qui avait été poussé. D’après la réaction de Fitz, il ne pouvait appartenir qu’à une seule personne…
« Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse d’elle ? » ronchonna le premier garde.
« C’est toujours pour nous le sale boulot, j’en ai marre d’être pris pour un larbin ! Je vaux autant que ce Kuro ! » râla le second en traînant sans ménagement le corps de Shigure avec l’aide de son coéquipier.
La jeune fille avait perdu connaissance avant même que les gardes ne la transportent comme une vulgaire marchandise à travers le dédale de couloirs que comprenait le monde souterrain. Elle avait perdu beaucoup trop de sang et ses blessures étaient trop douloureuses pour qu’elle arrive à les supporter sans rien dire, elle avait sombré dans une semi léthargie dont elle revenait parfois avant d’y replonger de nouveau quelques secondes plus tard. Les gardes n’avaient cure de sa blessure au ventre dont le saignement ne s’était toujours pas arrêté, ils avaient à peine remarqué qu’elle avait une épaule démise et le bras en sang alors qu’ils la lâchèrent sans ménagement contre un mur telle une poupée disloquée.
« Putain j’ai le bras en compote à cause d’elle, elle va attendre cinq minute que je me repose ! » déclara l’un des gardes en crachant par terre.
« Ca m’emmerde aussi mais faudrait quand même pas qu’on se fasse choper ! J’ai pas envie de me faire botter le cul même si ça me démange de leur dire ce que je pense ! » se rebella l’autre en faisant craquer ses articulations.
Son confrère renifla bruyamment et jeta un coup d’œil à l’objet de leur mécontentement. Ils l’avaient laissée contre un mur sans précaution, ses mèches de cheveux lui cachaient son visage tuméfié par les coups du juge. Sa lèvre fendue avait arrêté de saigner et présentait maintenant une couleur bleuie tirant sur les violets. Un morceau de son armure pectorale qui s’était fissurée lors de son combat contre Kanon et les autres chevaliers s’était détaché et découvrait un peu plus que d’ordinaire une partie de son sein gauche. Sa blessure au ventre saignait moins qu’avant mais un mince filet de sang continuait néanmoins de s’en écouler lentement. Le regard du garde s’attarda sur le décolleté de l’armure de la jeune fille et glissa vers sa cuisse nue que sa jupe tâchée ne couvrait plus. Un sourire pervers se dessina sur ses lèvres minces.
« Eh, tant qu’à faire…vu qu’elle est dans les vapes, on a qu’à en profiter… » glissa-t-il à son collègue une étrange lueur allumée dans le regard.
« C-ça va pas !! C’est l’esclave du Maître ! Si jamais on se fait prendre… » paniqua le second en regardant autour de lui de crainte d’avoir été entendu.
« Pff de quoi t’as peur ?! Y a personne, elle est inconsciente et y a aucune chance qu’on nous remarque, c’est l’occasion de prendre du bon temps gratuitement grâce à notre seigneur ! » continua-t-il en ne se gênant pas pour caresser la cuisse de la jeune fille pendant qu’elle ne s’en rendait pas compte.
« T’es fou ! Je veux pas courir le risque de… »
« Oh t’es lourd ! Y a personne j’te dis alors on tire notre coup et on la dégage c’est tout ! Ni vu ni connu, elle peut rien dire elle est sous l’influence du maître donc on sera jamais dénoncés ! » le coupa-t-il de plus en plus impatient.
« Bon…bon d’accord, mais vite fait alors… » concéda son équipier en regardant une nouvelle fois s’il n’y avait pas âme qui vive dans le corridor.
« Héhé, j’me la fait en premier. Rends-toi utile et surveille le couloir au cas où. » lui ordonna-t-il en redressant un peu la jeune fille pour se mettre à l’aise.
Peu rassuré, le second garde s’exécuta et scruta les alentours prêts à donner l’alerte si jamais quelqu’un approchait. Il jeta un coup d’œil à son camarade qui avait déjà commencé à s’amuser avec la jeune fille en lui léchant le cou tout en lui palpant les seins en essayant de lui enlever son bustier. Shigure toujours inconsciente ne se rendait compte de rien. L’homme penché sur elle s’amusait à parcourir son corps avec sa langue tout en laissant vagabonder sa main sur son anatomie féminine en s’attardant principalement sur l’entre jambe de la malheureuse. Par moments il lui mettait des claques sur les cuisses ou la giflait par simple plaisir sadique. Quand ses coups devinrent plus forts, la jeune fille lâcha un gémissement de douleur ce qui réjouit un peu plus son bourreau.
« Ah ! Tu aimes ça hein ! T’inquiète, je vais bien m’occuper de toi héhé, ça va être bon ! » jubilait-il au comble de l’excitation.
« Grouille-toi bon sang, j’ai pas envie de me faire choper avec tes conneries ! » râla l’autre garde qui commençait à s’impatienter.
« Ouais ouais, je vais bien la détruire ! » déclara-t-il en arrachant à moitié la jupe de la jeune fille les pupilles dilatées de plaisir.
Bouillonnant d’excitation, il plaqua sans ménagement l’ancienne apprentie capricorne contre la paroi en lui arrachant un petit cri de souffrance. Il n’y prit pas plus attention que ça et préféra s’affairer à lui écarter les jambes avec un regard avide.
« Bon sang c’est le pied ! » s’extasia-t-il en commençant à se soulager seul en regardant ce corps offert et sans défense.
Voyant qu’elle commençait à revenir à elle, il prit son visage dans sa main et l’obligea à le regarder dans les yeux tandis qu’il la força à l’embrasser. Semi consciente, Shigure ne comprit pas trop ce qui lui arrivait. Elle sentait un poids sur son corps et quelque chose qui s’insinuait dans sa bouche en bougeant avec vigueur mais elle ne réussit pas à identifier ce dont il s’agissait. Un voile trouble persistait devant ses yeux l’empêchant de voir correctement ce qui se passait. Elle sentit une main de fer s’insinuer derrière sa tête en lui agrippant sauvagement les cheveux pour lui imposer un rythme étrange. Le souffle rauque qu’elle entendait tout près d’elle lui indiquait qu’une personne se trouvait là mais elle était encore trop faible pour esquisser le moindre mouvement pour chercher à savoir de qui il s’agissait.
Comme elle ne réagissait pas, elle entendit la voix d’un homme gronder quelque chose qu’elle ne comprit pas et un poids énorme s’abattit sur sa joue sans prévenir. Elle ne put réprimer un nouveau cri de douleur et aperçu enfin à travers un brouillard, la silhouette d’un homme face à elle. Elle cligna des yeux et une fine larme due à la souffrance que lui faisaient endurer ses blessures roula silencieusement sur sa joue. Elle vit alors avec horreur que le garde était à moitié nu sur elle et une vague de terreur l’envahit sur le champ. La panique emplit son regard alors que l’homme la saisissait à la gorge avec un fier sourire débordant de sadisme. Il la força de nouveau à l’embrasser en insinuant sans ménagement sa langue entre les ses lèvres et fut parcourut d’un frisson de plaisir lorsqu’elle chercha à se débattre faiblement et à se défaire des mains s’insinuant sur sa poitrine.
« Tu vas adorer ! » lui lâcha-t-il avec satisfaction en lui léchant la courbure du cou.
Shigure comprit alors ce qui était en train de se passer : elle allait se faire violer ! Non ! Elle ne voulait pas ! Il fallait qu’elle s’échappe, qu’elle arrive à surmonter sa faiblesse pour le repousser ! La terreur déferla dans ses veines comme un torrent glacé et décupla ses forces. Le cosmos d’Hadès fusa en elle et s’échappa de son corps sans qu’elle ne sache comment elle contrôlait ce phénomène ni si elle pouvait l’arrêter. L’attaque qu’elle réservait aux chevaliers d’or sous la contrainte se matérialisa subitement pour combattre son agresseur. Le garde plus que surpris par ce brusque changement n’eut pas le temps de pénétrer l’intimité de la jeune fille pour lui arracher sa virginité. Des épées aux lames affutées toutes aussi tranchantes que l’excalibur apparurent autour de la jeune fille, la protégeant de l’ignominie qu’elle avait faillit subir. Les lames tournoyèrent à une vitesse impressionnante et déchiquetèrent sans ménagement le corps des deux gardes qui la retenaient prisonnière. Des morceaux de chair volèrent dans tous les sens alors qu’un flot de sang jaillissait des dizaines d’entailles mortelles qui perçaient les corps des sbires d’Hadès. L’abdomen du violeur fut littéralement déchiqueté, des bouts d’intestins en bouillis allèrent s’écraser contre les parois du mur derrière la jeune fille alors que des bouts d’organes en charpie venaient maculer son corps détrempé du sang de son agresseur.
Un cri monta dans la gorge de Shigure alors qu’elle repoussait l’attaque qu’elle avait failli vivre. Un grondement rempli de la rage et du désespoir qui l’avait conduite à se transformer en une machine à tuer pour sauver sa vie. Un hurlement qui couvrit même les spasmes d’agonie que crachaient les gardes des enfers en se faisant sauvagement mutiler. Une explosion de cosmos éclata dans le corps de la jeune fille qui n’arrivait pas à en contrôler la puissance destructrice. Les chairs de ses bourreaux furent transpercées par cinq épées en plein dans le thorax et les écartelèrent de l’intérieur, les déchiquetant dans d’atroces souffrances en une pluie de sang. Les morceaux de corps s’écrasèrent contre les murs et le plafond, tapissant le couloir d’un rouge sombre dégageant une forte odeur de fer à la limite de l’insoutenable. Des parcelles de muscles et d’organes se détachaient du plafond gluant de sang et tombaient dans un bruit flasque et immonde.
Tout redevint calme, le cosmos destructeur de Shigure disparut aussi soudainement qu’il était apparu laissant la jeune fille haletante et encore perclus par la peur et la surprise de ce qui venait de se passer. Quand elle réalisa enfin, un haut le cœur la prit devant cette scène de boucherie et elle vomit toute le bile qu’il lui était possible de rendre. Son estomac régurgita toute l’horreur qu’elle venait de commettre et se débarrassa de l’insoutenable sensation de l’anatomie du garde enfoncée dans sa bouche. Des larmes se mêlèrent au sang la maculant et aux sécrétions maculant son armure et son vêtement en lambeaux tandis que son corps était parcouru de tremblements frénétiques qu’elle n’arrivait pas à réfréner. Des bruits de pas et le hurlement d’ordres en provenance d’un des couloirs adjacents la tirèrent de sa torpeur et obligèrent ses jambes à lui obéir de nouveau pour s’enfuir à travers un dédale dont elle ne connaissait rien. La peur lui donnait des ailes et la faisait progresser plus vite que jamais malgré le fait qu’elle soit toujours secouée par des spasmes de dégoûts et les tremblements incessants de la peur qui ne cessait de la tenailler. Elle ne savait pas comment elle en était arrivée là, elle ne se souvenait d’absolument rien avant sa rencontre avec Shura. Shura ! Son chevalier était ici ! Il fallait qu’elle le retrouve pour qu’il la fasse s’enfuir de cet enfer sans nom ! Non….c’était un homme lui aussi… Un homme qui pourrait l’avilir avec de sales pensées et des actes immondes comme elle avait failli subir.
Un nouveau spasme lui pris le ventre et elle dû s’arrêter un moment contre un mur pour vomir son dégoût des hommes et la terreur qui lui vrillait toujours les tripes.
« La voilà ! Arrêtez-la !! » s’écrièrent deux nouveaux gardes à l’autre bout du couloir en courant droit sur elle.
Non…pas encore ! Le visage de l’homme qui avait failli la violer se juxtaposa sur celui de tous les gardes qui lui arrivaient dessus et une nouvelle vague de peur l’envahit sur le champ.
« Non !! Laissez-moi !! » hurla-t-elle en proie à la panique en projetant sans savoir comment une vague de cosmos contre ses assaillants.
Les ennemis se reçurent l’attaque de plein fouet sans avoir eu le temps d’esquisser le moindre mouvement défensif, ils furent projetés contre les murs et deux épées vinrent se loger dans le thorax de chacun avant qu’ils aient eut la chance de répliquer.
Shigure ne prit pas le temps de se demander comment elle avait fait, elle poursuivit sa course droit devant elle et entrevit une étincelle d’espoir lorsqu’elle vit les contours d’une porte se dessiner au bout du couloir. Mais elle n’eut pas le temps de l’atteindre, l’attaque de trois gardes fusa dans son dos et la percuta alors qu’elle cherchait à s’enfuir par la nouvelle issue. Elle poussa un cri de surprise et de douleur en se recevant une boule de feu dans le dos lui brûlant méchamment une partie de l’épaule et des cheveux. L’attaque la fit passer à travers la porte qu’elle voulait emprunter en la faisant voler en éclats qui vinrent se loger dans son corps déjà bien mutilé. Elle tomba et glissa contre le sol rêche dont les pics de roches tranchants lui entaillèrent sauvagement le bras et le ventre. Des gravillons s’introduisirent dans la plaie que lui avait infligée Rhadamanthe et la firent gémir de douleur en la faisant saigner de nouveau. Elle percuta violemment un objet métallique avec son dos et un voile noir passa devant ses yeux lorsque sa tête heurta avec force ce même matériau. Des étoiles dansèrent devant ses yeux et elle ne put bouger ni même penser à esquisser le moindre mouvement défensif pour tenter de contre attaquer. Les pas des soldats résonnaient sur le sol rocheux et emplissaient sa tête d’un martèlement sourd lui provoquant une horrible migraine alors qu’un filet de sang lui coula dans le dos à travers sa chevelure.
Elle vit avec désespoir les gardes se rapprocher rapidement d’elle à travers les points noirs dansant devant ses yeux, tout était perdu. Elle était trop faible pour leur échapper une seconde fois. Elle tenta vainement de se redresser mais ses forces l’abandonnaient peu à peu et elle se sentait de nouveau sombrer vers les méandres de l’inconscience. Shigure ferma les yeux, il était inutile de résister dans son état. Le sang suintant de ses plaies la ferait probablement succomber d’une hémorragie si la douleur de son épaule démise et de sa multitude d’autres blessures ne l’achevait pas avant. Elle se sentait partir très lentement et de nouvelles larmes roulèrent sur ses joues, des fragments de douleur translucides baignant son visage dans le regret de n’avoir put retrouver ses amis…
Pourtant, elle sentit une douce chaleur s’élever à côté d’elle et un bras d’une douceur apaisante passa autour de ses épaules de façon protectrice. Etait-elle déjà en train de passer de l’autre côté ?
« Lightening Plasma !! » rugit la voix du chevalier du lion tout proche d’elle en envoyant ne salve d’éclairs électrocuter ses ennemis.
Aucun garde ne put réchapper de l’attaque foudroyante lancée contre eux et ils furent carbonisés sur place dans la seconde qui suivit l’impacte dans des cris de souffrance atroces. Shigure les apercevaient en train de se consumer à travers le brouillard de ses yeux en cherchant à remettre de l’ordre dans sa tête. Quelqu’un l’avait aidé à leur échapper, mais qui et pourquoi ? Elle connaissait cette attaque, pourtant les réminiscences de ce cosmos s’effaçaient à mesure que la contrainte d’Hadès commençait à reprendre le dessus sur sa volonté. Une voix l’appela et lui demanda quelque chose qu’elle ne comprit pas, son esprit s’embrouillait de plus en plus et sa conscience s’effilait sans qu’elle ne parvienne à la retenir. La main qui l’avait protégé se referma sur son épaule démise et lui arracha une grimace de douleur agrémentée d’un petit gémissement plaintif. Quand elle se rendit compte qu’elle était près d’un homme, la panique la saisit de nouveau et elle tenta de s’enfuir.
« N-non !! Lâchez-moi !! » cria-t-elle en cherchant à se débattre avec le peu de forces qu’il lui restait.
« E-eh Shigure c’est moi, c’est Aiolia. » lui fit-il pour la rassurer à demi étonné par sa réaction.
« A…Aiolia ? Aioliaaaa…… » sanglota-t-elle en se recroquevillant, heureuse d’avoir enfin trouvé un visage amical dans cet enfer.
Tel un grand frère protecteur, il lui caressa doucement l’épaule pour la rassurer en lui disant des paroles se voulant apaisantes malgré ce qu’il venait de se passer. Il ignorait ce qui lui était arrivé, mais à voir son état physique et mental elle avait dû endurer quelque chose de terrible… Toutes les blessures qu’elle avait…il n’osait pas imaginer comment elles lui avaient été infligées.
« Chut, je suis là ne t’inquiète pas… Je ne laisserais plus ça t’arriver… » lui chuchota-t-il en sachant pourtant qu’il ne pourrait pas tenir sa promesse.
Déjà des bruits de pas résonnaient dans les couloirs, alertés par l’utilisation massive de cosmos en si peu de temps. Il pouvait essayer de la défendre mais il n’arriverait pas à sortir de sa prison pour la protéger comme il se devait. Pour couronner le tout, le poids du corps de Shigure s’affaissant peu à peu contre lui lui indiquait que la jeune fille était en train de sombrer dans l’inconscience. Il jura mentalement et serra la jeune fille contre lui en préparant une nouvelle attaque. Il fallait qu’il la protège, il le devait…quel qu’en soit le prix il ne pouvait pas laisser cette horreur se reproduire…
Quand les premiers soldats firent leur apparition, Lia ne prit pas le temps de réfléchir et leur envoya une salve de Lightening Volt les propulsant contre les parois des murs avant qu’ils aient eut le temps de réfléchir. Il repoussa les assaillants tant bien que mal en tenant Shigure qui s’était évanouie contre lui, mais les ennemis étaient nombreux et il était seul… Un soldat réussit à lui entailler sauvagement le bras qui protégeait la jeune fille mais il n’y fit pas attention, il attrapa le garde et l’assomma contre les barreaux de sa prison avant de le repousser sans ménagement sur les autres sbires d’Hadès. Mais cela ne les ralentis que peu de temps, deux ennemis sautèrent sur Aiolia lui arrachant Shigure des bras sans qu’il ne puisse faire quelque chose. Il poussa un cri de rage et en éloigna un en lui assénant une décharge de cosmos en pleine poitrine. Le garde s’affala sur la jeune fille dans un cri de souffrance lorsque son thorax explosa sous l’impact du cosmos d’Aiolia et une rivière de sang macula Shigure gisant toujours inconsciente à terre. Le deuxième se montra plus malin et asséna un violent coup de lance dans l’estomac du chevalier du Lion qui se plia plus par surprise que de douleur. Il empoigna le sbire par la nuque et lui écrasa la figure contre les barreaux de sa prison, la tête de l’homme émit un craquement sinistre tandis que des gouttelettes d’hémoglobine vinrent éclabousser le visage et l’armure d’Aiolia. Dès qu’il fut hors d’état de nuire il reporta son attention sur la jeune fille.
« Shigure ! » l’appela-t-il en poussant sans ménagement le garde qui était tombé sur elle.
Il ramena la jeune fille contre lui et lui enleva des mèches de cheveux poisseuses de sang collée sur son visage, le regard inquiet mêlé à la tristesse qu’il éprouvait de la voir si amochée. Mais il n’eut pas le temps de s’enquérir plus longtemps de l’état de Shigure car une nouvelle vague de gardes d’Hadès entra en trombe dans la pièce. Aiolia jura et envoya un autre Lightening Volt écraser ses ennemis, trois en réchappèrent et envoyèrent une attaque simultanée sur la geôle du chevalier et de sa protégée. Il eut juste le temps d’éloigner Shigure que l’attaque fit voler en éclats les barreaux en projetant Aiolia contre les parois de sa cellule. Son armure le protégea en grande partie de l’explosion et des brûlures qu’elle avait engendrées même si certaines flammes sournoises avaient néanmoins réussies à s’infiltrer pour se repaître de sa chair. Il se releva péniblement, un bras en sang et l’arcade sourcilière ouverte et se précipita vers Shigure. Il vit avec soulagement qu’elle n’avait été que légèrement touchée et se fit aussitôt assaillir par ses poursuivants.
Les gardes n’avaient reçus qu’un entraînement sommaire et peu aboutit contrairement à celui d’un chevalier d’or. Aiolia repoussa le premier sans difficulté malgré sa blessure au bras et n’eut guère plus de mal à se débarrasser du second. Il tenta de prodiguer les premiers soins à Shigure avec son Lion Cure mais il eut à peine le temps de commencer la guérison que deux gardes lui sautèrent dessus et le renversèrent au sol avec force. Il se défendit en déchainant la fureur de son signe mais son corps se fit d’un coup beaucoup plus lourd. Ce changement fut si brutal et si soudain qu’il eut l’impression d’être rentré dans un mur à pleine vitesse et il en eut le souffle coupé. La pression sur son corps était si forte qu’il crut que sa tête allait exploser sous l’afflux de sang qui lui arrivait dans les tempes. Shigure se cambra violemment et se mit à convulser dangereusement en hoquetant.
« Shigure ! » paniqua Aiolia en s’agenouillant près d’elle en lui soutenant la tête pour ne pas qu’elle s’étouffe.
« …ol……lier…..c….o…..llier….. » bafouillait-elle en s’étranglant à moitié avec le sang qu’elle avait dans la bouche.
Aiolia la regarda sans comprendre ce qu’elle essayait de lui dire, et son inquiétude grandit lorsqu’elle mit ses deux mains sur son cou comme si elle se faisait étrangler pas une force invisible.
« Co……llier….. » ne cessait-elle de répéter en se battant contre une force indistincte.
« Quoi ? Qu’est-ce qu’il se passe à la fin ? paniqua Aiolia, quel collier ? »
Son regard se posa de lui-même sur ce que Shigure serrait comme si cela l’étranglait. Etait-ce cet objet dont elle venait de lui parler ? Qu’est-ce que ce collier pouvait bien avoir de si spécial pour qu’elle lui en parle en étant si paniquée ? Que pouvait-il faire… ? Il posa sa main sur ledit collier sans trop savoir pourquoi mais aussitôt elle lui serra la main avec une force dont il ne l’aurait pas crut capable, en proie à la panique.
Il tenta alors d’arracher le collier que Shigure tenait comme si sa propre vie en dépendait mais le cri de douleur intense qu’elle hurla le décontenança, le forçant à s’arrêter. C’était comme si cet artefact était ancré dans sa chair et refusait de s’en déloger. Aiolia voulu continuer en essayant de ne pas prêter attention aux cris de la jeune fille mais il n’arrivait pas à se résoudre à lui faire du mal même dans l’intention de la sauver ! Il stoppa son geste, incapable de la blesser encore plus longtemps et Shigure sombra de nouveau dans l’inconscience, éprouvée par la lutte de volonté qu’elle venait de subir.
« Shi….Shigure ? Argh ! » l’appela timidement Aiolia alors qu’une pression gigantesque s’abattit sur lui sans crier gare.
« Qu’as-tu fait ?!! » s’égosilla une voix en face de lui.
Kuro se tenait face à lui, essoufflé et le regard presque affolé par ce qu’il était en train de voir. Son bras levé évapora la sphère noire de gravité qui était sur le chevalier pour qu’il arrête d’enlever le collier. Ne comprenant pas pourquoi il lui avait dit ça et encore moins pourquoi l’attaque avait stoppé, Aiolia profita de cette brèche pour contre attaquer avant que son ennemi ne réalise son erreur.
« Greatest Caution !! » rugit une voix à la gauche du chevalier en lui envoyant une attaque de plein fouet.
Aiolia hurla sous le coup de la douleur et de la surprise en se faisant projeter au loin par l’attaque surpuissante. Il n’avait même pas senti le cosmos de son adversaire tant il avait été absorbé par l’état préoccupant de Shigure et l’arrivée inopinée de Kuro. Il n’aurait jamais dû commettre une erreur aussi grave, cela allait lui coûter cher…
« Pff, obligé de surveiller les arrières d’un être aussi faible que toi, jamais je n’aurais pensé avoir à m’abaisser à une telle chose… » lâcha l’ennemi en marchant fièrement vers ses victimes alors que Kuro restait tétanisé.
Tous ses plans étaient tombés à l’eau à l’instant où l’ennemi avait fait son apparition. Jamais il n’aurait dû laisser la fille sans surveillance, jamais il n’aurait dû se rendre dans la prison de Fitz. Il avait été idiot, il se maudit intérieurement de s’être laissé aller à cette faiblesse qui allait lui coûter très cher.
« Attendez…….ce n’est pas ce que vous croyez… »
« Silence misérable ! Je savais bien qu’on ne pouvait pas faire confiance à un être aussi pathétique que toi et encore moins à cette trainée ! » cracha le juge en ne se privant pas pour asséner un violent coup de pied à Shigure gisant à terre.
« Rha……da…manthe !!!! » articula Aiolia d’une voix pleine de rage en se relevant péniblement contre la paroi rocheuse.
« Tiens, un autre insecte incapable de tenir sa langue devant un juge, lâcha-t-il en se tournant vers lui un sourire sadique affiché sur les lèvres. Je vais me faire un plaisir de te corriger sale avorton ! » déclara-t-il en lui assénant un coup de poing dans le visage.
Aiolia accusa le coup et en profita pour contre attaquer.
« Lightening Volt !! »
L’attaque fusa droit dans le plastron du juge mais ne sembla pas l’avoir affecté ne serait-ce qu’un peu.
« Misérable chien d’Athéna, tes attaques n’auront aucun effet sur moi aux enfers ! Mais moi, je dispose de toute la puissance dont j’ai besoin pour te faire regretter de t’être échappé ! » tonna-t-il en déployant son cosmos pour écraser son ennemi.
Aiolia ne put esquiver l’attaque et fut projeté contre le mur de sa cellule avant de s’écraser violemment contre le sol. Rhadamanthe avait raison, aux enfers les chevaliers d’Athéna voyaient leurs forces diminuées et leur cosmos amoindrit, il pouvait aisément vaincre des gardes ou quelques spectres mais se mesurer à un juge était une toute autre affaire… Il ouvrit un œil et regarda Shigure inconsciente un peu plus loin, il ne pouvait pas la laisser aux mains de cet être sans scrupules. C’était probablement lui qui lui avait déjà infligé toutes ces blessure, il ne pouvait pas laisser cela se reproduire, il se battrait pour elle…
« Quant à toi, sale traître, fit le juge en s’adressant à Kuro, ne crois pas que tu vas rester impuni ! Notre Maître entendra parler de ce qui s’est passé… »
Kuro se tassa sous cette remarque acerbe et garda le silence, ne sachant quoi répondre qui aurait put le sortir de ce très mauvais pas. Si Hadès était mis au courant, tout serait perdu… Mais l’attention de Rhadamanthe se reporta sur le chevalier du Lion qui avait tenté de mettre Shigure à l’abri de la fureur du juge.
« Et tu comptais aller où comme ça, vermine ! » tempêta-t-il en assénant un coup dans le ventre du chevalier qui lâcha la jeune fille.
« Urgh, je ne te laisserais pas…..la toucher… ! » le défia Aiolia en se relevant une nouvelle fois prêt à se battre.
Rhadamanthe lâcha un ricanement sarcastique en le propulsant une nouvelle fois contre le mur de la prison. En plus d’être affaibli par le fait d’être aux enfers, Aiolia avait utilisé déjà beaucoup de cosmos en combattant les gardes à peine quelques minutes plus tôt. Se battre contre Rhadamanthe relevait de la folie mais il n’avait pas le choix et il aurait préféré mourir que de le laisser passer une nouvelle fois sa colère sur Shigure.
« Je ne…..te laisserais pas faire… » réitéra Aiolia en se relevant une énième fois tout en lançant une attaque contre lui.
« Tellement affligeant… balança-t-il en déviant l’attaque contre la roche pour faire s’écrouler une partie du plafond sur le chevalier. Toi, embarque-moi cette larve hors de ma vue, fit-il à Kuro en désignant Shigure d’un mouvement de tête dégoûté, je me charge de juger les pêchers de ce chevalier… » déclara-t-il un sourire carnassier dessiné sur ses lèvres retroussée en s’approchant de la victime qu’il s’était désignée.
« Wrath of Sparta !! »
« Great Horn !! »
Les deux attaques dévastatrices se percutèrent avec force et violence. Jamais une offensive n’avait été aussi brutale pour en faire trembler le royaume des enfers ! Les murs soutenant le cinquième cercle des enfers s’effritaient à vue d’œil, d’énormes blocs rocheux se détachaient des parois ainsi que du plafond et tombaient autour des deux guerriers qui ne se souciaient guère d’être blessés ou écrasés par ces derniers. Le monceau de roche où Kuro leur avait tendu une embuscade s’effondra sur l’étroit chemin bardé bordé par le vide où les deux géants étaient en train de se mesurer. Il s’écrasa à côté d’eux, entrainant dans sa chute une partie du sentier, non loin d’où se trouvait Aldébaran, vers les abîmes infernales. Une pluie de gravats et de stalactites en provenance de la haute voute de la caverne déferla autour d’eux et sur leurs armures. Des fissures apparurent sur les plaques dorées du dos d’Aldébaran à mesure que l’averse de grosses rocailles tombait plus drue. Un rocher plus imposant que les autres se détacha et lui atterrit sur le bras, lui faisant dévier la trajectoire de son attaque. La puissance de la corne du taureau fusa vers les pieds du Spartiate et le fit reculer avec force. Le gardien résista en creusant des sillons dans le sol pour le contrer tandis que son attaque repoussait elle aussi Aldébaran pour lui prouver sa force.
Aucun des deux ne voulait céder devant l’autre. La tension dans l’air était tellement palpable qu’ils avaient peine à respirer normalement tout en maintenant leurs cosmos, à tel point que leurs veines saillaient sous leurs casques de guerriers, menaçant presque d’éclater sous la pression qu’ils exerçaient. Leurs fronts en sueur, crispés par l’effort surhumain qu’ils fournissaient pour faire flancher l’autre étaient creusés de sillons de fatigue et d’effort. Leurs muscles tendus d’effort les faisaient souffrir le martyr à mesure que l’un repoussait l’attaque de l’autre dans une danse infernale qui semblait ne pas vouloir prendre fin. Pourtant une détermination sans bornes se lisait dans leurs yeux, chacun pour une raison différente mais à laquelle ils ne voulaient faillir. L’un se battait pour ses amis au nom de sa déesse, soutenu par l’amitié de ses camarades et l’amour que sa divinité lui portait, l’autre luttait sous les ordres de son seigneur par plaisir de démontrer sa puissance et son sadisme légendaire qui lui avait valu le rang de gardien du cercle de la Douleur.
Un rocher se fracassa sur son épaulière en se brisant sur le pic acéré qui en dépassait. Le gardien n’y porta pas plus attention qu’à un insecte et ne détourna pas une fois le regard de son adversaire pour le moins coriace. Jamais il n’avait eu à affronter quelqu’un aussi longtemps, ses ennemis se faisaient d’ordinaire écraser par l’effrayante aura d’agressivité qu’il dégageait et ne résistaient guère plus longtemps à son écrasante puissance et s’ils avaient le malheur d’y survivre, nombre de sévices et autres tortures leur était réservé. Il prenait un malin plaisir à torturer ses victimes et prenait tout son temps pour se délecter de leur souffrance et de leur peur. Sa cruauté égalait celle du plus féroce des juges et il aurait put remplir ce rôle à merveille s’il prenait la peine de considérer ses victimes avant de leur infliger son courroux. Nul doute qu’il n’aurait aucuns scrupules à terrasser un chevalier d’Athéna venu le provoquer sur son propre terrain. Il gonfla son cosmos comme jamais pour amplifier son attaque et écraser son adversaire.
Aldébaran fut surpris par ce brusque changement et se vit obligé de reculer de quelques pas pour contenir l’assaut du Spartiate. Une stalactite plus imposante que les autres se brisa entre les deux géants. Le sol s’effondra entre eux vers les tréfonds des enfers manquant d’entraîner avec lui le chevalier et le guerrier qui durent lutter pour ne pas sombrer. Aldébaran faillit vaciller dans l’oubli déséquilibré par son attaque, il réussit cependant malgré sa grande taille à basculer tout son poids vers l’arrière et ainsi sauver sa vie. Le Spartiate de son côté réussi la même démarche nullement effrayé d’être passé si proche de la mort. Déjà il ré augmentait son cosmos pour lancer une nouvelle attaque. Aldébaran n’eut guère le temps de souffler ou de chercher à reprendre ses esprits que le gardien que le gardien du cinquième cercle avait déjà envoyé l’assaut.
« Spear of Sparta !! » grogna-t-il en remontant son bras vers le haut d’un coup sec.
Le chevalier du Taureau senti le sol vibrer sous ses pieds alors que son sixième sens lui indiqua qu’il s’agissait de l’œuvre de son adversaire. Il eut juste le temps de voir une énorme colonne de roche fuser d’entre ses jambes et monter droit sur lui pour l’empaler avant de sauter de côté pour l’éviter, mais pas suffisamment assez vite malheureusement. La stalagmite géante lui entailla sauvagement l’arcade et éjecta son casque vers le vide. Aldébaran recula sous le coup brutal du choc, le sang coulait abondamment de sa plaie et lui obstruait la vue du côté droit. L’attaque du Spartiate percuta le plafond avec violence engrangeant une nouvelle secousse dont la magnitude intense fit s’ébrouer les enfers comme une bête immense cherchant à les désarçonner.
Les deux colosses se jaugèrent du regard et Aldébaran envoya son poing s’écraser dans la stalagmite avec un cri de rage d’où découlait toute sa puissance. Sa main traversa la roche avec une facilité déconcertante qui n’impressionna pourtant pas le Spartiate. Des multiples fissures apparurent alors petit à petit à la base de la colonne rocheuse sous l’effet du choc et elle commença à s’affaisser dans un craquement sinistre. La colonne vacilla et tomba vers le morceau de terre sur lequel se trouvait le Spartiate. Une chute qui parut interminable démarra alors, avalant les mètres la séparant de l’inévitable impact qui allait se faire. Le Spartiate était prêt. Avec un sang froid incroyable et une patience que l’on n’aurait pas crus pour un homme aussi brutal que lui, il scruta les oscillations prêt à réagir avant de se faire écraser alors qu’Aldébaran rassemblait son cosmos et ses forces pour contre-attaquer au moindre mouvement suspect de son ennemi. Sentant les problèmes arriver, le Spartiate réagit aussitôt et envoya une attaque avant que le chevalier du taureau puisse réagir. Mais l’effet de surprise rata car Aldébaran s’y attendait et il répliqua au même moment par un Great Horn.
Leurs attaques s’entrechoquèrent une fois encore et percutèrent la stalagmite de plein fouet et la coupa en deux. La colonne s’ébroua dans un craquement sec qui délogea une partie du plafond à sa suite et elle tomba droit sur le Spartiate. C’est alors qu’un bloc de plus de deux tonnes se décrocha de la voute du cercle pour aller s’écraser sur Aldébaran.
« Gyaaah ! »
Le cri de Mü résonna dans toute l’immense pièce lorsque son corps fut propulsé contre la gigantesque fontaine pleurant le sang qui alimentait la cuve. Nul ne savais si l’étrange craquement qui avait suivit était provenu de son armure endommagée ou de son corps brisé.
Camus ne cessait de regarder autour de lui sans repérer d’où provenait le rire du gardien. Nero ricanait en lui tournant autour, bien dissimulé dans l’épais liquide carmin et se délectait de voir le chevalier d’ordinaire si stoïque complètement perdu. Le chevalier du Verseau tentait par réflexe d’user de son sixième sens pour dénicher son ennemi malgré le net avantage du terrain que ce dernier avait.
Mü, malgré sa sagesse, en avait malheureusement fait les frais. Il avait dressé un Cristal Wall entre son ennemi et lui, mais celui-ci était passé outre. Camouflé par le sang, il avait contourné la plate forme sur laquelle Mü se trouvait et était réapparu derrière lui. Un tourbillon avait projeté le chevalier à plusieurs mètres sous les éclats de rire moqueur de son créateur.
Camus n’avait pas pût lui venir en aide et ne cessait depuis de scruter le lac dans l’espoir de le repérer avant qu’il n’attaque. Malgré son calme naturel et sa capacité à ne perdre son sang froid en aucune circonstance, il était obligé de reconnaître qu’il était diminué vis-à-vis de son adversaire. Quand il sentait qu’il allait attaquer, il se tournait brusquement et envoyait un assaut pour le devancer. Mais chaque fois, sa charge ne rencontrait que le vide et sa tentative ne récoltait que les moqueries du gardien toujours à l’abri dans son océan d’hémoglobine.
Après une énième vaine tentative pour se débarrasser de lui, Nero sorti royalement des eaux dans une grande gerbe d’éclaboussures qu’il transforma aussitôt en pluie d’aiguilles sanguines. Camus s’en protégea comme il put quand la voix de Mü retentit derrière lui.
« Cristal Wall ! » tonna-t-il pour contrer le coup de Nero et lui renvoyer dans la figure.
Mais le gardien du quatrième cercle avait l’agilité d’un poisson dans l’eau et il disparut derrière un tourbillon sanglant qui le protégea instantanément.
« Est-ce que ça va ? » demanda Mü en atterrissant à côté de lui.
Mais à peine eut-il posé le pied à terre que le gardien se jeta sur lui avec son tourbillon et le propulsa de nouveau loin de son camarade chevalier. Il avait l’avantage tactique mais eux du nombre et il voulait à tout prix, même s’il était sûr de l’emporter, éviter que cela se retourne contre lui en les séparant constamment.
Mü atterrit de nouveau contre la paroi du Cercle de la Haine en brisant un pilier de la fontaine qui soutenait la voute qui craqua dangereusement. Les blocs chutèrent à grands bruits dans le lac ponctués de maintes éclaboussures et gerbes sanglantes créant d’importantes vagues qui firent tanguer la plate forme sur laquelle se tenait le chevalier du Verseau.
Camus se rattrapa de justesse pour ne pas sombrer dans les flots tumultueux. Mais le temps qu’il fixe le sol pour trouver une prise, lorsqu’il releva la tête, il découvrit avec horreur une salve d’aiguilles de sang solidifiées à quelques centimètres de son visage. Le choc fut bref mais violent. Les projectiles s’enfoncèrent dans son œil sans trouver de résistance malgré le fait qu’il ait tourné la tête par réflexe pour se protéger.
Camus hurla. De frustration de n’avoir put anticiper l’attaque. De douleur lorsque ce corps étranger pénétra dans le corps vitreux de son œil, griffant sauvagement son iris et sa pupille dans un pic de souffrance déchirant. Il porta les mains à son visage en rejetant la tête en arrière ivre de douleur. Nero sauta sur l’occasion et matérialisa un puissant tourbillon autour de lui et chargea droit sur le chevalier qui ne pouvait le voir. L’attaque lui arriva en plein dans l’estomac avec assez de force pour le faire décoller de sa plate forme jusqu’à l’attirer sous l’eau sans lui laisser le temps de réaliser quoi que ce soit.
Camus se retrouva sous l’eau, pris au piège par l’absence d’air dans ses poumons et les douleurs lancinantes de son œil combiné maintenant à celle de sa cavité abdominale. Le sang de son œil lui brouillait la vue et l’épaisseur du liquide dans lequel il était plongé l’empêchait de bien distinguer son ennemi. Mais la distorsion qu’il sentait sur son armure pour chercher à la briser lui indiquait que son adversaire était bel et bien là. Nero et le tourbillon l’entraînaient toujours plus loin vers les abîmes du lac pour chercher à le noyer et se débarrasser de lui pour s’occuper du sort de l’autre chevalier.
Plus ils sombraient et plus la pression sur l’armure se faisait importante. Elle lui comprimait douloureusement la poitrine et la douleur de son armure la faisait chuter toujours plus vite. Pour la première fois depuis bien longtemps, il se sentit perdre ses moyens. La douleur, la rapidité des évènements, l’absence de point faible de leur adversaire… Tout semblait contre eux, comme si les dieux en avaient décidé ainsi. Comme si le destin avait rejoint leur volonté et faisait tout pour les empêcher de retrouver leurs amis disparus…
Même s’il était moins proche des filles que certains chevaliers, il devait reconnaître qu’il s’était attaché à elles, il s’était habitué à leur présence, à la renaissance de la joie dans le Sanctuaire qu’elles avaient apporté avec elles de leur monde. Il n’en était pas proche, loin de là, il vivait toujours dans sa sphère de solitude qui lui sellait tant. Pourtant, dès qu’elles avaient disparu, il n’avait pas hésité à quitter son temple pour suivre les autres et s’engager dans une bataille probablement perdue d’avance. Il était froid, mais il n’abandonnait jamais un ami dans le besoin, quel que soit le problème auquel il soit confronté.
Camus rouvrit les yeux. Nero faisait toujours montre de sa domination pour le tuer, un sourire narquois toujours dessiné sur ses lèvres mesquines. Il semblait gagner en puissance et en confiance à mesure que Camus se vidait de son sang et perdait ses forces. Il ne pouvait pas perdre. Il ne le devait pas. Pour les filles et Aiolia, pour Mü qui se battait à ses côtés, pour ses compagnons chevaliers qui luttaient comme lui, pour Athéna, pour le Sanctuaire, pour lui-même et sa fierté en tant que chevalier. Il ne pouvait pas perdre !
Il sentit le cosmos du chevalier du Bélier augmenter et distingua derrière Nero des tâches blanches scintillantes plongeant à travers l’épais liquide carmin pour venir lui porter secours en blessant son ennemi. Nero sentit le regain de volonté du chevalier et l’attaque que Mü avait porté. Camus augmenta son cosmos et envoya un Diamond Dust geler son adversaire, mais ce dernier lâcha Camus pour éviter le Stardust Revolution en se protégeant dans une tornade qui le propulsa dans les méandres du lac.
Libéré de l’emprise de Nero, Camus gela le sang autour de lui et s’en servit pour créer une rampe gelée qui le ramènerait à la surface. Il puisa dans ses forces et grimpa le long de cet escalier et brisa la porte de givre qui bloquait sa sortie du lac. Telle l’attaque de son adversaire, des dizaines d’épines de sang tintèrent dans une mélopée glacée lorsqu’il émergea des profondeurs de la retenue de fluide. Il emplit ses poumons d’une énorme bouffée d’air en crachant le liquide qui gorgeait ses voies respiratoires.
Ses poumons lui brûlèrent lorsqu’il put goûter de nouveau au luxe de l’oxygène. Son œil saignait et perdait peu à peu de son liquide vital, menaçant la perte d’une partie de son acuité visuelle. Ses longs cheveux détrempés de sang étaient plaqués contre son armure ruisselante de mini cascades sanguines. Il matérialisa des paillettes de glace dans le creux de sa main qu’il plaqua sur son œil en laissant échapper malgré lui un gémissement de douleur. Mü se précipita vers lui pour mesurer l’ampleur des dégâts qu’il avait subit. Il resta silencieux en posant sa main sur son épaule, il n’y avait rien à dire. Les mots ne le soulageraient pas et, de toute façon, le luxe d’une conversation ne leur était pas accordé. Nero était déjà hors de son tourbillon à les regarder furieusement de toute sa hauteur.
« Vous allez regretter votre geste ! »
Ce fut son unique divertissement. Son cosmos augmenta brutalement tandis que les eaux du lac se mirent à bouillonner dangereusement. Camus n’eut guère le loisir de se reposer plus, il se releva en faisant également croître son cosmos pour répliquer en même temps que Mü. Nero joignit ses mains dans un claquement d’éclaboussures et y concentra son cosmos. Lorsqu’il les décolla lentement, les chevaliers purent apercevoir un début de sphère chargée d’énergie se former dans le creux de ses paumes.
« Aurora Execution !! »
« Stardust Revolution ! »
Pas question de lui laisser le temps d’attaquer ! Les chevaliers lancèrent tout deux leur attaque contre le gardien avant que celui-ci ne fignole la sienne. Le rayon de glace frappa le tourbillon sur lequel Nero était dressé. Il fut partiellement déstabilisé ce qui permit au coup de Mü d’atteindre directement la bulle qu’il était en train de créer. Elle éclata en milliers de particules scintillantes qui churent dans les eaux du lac en même temps que leur maître touché par une des étoiles de Mü, éclaboussant les chevaliers et les alentours de son contenant.
Le voile de glace de l’attaque de Camus, encore présent autour des chevaliers, crépita sous les gouttelettes qu’il reçu en dégageant d’étranges fumerolles nauséabondes. Mü porta la main à son cou soudain atteint d’une piqûre intense et écarquilla les yeux d’effroi. Ses doigts présentaient la même fumée que celle de l’offensive de son ami ! Il secoua la main dont les doigts le brûlaient étrangement et remarqua alors avec horreur que son armure et celle de Camus subissaient le même sort. De l’acide ! Cette bulle n’était pas faite de sang mais d’un acide ultra corrosif au point de pouvoir entamer même leurs amures d’or !
Camus s’en rendit également compte mais n’en eut cure. Plongé dans ses réflexions, il observa scrupuleusement la scène et l’analysa pour trouver le point faible de leur ennemi. Un début de déclic commençait à germer dans son esprit à mesure que le combat avançait. Il entrevoyait une solution mais il n’était pas encore certain de son raisonnement. Il fallait qu’il soit sûr… Il se tourna pour faire face à la fontaine principale qui alimentait le lac et joignit ses mains devant lui pour envoyer un cosmos glacé contre cette dernière.
« Camus !! Que fais-tu ? Ce n’est pas le moment d’utiliser à tord ton cosmos pour… »
Mais ce qui ressemblait à un cri de douleur stoppa Mü avant qu’il ne puisse finir sa phrase. Le chevalier du Bélier regarda sans comprendre la cascade gelée puis Camus dont le visage s’était assombri par la pensée qu’il venait d’avoir. Le chevalier du Verseau ferma son œil encore valide. Il savait.
« Camus… ? » interrogea Mü en sentant que l’issu du combat venait d’être jouée dans la tête de son ami.
Le sang du lac se mit à bouillonner intensément pendant qu’ils parlaient.
« Nous n’avons pas beaucoup de temps. Déclara Camus. Le sang est la clé de son pouvoir. Si je l’en prive, alors tu pourras aisément le vaincre et remporter ce combat. »
Le regard de Mü s’agrandit à l’écoute de ces mots. Le onzième chevalier avait l’habitude de conserver son sang froid en toute circonstance, mais le calme résigné avec lequel il venait d’annoncer ces propos alerta aussitôt Mü quant au choix qui venait de s’opérer.
« Non Camus… Ne fais pas ça ! A nous deux on peut réussir à le vaincre ! » assura-t-il d’une voix qui se voulait sereine pour le faire revenir sur sa décision.
Mais le choix du chevalier était déjà arrêté. Il savait ce qu’il devait entreprendre pour faire pencher la balance en leur faveur et augmenta déjà son cosmos en vue de sa future attaque.
« Camus arrête ! Tu n’as pas assez de force pour geler tout un lac ! »
« Il n’y a pas d’autre solution. Tu le sais aussi bien que moi. Je compte sur toi pour la suite… » répondit-il le plus calmement du monde en marchant vers le lac.
« Camus ! Camus arrête ! Je t’interdis de faire ça ! » s’égosilla Mü pour le ramener à la raison.
Mais le choix du chevalier était déjà arrêté. Rien ni personne ne pourrait le faire changer d’avis. Il n’y avait pas d’autre solution. Les eaux du lac se mirent à bouillonner et Nero en émergea lentement fièrement dressé sur un geyser aqueux qui le portait toujours plus haut vers le chevalier du Verseau. Le regard mauvais, il fixa intensément Camus comme s’il avait put le tuer par ce simple fait.
« Toi…maugréa-t-il d’une voix devenue grave et menaçante. Je vais te briser pour avoir eut ce geste… »
Joignant le geste à la parole, il écarta les bras et des dizaines et des dizaines de sphères d’hémoglobine lévitèrent hors du lac à son commandement. Les légères volutes de fumées s’échappant de chacun d’elles laissaient présager qu’elles recelaient, comme la précédente, de l’acide en leur sein. Une telle quantité était tout bonnement inévitable. Si les faibles éclaboussures qu’ils avaient reçus avaient réussi à ronger quelque peu leurs armures, les dieux seuls savaient le désastre que ces centaines de sphères étaient capables d’engendrer…
Camus courrait à sa perte mais continuait de lui faire face en augmentant son cosmos sans tenir compte du danger qu’il encourrait. La colère provoquée par la glaciation de son élément alimentait le cosmos de Nero qui bouillait en lui comme un torrent de lave ne demandant qu’à se déverser sur son ennemi. Mü n’ignorait pas ce que Camus tentait et il savait pertinemment que Nero ne lui laisserait pas aller au bout de son idée pour le défaire.
Il devait réfléchir à une autre alternative, il ne pouvait décemment pas laisser Camus se sacrifier pour lui permettre d’avancer ! Il créa nombres de possibilités aussi vite que son esprit pouvait le lui permettre en refusant de croire que la solution émise par Camus fusse la seule en soi. Par désespoir de ne trouver aucune réponse satisfaisante, il commençait à regretter l’absence de Kanon et sa faculté à faire disparaître ses ennemis dans le méandre des dimensions… Une dimension…se pouvait-il que… ?
Son souffle se fit plus lent, l’air avait du mal à s’insinuer dans ses poumons et en ressortait par volutes blanchâtres causées par l’intense froid émanent du lieu. Camus faisait exploser son cosmos jusqu’à faire chuter abruptement la température qui ne cessait de décliner en dessous de la normale. Les eaux du lac commençaient à être prises dans une couche de givre, des colonnes de glace engloutissaient peu à peu les fontaines de sang qui meublaient ce lieu.
Nero ne le tolérait pas, cet étranger allait périr pour son crime et irait alimenter son lac comme tous ses prédécesseurs bien avant lui. D’un coup, il envoya certaines de ses sphères se diriger droit sur Camus pour lui éclater au visage et le blesser douloureusement voire mortellement. Camus esquissa un saut de côté pour les éviter et les bulles s’écrasèrent au sol dans un ploc sonore avant de ronger le sol où il se trouvait quelques secondes plus tôt. Une avalanche de globes se mit alors à pleuvoir de tous les côtés pour stopper ce gêneur avant qu’il ne soit trop tard. Camus avait beau avoir de l’agilité, il n’en restait pas moins humain et ne pouvait esquiver tout un déluge.
L’acide lui rongeait la peau et entamait son armure sacrée, la douleur le déconcentrant de sa tâche première qu’était d’approcher le zéro absolu pour pouvoir ralentir son adversaire le temps de geler tout son pouvoir.
« Cristal Wall !! » s’exclama soudain Mü en protégeant Camus de son mur défenseur pour lui permettre de mener à bien son attaque.
Le chevalier du Verseau le gratifia d’un hochement de tête pour remerciement et intensifia de nouveau son cosmos dans le laps de temps qui lui était imparti. Le mercure chuta avec une rapidité hors du commun, si Mü n’avait pas été protégé par son armure, son corps n’aurait sûrement pas put endurer un tel froid. Il augmenta lui aussi sa cosmoénergie, hors de question de laisser son ami mourir ainsi ! Il avait un plan…un plan qui pourrait le sauver, quel qu’en soit le prix.
Sourd aux morsures acides du liquide corrosif pleuvant par centaines de gouttes, il ferma les yeux pour faire le vide en lui et se préparer à ce qui allait suivre. Nero ne démordait pas, usant de toute sa rage pour alimenter son cosmos et terrasser ses adversaires sans aucun état d’âme. Il riait de démence en faisant pleuvoir ses coups et en regardant leur effet avec une extase malsaine. Jamais personne n’était ressorti vivant de son cercle et le jour où une telle honte se produirait n’était pas arrivé, il se le jurait sur sa propre vie !
Il fit jaillir d’innombrables tourbillons de sang qui pivotèrent sur eux-mêmes dans une pluie mortelle, lourde, qui ne laisserait aucun survivant. Mais le cosmos de Camus atteignait son paroxysme faisant onduler ses cheveux sous la puissance de l’énergie qu’il déployait. Tout autour de lui n’était que glace, givre et froideur dont la morsure aurait fait pleurer même le plus endurant des braves face au froid.
« Aurora Execution !! » tonna-t-il alors que son attaque mordait déjà le lac de ses mâchoires glacées.
Le pouvoir de Nero se trouvait emprisonné dans l’iceberg remplaçant peu à peu les eaux de son cercle. Il hurlait sa rage et sa douleur en faisant exploser autant de bulles d’acide que son cosmos pouvait le lui permettre.
Les coups pleuvaient sur le chevalier du Verseau qui se faisait submerger par la douleur de l’acide rongeant sa peau. Son cosmos brûlait plus que jamais, presque à l’incendier à mesure que la puissance déferlait en lui. Les attaques rageuses de Nero s’intensifiaient à en faire ployer Camus, l’obligeant à reculer en mettant un genou à terre. Il ne voulait pas faiblir, il ne pouvait pas ! Il dirigea son Aurora Execution à la base de la tornade soutenant le gardien qui se cristallisa en lui emprisonnant les jambes en même temps.
Mais ce retournement de situation ne dura pas longtemps car déjà Nero tentait de se libérer en assénant une nouvelle attaque à Camus. Mais son coup s’évapora dans le vide avant d’avoir put atteindre sa cible. Camus se sentit happé vers l’arrière sans savoir pourquoi. Un simple coup d’œil à son adversaire confirma qu’il ne s’agissait pas de son œuvre, il ne restait donc plus qu’une seule personne…
« Mü ! Qu’est-ce que tu fais ?! » s’exclama-t-il coupé dans son élan.
Le chevalier du Bélier, yeux fermés et plus que jamais concentré, avait décidé de prendre lui aussi part au combat pour arrêter le sacrifice de son allié. Possédant le pouvoir de téléportation, il ne laissait pas le choix à Camus et le retirait du combat.
« Je suis désolé Camus, mais je ne peux pas te laisser mourir ici… L’attaque que je prépare te tuerait à coup sûr tout comme celle que tu exécutes. »
« Mü ! Ne fais pas ça ! »
L’atmosphère se fit pesante à mesure que Camus ne pouvait freiner le chemin que Mü lui avait choisi. La fatigue l’empêchait de lutter concrètement contre la tentative d’évincement de son équipier. Il savait que rien ne ferait changer Mü d’avis. Pourtant, lui non plus ne pouvait décemment pas le laisser aller au bout de son idée sans rien faire. Il se sentait aspiré, il avait beau lutter il n’arrivait pas à aller contre la téléportation de son ami.
« Mü !! »
« Je suis désolé, adieu Camus. »
Le vide se fit dans la salle. Un étrange calme plat régnait sur le champ de bataille alors que Camus disparut sans laisser de traces, emportant avec lui la dernière image de son ami lui souriant tristement, le nom de son attaque la plus puissante qu’il s’était pourtant juré de ne pas utiliser : Starlight Death, Blackhole. |