Les yeux perdus dans l'horizon, contemplant depuis le rivage
Son passé glorieux oublié, Enutrof oublié des âges,
Shi songeait aux bonheurs passés, méditait sur ceux avenir
Et tristement il admettait qu'il n'y avait pas de quoi rire.
Qu'ils étaient doux ces vieux jours où, le chaud soleil sur la nuque,
Le jeune Shi roulait sa pelle au beau milieu des verts fétuques.
Aucun Pichon ne pouvait fuir, et toutes les écaflipettes
Admirant le virevoltant se pâmaient en belle amourette.
Ce fut dur mais l'une d'elles, beauté grise au ras poil doux,
Parvint à trouver le chemin vers son coeur esseulé.
Des mois durant vieux et belle vécurent d'un amour fou
Puis la mer, tempétueuse, lui ôta sa bien-aimée.
Bien plus tard, se souvint-il, une fois son coeur soigné,
En Amakna le pauvre Shi tenta de prospérer.
Il travailla sans souffler, mais le vieillard malhabile
N'était bon à rien du tout, il se sentait inutile.
Il revint en Sufokia, où il fut jadis heureux,
Mais il ne put retrouver de son jeune âge la vie
Car là où un bel homme bronzé attire tous les yeux
Un vieillard cuit et flétri n'attire plus que le mépris.
Ainsi vécut-il, serein, ces dernières décennies :
Dormant sur le sable chaud; jour chassant et nuit pêchant;
Nomade de cette nation l'ayant connu comme petit
Et l'ayant vu devenir un jeune Enutrof fringuant.
Les yeux perdus dans l'horizon, contemplant depuis le rivage
Son passé glorieux oublié, Enutrof oublié des âges,
Shi songeait aux bonheurs passés, méditait sur ceux avenir
Et se disait que finalement... sa vie aurait pu être pire. |