Un homme lit un livre sur son canapé, allongé nonchalamment. Il reviens d'une journée de travail et se repose en attendant que le temps passe doucement. En attendant un peu plus de motivation pour faire quoique ce soit. Après quelques temps,il ferme son livre et allume la télévision sur une chaîne d'information.
Dans les news, une ville proche semble souffrir d'une quarantaine et peu de choses filtres. L'armée a été appelée pour résoudre cette situation. Bien qu'un peu inquiet, l'homme se dit que cela fait plusieurs jours que cela dure. A y réfléchir, il pense que cela fait presque une semaine.
« L'armée devrait déjà avoir réglé le problème !» dit-il à la télé.
Le gouvernement avait fait boucler toute une ville, mais personne ne s'inquiétait vraiment. Des raisons claires avaient été évoquées. Une pandémie provoquée par un incident chimique. Pour éviter la propagation et soigner tout le monde un couvre-feu et un blocus avait été opérés. Le réseau électrique avait apparemment lâché dans la ville et donc plus de communication.
Les médias diffusaient des reportages en continue et les militaires semblaient maîtriser cette pandémie. On montrait des images de familles se faisant auscultées par des médecins, on montrait des salles remplies de gens dans l'attente.
L'homme mit en veille la télévision et se leva pour aller chercher d'autres informations sur internet. Après avoir regardé précipitamment ses e-mails, il tapa « pandémie quarantaine » dans la barre de recherche. Une foule de gros titres émanent autant des médias que de particuliers. Rien de sensationnel. Soit on spéculait sur les causes possibles de la pandémie, soit on critiquait le rôle de l'armée et une intervention musclée. Pourtant les gens s'accordaient à dire que les infectés étaient bien traités. Malgré des conditions rudimentaires, les médias se félicitaient de l'arrivée de dons et de soutien pour les malades. On parlait d'une catastrophe bactériologique, mais les médias n'annonçaient aucun mort. Après quelques pages de lecture, l'homme ne voyait qu'une pandémie bien soigner et un élan de générosité populaire. On diffusait les mêmes interviews de spécialistes et de médecins qui se voulaient rassurant sur l'état des patients.
L'homme devant son ordinateur semblait se rassurer de tous ces discours bienveillants. Des internautes commentaient ça et là que c'était un complot, que le gouvernement faisait des choses dans le dos de tout le monde, que tout cela n'était pas très nette. En réponse, d'autres internautes venaient leur dire, que la procédure était normale dans cette situation critique. Au final, rien ne changeait. Comme habituellement les discussions en continue avait tué l'information première.
L'homme se dirigea vers un site pour y retrouver quelques informations habituelles sur ses amis et ses connaissances. Rien de nouveau, peu de personnes étaient rentrées du boulot.
Un collègue avait affiché « ça arrive ! » en guise d'information personnel. L'homme esquissa un sourire. Depuis le début de la pandémie son collègue ne marquait que des messages faussement apocalyptiques. Le jour d'avant c'était « Les aliens débarquent ! ». Ce genre de blague répétitive était devenue à force assez amusante. L'homme lança à son écran « quel con ! il a que ça à foutre. ». Il sortit son portable pour envoyer un message au rigolard. Le SMS était le suivant : Alors t'as que ça à faire après le boulot. Des blagues de merde. Dire qu'aujourd'hui tu te plaignais de finir trop tard ! Demain on va te faire bosser mon gars !
Une timide vibration accusa de la bonne réception. L'homme attendit. Pas de réponse. L'homme pensa que son collègue devait faire sa sieste de fin d'après-midi. Chose dont le fameux collègue targuait les vertus bienfaitrices.
Après quelques minutes de divagations, l'homme se dit qu'il faiblissait et décida d'aller se poser un temps sur son lit. Il s'installa confortablement. Il ferma les yeux. Il sentit le bruit sourd de quatre petites pattes qui approchait doucement. Il fouilla avec sa mains dans le vide pour saisir l'intrus. La petite masse s'arrêta pour sentir les doigts de la mains qui approchait. La mains se posa plutôt lourdement sur l'animal, qui tendit son dos. La petite bête miaula timidement et se rapprocha de son maître. Le félin tourna sur lui même et se posa sur l'homme étendu là. Une bref caresse salua l'animal qui répondit en ronronnant. Tout deux s'assoupir.
L'homme se réveilla. Se frotta les yeux. Il se releva et constata que le chat avait disparu. Il se tira mollement hors du lit. Après quelques pas dans le salon, il se mit à chercher l'animal. Plus par ennuie que par inquiétude. L'homme fouilla les pièces. Il ne trouvait décidément plus la petite bête. Il l'appela. Il regarda sous le lit. Rien. Après quelques secondes de réflexion, il regarda sous le canapé. Blottit dans l'ombre, un miaulement craintif signala la présence du félin.
« Oh bin t'es là ! Je te cherchais ! Viens ! ... Viens ! Allez allez, viens ! »
L'animal répondit par un long miaulement rauque et plaintif. Le chat fixa d'un air inquiet son maître. Tasser sous le canapé, la bête avait les oreilles baissées et la tête rentrée dans les épaules. Le maître ne sembla comprendre ce comportement et incita le félin à sortir. Au bout de plusieurs minutes à rester tête contre le sol, l'homme se résolu à laisser son chat dans cette posture.
Le maître venant de capituler, décida de passer à une autre activité. N'avait-il pas mérité un petit café ? Se dirigeant vers la cafetière à dosette, l'homme en engagea une dans l'appareil et le fit démarrer. Les premières gouttes tombèrent dans la petite tasse . L'homme mit la mains autour de sa nuque, décrivant des cercles légers avec sa tête. La tasse continua de se remplir.
Un bruit sourd et puissant se rependit soudain. Les murs et les fenêtres tremblèrent sous le choc de l'onde. Tout bougea dans l'appartement pendant une seconde. Instinctivement l'homme chercha le bruit. Il venait de dehors. Se précipitant, il ouvrit la fenêtre. Il scruta le haut, le bas de la rue, le ciel, puis encore en haut et en bas de la rue. Une angoisse primaire montait en lui. Il chercha désespérément l'origine de ce bruit. Il pensa à une déflagration, une explosion. Il ne vit aucun signe. Il resta là. Il huma l'air cherchant une odeur. Rien. La ville était calme. Personne. Pas une seule sirène. Aucun passant à qui demander quoique ce soit. Ses mains crispées relâchèrent doucement le cadre de la fenêtre. L'impression de danger imminent s’apaisait. L'homme cherchait toujours l'explication de ce bruit. Peut-être un avion militaire passant le mur du son. Cela lui semblait pourtant si proche. Le ciel était bleu et seuls quelques clairs nuages ternissaient ce bleu parfait.
Rien ne se passa.
Perdu dans ses pensées, l'homme referma lentement les deux battants de la fenêtre. Il tourna faiblement la poignée. Il eut un couinement de joint. L'homme jeta encore quelques regards par la vitre.
Il marcha jusqu'à la télévision et l'alluma. Il fit défiler les chaînes. Pas de nouvelles informations en vue. Toujours les mêmes reportages. Les mêmes lieux sous des angles différents. Pas une seule nouvelle annonce, même dans les bandeaux défilants. L'homme sortit son téléphone portable, mais rien non plus. Il jeta un œil vers le canapé. Il retourna vers son café. Il but une gorgée. Il fit une expiration inquiète tout en fixant la fenêtre. Il s'écoula un temps et l'homme finit son café.
L'homme entendit un cri lointain. Il posa sa tasse et se précipita vers la fenêtre. Il l'ouvrit promptement et tendit tout son buste hors de l'encadrement. Une voix féminine criait de terreur par à-coups. Ses talons claquaient sur le béton et résonnaient entre les immeubles. L'homme saisit la rambarde s'étirant le plus possible pour voir l'action. Il entendait juste ce cri lointain. Aucune visibilité sur la scène. L'homme ferma la fenêtre et couru vers sa porte. Il se prépara aussi vite qu'il pu, claquant la porte et manqua de trébucher en se lançant dans les escaliers. Il dévala le plus vite possible les marches le séparant de l'entrée. Il courut à travers l'allée et enfonça la porte d'entrée d'un coup d'épaule pour sortir rapidement. Se retrouvant dehors, l'homme chercha dans les airs ce cri désespéré. Il l'entendit encore. Cela semblaient venir d'une rue derrière lui. Il courut vers le premier croisement. Il rallia à grande enjambée la zone d'où provenait le cri. Un hurlement strident et continue retentit, toujours la voix d'une femme. Cette voix vociférait des bouts de mots incompréhensibles. Pourtant ses sons indescriptibles, envoya une image nette à l'homme. Il sentait dans cette voix, des sanglots, de la terreur et un désespoir cruel. L'homme arriva à l'autre carrefour, débouchant sur une artère un peu plus grande. La terreur se transforma en un cri de douleur immonde. Une douleur si perceptible qu'elle tordait les tripes. L'homme fouilla frénétiquement la rue du regards. Ce cri ne s'arrêtait pas. L'angoisse, les pulsassions de son cœur, toute son être tremblait. Il perçu de l'agitation à un croisement plus haut. Il couru d'un pas plus timide, jusqu'à être en face de l'action. Là, à l'angle de ce bâtiment quelqu'un était étendu. Quatre ou cinq silhouettes étaient voûtées sur une femme, dont seuls les jambes se débattaient dans le vide. Le cri effroyable se coupa petit à petit, noyer dans le sang. Les silhouettes cachées par l'ombre dévoraient le cadavre. Engouffrant leur tête au plus profond des entrailles de la victime, les agresseurs engloutissaient et arrachaient la moindre parcelle de chair, poussant de leurs mains pour amasser le plus possible de morceaux sanguinolents avant de refermer la bouche en un claquement de dent ignoble. Les silhouettes se repaissaient tels des vautours, vidant le cadavre, engloutissant viscères et peau. Une silhouette sortit de l'ombre, pour se saisir de la jambe du macchabée. La silhouette enfantine mordit avec un tel pression le mollet et en arrachant un coup, peau et muscle.
La peau sembla se déchiré aussi facilement qu'un sac plastique rompant au delà de son élasticité. La forme enfantine releva la tête laissant glisser l’amas de chair au fond de sa gorge et l'avala d'un coup, se gavant de son repas.
L'homme en face de l'action s'était figé, les yeux crispés, écarquillés. Au bord des larmes, son corps tremblotait mais ne lui répondait pas. Comme s'il ne comprenait pas ou ne voulait pas croire à ce qui arrivait. Il voyait pourtant bien ces personnes en train d'engloutir les restes de cette femme. Il entendait ses os craqués et le bruit des tendons qu'on arrache. Son esprit ne se détachait pas de la scène.
Il secouait frénétique la tête pour dire non. Ses yeux fixés sur le trottoir d'en face. Ces monstres engloutissaient à une telle rapidité un être tout entier, ce n'était même pas animal. Ces êtres autant humains qu'ils semblaient être, faisaient preuve d'un acharnement si anormal. Leurs gestes et leurs postures étaient si inhumains qu'on y voyait seulement la folie.
« Merde, merde, merde, merde, merde, ... barres-toi, barres-toi, barres-toi ! Putain ! » se dit l'homme à lui-même de façon paniquée. Sous ses mots, il reprit toutes ses capacités et engagea la course inverse. Il pria de ne pas être suivi. Lançant toutes ses forces dans sa fuite, il arriva à son immeuble et s'engouffra dans l'allée. Ses poumons le tiraient, il n'arrivait pas à reprendre son souffle, mais il s'engagea avec la même force dans les escaliers.
Il franchit la porte de chez lui et la claqua bruyamment. Il chercha aussitôt du regard ses clés de voiture. Il entra dans la chambre, fouilla la table de nuit. Il saisit un sac. Il ouvrit le frigo et enfourna un litre d'eau et un peu de nourriture. Ouvrant un placard, prit tous les paquets de gâteaux qui s'y trouvaient. Se relevant en panique, il fouilla dans les couverts prenant le couteau de cuisine et un vieux couteau pliant. Il posa le sac fermé sur le canapé. L'homme observa l'appartement vide. Il vit son téléphone. En allant le récupérer, il entendit un petit miaulement plaintif émanent de sous le canapé.
« Faut que je t’amènes. Je n'vais pas te laisser. Non non, faut pas que j'te laisse ! ».
L'homme ouvrit une armoire et tira à lui toutes les affaires qui tombèrent par terre. Il tâtonna vers le fond d'une étagère pour en tirer une boîte. L'homme se mit alors sur le sol pour ouvrir la boîte de transport. Ses mains tremblaient et il avait du mal à activer le mécanisme d'ouverture. La porte de la boîte s'ouvrit enfin. L'homme se précipita vers le canapé et le tira violemment vers lui. La silhouette du chat apparu. Elle regarda avec surprise son maître et lui adressa une posture menaçante. Mais l'homme attrapa vivement l'animal et le poussa dans sa boîte. En fermant la petite porte, le maître regarda son chat et lui dit : « Je sais que tu n'aimes pas cette boîte, mais j'ai rien de mieux. ». L'homme récupéra son portable et son sac. Il hissa le sac sur ses épaules, prit la boîte dans la mains gauche et ouvra la porte de chez lui. L'homme descendit les escaliers mais cette fois jusqu'au sous-sol.
Les lumières de néons vibrèrent plusieurs avant d'éclairer une longue rangée de garages numérotés. L'homme débloqua le verrou du garage numéro 16. Il souleva la porte métallique. Une petite voiture type citadine se révéla. L'homme chargea la voiture. Il démarra et avança jusqu'à l'entrée principale du sous-sol. Une grande porte lui barrait la route. Il fallait aller activé l'ouverture avec une clé près de la grande porte. L'homme sortit de sa voiture et activa le mécanisme. La porte s'ouvrait lentement par le haut et donnait directement sur la rue. L'homme maintenait la clé enfoncée et s'impatientait. La porte glissait doucement vers le haut. Il semblait y avoir quelqu'un dans la rue. L'homme ne le voyait pas. La silhouette a l'extérieur s'approcha lentement vers l'ouverture. |