A force de batailles trop simples, Pendra commençait à s’ennuyer. Elle n’aspirait plus qu’à un défi digne d’elle. A présent ses hommes la respectaient, l’adoraient presque. Elle savait que cette confiance lui permettrait quelques miracles. Enfin, sa réputation attira l’attention d’un de ces soi disant pays en constante expansion. Et ce qui décida la guerrière était que l’armée ennemie serait, elle aussi, composée de mercenaires, ceux de la grande tribu des Dragons Sauvages, menés par nul autre que Kalass. Le nom de cette tribu faisait bien rire Pendra : s’ils voulaient voir la fureur des dragons, elle ne viendrait pas d’eux. Il fallait que ces prétentieux ravalent leur fierté. Elle ferait cette bataille dans les règles pour imposer sa réputation sur les Plaines et mettre à bien un projet qui germait depuis longtemps dans son esprit : celui d’unir les tribus mercenaires en une seule pour former un pays dont elle serait la reine. Elle commencerait donc par les Dragons Sauvages.
Les deux armées, sur le champ de bataille, se faisaient face. Les Dragons Sauvages, supérieurs en nombre, semblaient en position de force. Mais Pendra était confiante. Elle avait déjà vaincu Kalass une fois, pourquoi pas deux ? Dans un fracas épouvantable, les deux armées se ruèrent l’une sur l’autre. Les Loups, confiants, suivaient Pendra l’épée haute sur son gigantesque cheval noir et Kalass regardait ce spectacle en souriant.
Pendra fendait les troupes adverses sans difficultés. Quelle déception ! Elle qui s’attendait à un combat passionnant. Les Dragons Sauvages battaient déjà en retraite derrière un grand monticule de terre et son intuition la mit en alerte. Comme pour confirmer son doute, la voix de Maghnar résonna dans sa tête.
« Des archers, derrière la colline ! »
Dieux ! Comment s’était-elle laissé prendre à un piège aussi flagrant ?
« Ne les poursuivez pas, hurla-t-elle à ses hommes, c’est un piège ! »
Inutile, ils s’étaient trop rapprochés et se trouvaient à porté de tir. Une pluie de flèches s’abattit sur eux.
« Sous les boucliers ! A couvert, ordonna-elle aux Loups ! »
Les projectiles pleuvaient sur eux comme un déluge mortel. Il fallait neutraliser ces archers qui décimaient ses rangs à distance et son dernier recourt c’était Lui, sinon la bataille serait perdue et elle ne pouvait se le permettre.
« Maghnar, c’est à ton tour d’agir mais souvient toi : pas de magie. Frôle-les, ça devrait suffire. »
Un rugissement terrible se fit alors entendre et, venant d’on ne sait où, une silhouette sombre fendit les nuages dans un battement d’aile furieux. Saisi d’effroi, les Dragons Sauvages prirent leurs jambes à leurs cous, suivis par les archers. Le Fléau des Loups, habitué au reptile, n’y fit pas attention et couru derrière les fuyards.
Pendra restait à l’arrière, constatant les pertes, entourée d’une garde restreinte. Elle avait perdu beaucoup d’hommes mais l’odeur du sang portait les effluves de la victoire.
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