Salut tout le monde! Le tournoi est fini, nous voila donc de retour à bord du Hakuryû Arrow pour ce 18ème chapitre.
Bonne lecture!
Alors qu’Aoï Kage s’occupait des bêtes sauvées dans le cirque, Yasha était allé auprès de Raïsu…
Installé dans le lit, il semblait dormir paisiblement dans la quiétude de la cabine. Mais en vérité, il était entre la vie et la mort…
Le jeune comte s’approcha de la couchette et s’assit par terre, s’appuyant contre la rambarde en bois…
YASHA: Aokage m’a dit que si tu te réveilles, alors tu devrais être sorti d’affaire… Tiens bon, je t’en prie…
Jamais Yasha n’avait été aussi inquiet qu’à ce moment là. Et dire qu’il y a peu de temps encore, cet être sur lequel il était en train de veiller le répugnait!...
YASHA: Ce satané renard a raison; j’ai changé durant ce voyage…
Tout en réfléchissant, tantôt en silence tantôt à voix haute, il caressa la joue brûlante du prince…
YASHA: Il a toujours de la fièvre…
Il remarqua alors la carafe d’eau et la serviette laissés par le renard. Il se saisit donc du morceau de tissu et l’imbiba d’eau pure. Après s’être débarrassé de l’excès de liquide, il le passa sur le front du tigre…
La nuit était tombée, et toujours aucune réaction de la part de Raïsu. Son état ne changeait pas; ni en bien, ni en pire.
Yasha sentait la fatigue qui lui pesait de plus en plus, mais il n’avait nullement envie de dormir dans cette situation.
Finalement il se leva: il n’en pouvait plus d’être dans cette position. Il regarda autour de lui... En dehors du lit et de la table de nuit, il y avait trois meubles dans la cabine: une commode, un bureau et une armoire...Yasha se mit a ouvrir tous les tiroirs et compartiments de ces mobiliers rudimentaires.
Il trouva une vieille ceinture, quelques menärs, une étoffe de tissu bleu délavé, une miche de pain moisi, une bouteille vide avec deux gobelets en métal, et un vieux médaillon en bronze. Ce dernier était assez joliment gravé, néanmoins il était incomplet; au centre, il y avait un emplacement creux qui jadis avait accueilli une pierre ou un joyau.
Le jeune homme enveloppa ce dernier objet dans le morceau de tissu, et le mit dans son sac de voyage, tout comme les menärs et la ceinture.
Alors qu’il terminait de s’affairer avec ses trouvailles, il entendit un gémissement. C’était le prince.
Il laissa alors tout tel quel, et s’approcha du lit, se penchant légèrement au dessus…
Raïsu bougea la tête, après quoi il sembla serrer les paupières plus fort, pour enfin les entrouvrir un instant plus tard. Ses yeux d’ordinaire si vifs étaient maintenant mi-clos et vitreux. Mais il était bel et bien réveillé…
YASHA: Raïsu! Raïsu, ça va?
RAÏSU (d’une voix faible et fatiguée): Yasha…sama…
YASHA: J’ai vraiment cru que tu allais mourir! Comment te sens-tu?
RAÏSU: Fatigué… J’ai soif…
Yasha hocha la tête et prit un des deux gobelets, qu’il remplit d’eau. Puis, il aida Raïsu à s’incorporer sur le lit en le maintenant par les épaules.
Une fois que le tigre avait bu à sa soif, il se recoucha…
RAÏSU: Merci… Yasha-sama… Je-je suis désolé… pour tous ces ennuis…
YASHA (en soupirant profondément): S’il te plait, arrête de t’excuser tout le temps. Le plus important, c’est que tu guérisses.
RAÏSU (acquiescant): Vous savez… Je suis heureux… que vous soyez venu me chercher. Si heureux…
YASHA: Jamais je ne t’aurais laissé.
RAÏSU (souriant délicatement): Ça me touche beaucoup, Yasha-sama…… Et…les autres?
YASHA: Les bêtes qui étaient prisonnières? Ils vont bien, Aokage s’est occupé d’eux. Tu sais, tu devrais surtout t’inquiéter pour toi.
RAÏSU: Ça va aller…
YASHA (lui caressant le visage): Tu es si gentil… Mais malgré ce que tu dis, tu ne vas pas bien du tout… Aller, il faut te reposer maintenant.
RAÏSU: Et vous? Vous…
YASHA: Ne parle pas, ça ne sert à rien de te fatiguer d’avantage.
Le tigre voulut répondre, mais alors Yasha se pencha au dessus de lui et l’embrassa. Après ça, il s’approcha de l’une de ses oreilles félines…
YASHA (murmurant): Je t’aime.
Quand le jeune homme s’écarta un peu et le regarda, Raïsu sentit à quel point ses joues chauffaient et son cœur s’emballait. C’était la deuxième fois que Yasha l’embrassait et, surtout, c’était la première fois qu’il lui disait tel quel qu’il l’aimait. Il en resta sans voix, et se contenta de sourire avec un léger frémissement d’oreilles.
Il sembla se détendre, et finit par s’assoupir à nouveau…
Yasha était soulagé; tout semblait s’arranger. Il en conclut qu’il pouvait se permettre de dormir un peu… Il s’étira, et regarda le lit ou était couché Raïsu. Puis il se retourna pour poser son regard sur le hamac, resté accroché depuis la première nuit. Il réfléchit un instant, et décida qu’il valait mieux dormir dans ce dernier pour ne pas déranger le prince…
Le lendemain, un bruit très faible mais répété réveilla Yasha.
Il se leva en silence; ce bruit, c’était quelqu’un qui toquait à la porte… Quand il l’ouvrit, il vit Aoï Kage, vêtu d'une espèce de chemise tombant en lambeaux dans laquelle il dormait. Le renard passa la tête à travers la porte, que Yasha maintenait, et regarda en direction du lit…
AOÏ KAGE: Et alors? Il va comment?
YASHA: Ça va. Il s’est réveillé cette nuit.
AOÏ KAGE: C’est vrai? Pfiouuu, on aura eu chaud.
YASHA (acquiesçant): Oui… Aokage, merci de l’avoir sauvé.
AOÏ KAGE: Ha ha, Ya, enfin! Ça n’te ressemble pas! Et j’te rappelle qu’tout seul moi non plus j’y s’rais pas arrivé. On forme une équipe, tous les deux. Bon, tu viens manger?
YASHA: Non, je vais rester ici.
AOÏ KAGE: D’acc’. Alors j’te laisse.
Yasha referma la porte derrière le renard et alla s’asseoir sur la rambarde du lit…
Près d’une demi-heure plus tard, Raïsu se réveilla. Son regard était maintenant plus vif qu’il y a quelques heures, et sa respiration semblait s’être enfin tout à fait régularisée.
Mais il était encore faible, ce qui était normal. Après tout, même si le médicament éradique très vite la maladie, le corps reste affaibli, et doit se régénérer.
RAÏSU (d’une voix plus joyeuse qu’avant): Bonjour Yasha-sama.
YASHA: Bonjour… Alors, tu te sens mieux?
RAÏSU: Je vais bien, ne vous inquiétez pas.
Et encore une fois, quelqu’un frappa à la porte. Yasha, qui n’avait aucune envie de se lever, leva la voix assez haut pour se faire entendre, et informa l’arrivant que c’est ouvert.
La porte s’ouvrit alors doucement et, très timidement, le jeune meïrin que Yasha avait racheté à Corad regarda à l’intérieur…
YASHA: Pépin? Qu’est-ce que tu veux?
PÉPIN: C’est juste que… Aoï Kage m’a demandé de vous apporter à manger et à boire…
YASHA: Et bien entre. Qu’est-ce que tu attends?
PÉPIN: Ah! Oui!
Le meïrin poussa la porte avec l’épaule; ses mains étaient occupées à tenir un plateau de bois sur lequel étaient disposés un pain, un fromage, du jambon fumé et une jarre d’eau. Il posa le tout sur la table de nuit, à coté de l’autre carafe, presque vide…
PÉPIN (regardant Raïsu): Ah, vous êtes réveillé? Je m’appelle Pépin. Ravi de vous rencontrer.
RAÏSU (souriant): Je suis Raïsu. Enchanté.
Raïsu le regarda un instant, semblant réfléchir…
RAÏSU: Excusez-moi, mais comment vous êtes-vous retrouvé ici? Je ne vous ai pas vu au cirque…
PÉPIN: C’est normal. J’étais l’esclave d’un autre participant, mais Yasha-san m’a racheté.
RAÏSU (surpris): Ah bon?
YASHA: Son maître voulait le tuer parce qu’il a perdu les tournois. J’ai pu l’“acheter” vraiment pas cher. (il prit un ton clairement dirigé vers Pépin) Mais il n’a pas l’air de comprendre qu’il est libre maintenant.
PÉPIN: Mais…
YASHA: Écoute, je n’ai pas besoin d’esclaves. Tu fais ce que tu veux.
PÉPIN: D-d’accord…
Et le jeune garçon sortit, laissant les deux autres dans la cabine…
Pendant ce temps, Aoï Kage discutait avec les trois anciens gladiateurs du cirque. La veille, il avait fait un contrôle de leur état de santé, et maintenant, après avoir profité d’un moment de temps libre pour étudier ça, il voulait les informer de ses conclusions…
AOÏ KAGE: Alors… Hana. T’es en parfaite santé. Et s’tu boites, c’est parce qu’tes os se sont mal soudés après qu’t’ais été blessée. Enfin, j’imagine qu’tu l’savais déjà.
HANA: Pff, bien sûr.
AOÏ KAGE: Saï… Franchement, j’sais pas c’que t’as. Vu comment t’es maigre, tu dois avoir quelque chose à l’estomac, mais j’saurais pas dire quoi. Faudrait voir un meilleur médecin.
SAÏ (un peu déçu): D’accord.
AOÏ KAGE: Heu, et Aki… Son corps va très bien, mais il est pas en forme pour c’qui est d’la tête.
HANA: Hé! Ne parle pas comme ça!
AOÏ KAGE: T’fache pas; c’est vrai, non?
HANA: Tss…
Ainsi, les jours qui suivirent passèrent tranquillement.
Alors que Raïsu allait de mieux en mieux, les quatre bêtes ramenées de Sailah s’intégraient dans l’équipage.
Et puis Shima se dessina à l’horizon. Yasha, Aoï Kage et Nataku débarquèrent, laissant le tigre à bord pour qu’il se repose encore un peu…
Mais la visite de cette île ne leur apporta rien d’intéressant.
Et il en fut de même pour les trois suivantes: Lossa, Kina et Soriz…
La région de cette dernière île était tout particulièrement dangereuse pour les requins, qui du coup gardaient leurs distances par rapport au Hakuryû Arrow…
Le petit groupe du prince Ocarina évitait de s’approcher de Soriz et des autres îles habitées de la région, réputées pour la chasse aux bêtes sacrées, et suivaient le navire de Kaoru de loin.
Un jour, une forte odeur de poisson les attira vers un petit îlot, dans une baie magnifique. Il y avait à cet endroit un bâtiment délabré et quelques vieux rafiots. Probablement port de pêche construit dans ce lieu désert pour que l’agitation qui règne dans les eaux qui entourent les grandes îles ne fasse pas fuir les poissons.
La troupe du prince était vraiment intéressée par cet endroit…
JEUNE REQUIN: Vous sentez tout ce poisson?! Et si on y allait?!
REQUIN BORGNE: C’est une bonne idée! Les pêcheurs sont jamais forts; on pourra facilement leur voler tout le poisson qu’ils ont attrapé!
JEUNE REQUIN: Ouai, c’est bien vrai! Vous en dites quoi, prince?
OCARINA (avec un sourire malicieux): Pourquoi pas! Allons-y, mes amis!
Les requins crièrent en signe de combat, et accélérèrent leur rythme de nage. Seul Narad ne semblait pas ravi de ce plan d’action…
Soudain, alors qu’ils étaient déjà tout proches du bâtiment, un gros navire à la coque métallique arriva par derrière, leur bloquant le passage. En même temps, une alarme s’enclencha, et deux grilles formées de gros barreaux reliés par des chaînes commencèrent à se refermer sur la baie; elle sortaient de mécanismes sur les cotés, et se rapprochaient l’une de l’autre, offrant un passage de plus en plus étroit.
La structure touchait le fond océanique, peu profond à cet endroit, et ressortait assez haut au dessus de l’eau. Il était impossible de partir!
Le navire, et aussi le bâtiment, dévoilèrent un nombre incalculable d’humains, munis de canons et de harpons, tous prêts à en finir avec les requins. Ils étaient piégés!
Ocarina ordonna aux siens d’essayer de détruire le bateau, en même temps qu’ils tentaient de s’approcher de l’issue, pas encore totalement fermée. S’ils pouvaient atteindre très vite la grille, ils pourraient s’enfuir…
Mais le gros navire qui bloquait le passage était résistant, et les coups de ses canons et torpilles étaient létaux.
Les requins se faisaient tuer les uns après les autres, et les tentatives pour arriver à la sortie de ce piège étaient toutes infructueuses…
Ocarina, qui venait d’essayer de se glisser au dehors, dut reculer pour éviter un projectile lancé contre lui…
OCARINA: Merde! On est fichus!
Soudain le prince requin vit un rapide mouvement… Narad, son gardien, plus rapide que les autres squales, fonçait vers lui. Cela étonna Ocarina, dans la mesure ou Narad était de naturel inquiet et peureux, du genre à toujours se cacher en cas de bagarre.
Mais la, il semblait vraiment déterminé… À toute allure, il arriva à la hauteur de son prince, ou il le saisit par le poignet, l’entraînant dans sa course, à une vitesse suffisamment élevée pour que les occupants du bateau ne puissent pas les atteindre en un coup…
La grille était presque fermée à ce moment là… Alors, Narad pris le plus d’élan possible, et propulsa Ocarina en avant, vers la fente qu’il restait, sans lui laisser le temps de protester. À peines était-il passé, que le passage se ferma.
Il s’arrêta alors et fit demi-tour, saisissant les chaînes qui le séparaient maintenant de son gardien.
OCARINA (furieux): Narad! T’es malade ou quoi?!
NARAD (s’approchant, de l’autre coté): Ocarina, je suis ton gardien. Je devais faire ça… pour te protéger!
OCARINA: Mais maintenant t’es coincé!
NARAD: Ne t’en fais pas. Je vais prendre mon courage à deux mains, et me battre.
OCARINA: Narad…tu…
NARAD: Vas-t’en! Aller, plus vite!
Narad posa sa paume sur celle d’Ocarina, à travers l’épais filet de chaînes qui les séparait, et lui sourit tristement. Après ça, il se retourna et se mêla aux autres combattants.
Ocarina ne pouvait plus rien faire à cette distance… C’est avec un fort pincement au cœur qu’il détourna son regard du massacre…
Yasha et ses amis étaient sur le pont, en train de discuter de la suite du voyage, quand ils entendirent des appels désespérés au loin. Tous se tournèrent vers la mer, si calme ce jour là…
Ocarina nageait vers eux à toute vitesse. Il semblait paniqué…
OCARINA: Yasha-san!! Yasha-san!!
YASHA: Prince Ocarina? Qu’est-ce qu’il y a?
OCARINA (arrivant près du bateau): Yasha-san, vous devez m’aider!
YASHA: Vous aider?
OCARINA: Nous sommes tombés dans un piège! Tous les autres, ils se sont fait avoir! Venez les aider, je vous en prie!
Yasha et les autres se regardèrent, surpris. Le prince requin, d’habitude si solide, était au bord des larmes…
Finalement, tout le monde regarda le jeune comte d’un air interrogateur; il devait décider… Bien qu’il n’avait pas spécialement envie d’aider, il avait une dette envers Ocarina par rapport à Raïsu. Il finit par hausser les épaules…
YASHA (ennuyé): Bon, c’est d’accord. Alors, où doit-on aller?
OCARINA: Par ici!
Le requin nageait très vite, menant le Hakuryû à ses limites. Et finalement, au bout d’une demi-heure à trois quarts d’heure, l’île et son grand bâtiment de “pêche”, tout comme le navire blindé dans la crique, étaient à portée de vue. Et pas que ça… Quand ils étaient assez près, ils virent que de partout, l’eau était teintée de rouge…
Les chasseurs remontaient des cadavres de requins, et tuaient ceux qui étaient encore vivants…
Ils prirent peur en voyant le Hakuryû Arrow arriver. Et ils avaient raison; le capitaine Kaoru, furieux, ordonna le tir de canons. Sur une cible qui, non seulement était déjà endommagée, mais en plus n’avait aucune défense contre les armes humaines, c’était un jeu d’enfant.
Très vite, le bâtiment et le navire ennemi étaient en feu, et leurs occupants s’enfuyaient comme ils le pouvaient, sans même tenter de riposter…
Une fois que le danger fut écarté, Kaoru demanda aux canonniers de détruire le barrage qui isolait la baie.
Dès que le passage était ouvert, Ocarina se précipita à l’intérieur.
Les requins qui n’étaient que légèrement blessés l’accueillirent avec joie. Le prince leur ordonna de s’occuper de ceux dont l’état était plus grave mais… lui-même cherchait autre chose… Il nageait nerveusement de part et d’autre, inspectant coins et recoins de la crique…
OCARINA: Narad!... Narad!... Narad, répond!!... Naraaaaaad!!!
Mais aucune réponse ne venait… Soudain, il aperçut quelque chose. Plus loin, sur la plage, au creux d’un rocher, un corps inerte. Ocarina eut un haut-le-cœur, et s’en approcha à toute allure… Il ne voulait pas le croire mais…pas de doutes: c’était bien Narad! Dans le bas de son dos était planté un massif harpon dont l’autre bout ressortait par son ventre.
Le spectacle était insoutenable; Narad, vaincu, avait été rejeté sur la plage et maintenant, les minuscules vagues le mouillaient à chacune de leurs montées, colorant leurs eaux de rouge avant de reculer à nouveau…
OCARINA (sortant de l’eau pour s’accroupir à coté de Narad): Narad! Non! Réveille-toi Narad, je t’en supplie! Narad! Narad!...... Narad…tu ne peux pas…
Ocarina avait du mal à garder ses yeux secs; c’était la première fois que ça lui arrivait…
Soudain, il vit du mouvement. Aoï Kage venait d’arriver à ses cotés. Ayant du traverser une certaine distance à la nage, il était trempé de la tête au pieds, et sa queue humide, avec son pelage tout collé à la peau, ressemblait à celle d’une souris…
AOÏ KAGE: Alors?
OCARINA: Je……
AOÏ KAGE (écartant Ocarina pour voir de lui-même): Oh, j’te jure. Pousse-toi! (il toucha le cou de Narad)… Hmm… Il est encore vivant.
OCARINA: C’est vrai?!
AOÏ KAGE: Ouai, mais faut qu’tu l’plonges dans l’eau, ou il va étouffer.
OCARINA: Oui!
Le prince prit son garde dans ses bras le plus délicatement possible, et entra dans des eaux plus profondes…
OCARINA: Et maintenant?
AOÏ KAGE: Eh ben… pour tout t’dire, il va crever s’il est pas soigné d’ce pas.
OCARINA: Alors fais quelque chose!
AOÏ KAGE: Me donne pas d’ordres! Z’avez pas d’médecins chez vous?
OCARINA (baissant la tête):…Non… Chez nous, quelqu’un avec une blessure suffisamment grave pour qu’il y ait besoin de l’intervention d’un médecin est abandonné… Alors nous n’en avons pas besoin…
AOÏ KAGE: Mais c’est pas vrai! Bon ben dis-moi, la poiscaille, comment j’fais pour l’soigner en plein dans la flotte? J’suis pas un requin, moi!
OCARINA: Alors c’est fini…il n’y a plus rien à faire?
AOÏ KAGE (un peu perturbé): Ah…eh bien… J’ai une idée! Viens, on va sur l’bateau.
Ocarina ne comprenait pas, mais Aoï Kage était la seule chance de Narad, alors il le suivit… Une fois arrivés près de la coque du Hakuryû, le renard interpella Kaoru et ses cousins…
AOÏ KAGE: Cap’taine! Prenez une grosse caisse à boulets d’canon! Trouvez aussi un tissu peu perméable, j’sais pas, une voile par exemple, et mettez le dedans! Et remplissez ça d’flotte, d’la mer! Compris?!
KAORU: Oui. Hé, matelots, vous avez entendu?! Faites ce qu’il dit!
Alors que plusieurs marins s’exécutaient, le capitaine se tourna à nouveau vers le voleur, toujours dans l’eau…
KAORU: Aoï Kage, je ne sais pas trop ce que vous comptez faire, mais si vous avez besoin de quelque chose…
AOÏ KAGE: Z’avez bien des canots d’sauvetage, non? Ils sont attachés par des cordes?
KAORU: Oui.
AOÏ KAGE: Descendez-en un!
Kaoru acquiesça…
Quand la barque était dans l’eau, Aoï Kage et Ocarina montèrent dedans en prenant le blessé… Alors, ils furent remontés.
Une fois à bord, ils virent que la caisse avait été préparée, comme demandé par le renard. Il était satisfait: c’était exactement ce qu’il voulait.
Il indiqua alors à Ocarina d’y déposer Narad. Et entre temps, il prit ses affaires; maintenant, il était fin prêt à opérer…
AOÏ KAGE (saisissant le long manche du harpon): Bon, faut commencer par casser c’te chose.
Il força, et un bout du manche en bois céda. Il nettoya alors l’extrémité brisée de ses échardes…
AOÏ KAGE (d’un air très concentré): Ya, tu m’aides?
YASHA: Pourquoi tu me demandes à moi?
AOÏ KAGE: Ya!
YASHA: Bon, d’accord. Qu’est-ce que je dois faire?
AOÏ KAGE (indiquant la pointe ressortant du ventre de Narad): Prend c’bout du harpon, et tire fort. Moi j’vais m’occuper du reste.
YASHA (le saisissant comme convenu): J’attends ton signal.
AOÏ KAGE: À trois. Un…deux…trois!
À la fin du décompte, Ocarina ferma fortement ses paupières, alors que Yasha tirait de toutes ses forces sur l’arme pour l’extraire d’un coup sec. Le sang commença à couler abondamment de la blessure maintenant bien ouverte…
Aoï Kage avait peut-être déjà opéré dans sa vie, et il y a peu il avait sauvé Raïsu in extremis, mais ceci était bien différent. Ça allait être son plus grand défi médical, avec une blessure si grave à soigner et, qui plus est, dans l’eau…
L’opération dura plus d’une heure, ou le renard ne cessait de coudre, retenir le sang, coudre encore,…….
Pendant ce temps, Kaïro et Raïto changeaient l’eau du bac; si elle venait à se saturer de sang, Narad étoufferait…
Quand enfin il avait fini, Aoï Kage se laissa tomber en arrière. Avec les bras grands écartés, il était désormais couché sur le dos… Au dessus de lui, un magnifique ciel bleu traversé de nuages. Une agréable brise maritime lui chatouilla le visage…
OCARINA (se penchant au dessus de lui): Et alors?! Comment va-t-il?!
AOÏ KAGE (se redressant péniblement): C’est difficile à dire… Il a bien supporté l’opération, mais avec c’te perte de sang… ‘Fin, on est solides, et de tous, les requins l’sont le plus… Faut espérer.
Ocarina baissa tristement la tête; il espérait une réponse plus positive. Mais au moine, Aoï Kage ne lui racontait pas d’histoires…
À la demande du renard, Yasha était resté pour l’aider un peu, mais maintenant que c’était fini, il se lava les mains et jeta un rapide coup d’œil autour de lui… Raïsu n’était pas là. Il décida donc d’aller voir dans leur cabine…
Et il avait vu juste: le tigre était bien là, assis sur le lit, un peu recroquevillé sur lui-même…
YASHA: Raïsu? Ça ne va pas?
RAÏSU (levant la tête): Oh, Yasha-sama… Et Narad-san?
YASHA: Tu t’inquiètes pour lui?
RAÏSU (acquiesçant):… Et quand j’ai vu tout ce sang…
Yasha le regarda un instant, après quoi il s’approcha pour s’asseoir sur la barrière de protection du lit…
RAÏSU: Narad-san est très gentil… C’est horrible ce qui lui est arrivé…
YASHA: Selon Aokage, il peut s’en remettre.
RAÏSU: C’est vrai?
YASHA: Oui. Mais ce n’est pas sûr non plus… Il a dit qu’il faut attendre.
RAÏSU: Je vois…
YASHA (posant sa main contre la joue du prince): Ne t’en fais pas pour ça. Tu te fais du mal, et ça n’aidera même pas Narad.
Malgré l’obscurité qui régnait dans la cabine à cause des rideaux tirés, Yasha sentait l’humidité des larmes du tigre sur sa main… Ce dernier se blottit fort dans sa main, tout en posant les siennes dessus…
Le comte le laissa faire un instant, après quoi il s’assit plus loin dans le lit, se rapprochant de Raïsu, et l’enlaça…
YASHA: On dirait que tu veux porter tous les malheurs du monde sur tes épaules… Pense un peu à toi, enfin!
RAÏSU: Mais Yasha-sama, quand je vois quelqu’un souffrir, ça me fait mal à moi aussi!
YASHA:… « soupir » Moi je ne suis pas comme ça, donc je ne peux pas te juger là-dessus… Mais ce que je vois, c’est que tu en souffres… Et ça ne me plait pas.
RAÏSU (levant ses yeux vers lui): Pardon Yasha-sama. Je vous cause encore du souci…
YASHA (niant de la tête): Tu es comme tu es. Mais essaye juste de ne pas te rendre malade…
Le jeune homme se leva et ouvrit les rideaux, laissant entrer les rayons chaleureux de l’après-midi… La clarté éblouit le tigre, et illumina ses yeux verts d’étincelles dorées. Yasha le regarda alors un moment, en silence…
YASHA: Tu as des yeux vraiment magnifiques. Ce serait dommage de gâcher ça en les cachant dans la pénombre, non?
RAÏSU (rougissant): Ah…euh…
YASHA: Tu ne veux pas sortir prendre l’air?
RAÏSU:… Bon, d’accord… « sourire »
Et bien ce sera tout pour cette fois! Et voici un petit bonus mystère pour la fin:
Un cygne, accompagné d’un chien étrange, arriva sur une île magnifique…
Beaux mais impitoyables, ces deux prédateurs attendent la proie qui ne tardera pas à tomber entre leurs griffes…
Quelle histoire de fous! |