La nuit venait de tomber sur le lotissement Matheu. Les seuls bruits que l’on pouvaient entendre, étaient celui des chats, rôdant dans l’espoir de prendre dans leurs griffes de prédateur, une victime au sang chaud et palpitant.
Le vent effleurait les arbres d’un souffle chaud de printemps.
Camille enfila son pyjama rouge à tête de chat et se jeta sur son lit. Un soupir d’aise lui échappa. Quelle journée !
Elle se retourna et passa ses mains derrière la tête.
Plus elle repensait à ce qui s’était, plus elle se dit qu’elle avait eu tort de réagir comme ça.
Son visage se rembrunit. Maintenant, elle regrettait de ne pas lui avoir parler plus longtemps.
-Voilà pour une fois qu’il m’arrive un truc intéressant, je gâche tous !
Elle prit son plus gros coussin et se le jeta sur le visage.
Camille prit une profonde inspiration, et hurla à plein poumon, dans le pauvre coussin.
Trois minutes plus tard, l’air commençait à se faire rare sous le coussin. D’un geste d’agacement, elle le jeta contre son armoire.
-AÏE !, gémit une voix.
-Pardon, dit Camille sans même se retourner.
AÏE. Un frisson lui parcourut le dos. A qui venait-elle de répondre ? Elle était seule dans sa chambre. Camille se retourna lentement.
-Mais…mais, bégaya-t-elle, Que faites-vous ici vous ?
L’homme, Geoffroy de Charnay, se tenait devant son bureau, avec son coussin dans les mains.
-Mille excuses Damoiselle, je n’avais pas l’intention de vous dérangeait, mais vous m’avez surpris.
De sa main libre, il lui montra le coussin.
-Vous êtes d’une précision fatale, comme votre…
Son visage perdit soudain sa gaieté. Il laissa sa phrase en suspens.
Piquée par la curiosité, Camille ajouta :
-Comme votre quoi ?
-…
Camille se leva et se dirigea vers lui : elle s’arrêta à distance respectable et l’étudia du regard.
Puis-je vous être utile, Damoiselle, lui demanda-t-il en la voyant le fixer trop intensément.
Vous êtes qui et quoi, au juste, fit Camille.
L’homme hésita.
Je suis…un fantôme.
Les fantômes n’existent pas.
En êtes vous si sûre ?
Sa porte de chambre s’ouvrit en grand, laissant passer sa mère chargée d’une bassine de linge.
Sa mère la fixa, stupéfaite :
Camille, qu’est-ce que tu fais planter au milieu de ta chambre, les bras croisés ?
Camille regarda sa mère, puis le fantôme. Ce-dernier haussa les épaules :
-Vous voyez, je vous l’avez dit.
La jeune fille considéra la situation. Est-que sa mère pouvait le voir ?
-Maman, tu trouves pas qu’il y a un truc de changé dans ma chambre ?
Sa mère se retourna et étudia la chambre.
-Non, rien n’a changé, c’est toujours autant le fouillis !
Le fantôme étouffa un fou rire dans ces mains. Camille le fusilla du regard.
-Non c’est pas vrai, rétorqua-t-elle.
-Si c’est vrai.
- Oh toi ! tais –toi !
Sa mère fit volte face, le visage écarlate :
-Comment tu me parles !
-Mais c’est pas à toi que je parlais…c’était à lui !
D’une main, elle pointa l’intrus du doigt.
-Tu me prends pour une folle, y’a personne, je te promets Camille, se sera répété à ton père lorsqu’il rentrera !
-Quoi ! Mais j’ai rien fait !
Sa mère sortit en claquant la porte. Laissant le bruit se répercutait sur tous les murs.
Camille se retourna :
-Toi…heureusement que t’ai déjà mort…
Elle s’effondra sur son lit, faisant tomber la bassine de linge, posée sur ces draps.
Le fantôme s’avança prés de la bassine :
-Vous devriez faire plus attention, Damoiselle.
Il s’agenouilla et entreprit de ramasser le linge, qui peignait le sol de couleurs multicolores.
-Vous pouvez tenir des objets solides ?
Tout en repliant le linge, l’homme lui répondit :
-En effet, je peux aussi apparaître aux yeux des gens que je choisis.
-Alors tu aurais pu apparaître devant ma mère ?, pourquoi tu ne la pas fait ! J’ai eu l’air ridicule à cause de toi…
L’homme remit le linge dans la bassine et se tint debout devant la jeune fille.
-Euh…qu’est-ce qu’il y a ?, demanda-t-elle gênée.
Il la transperçait de ses yeux, cherchant en elle quelque chose, quelque chose de familier…en vain
-Puis-je m’installer à vos cotés ?
Camille se décala et tapota de sa main la place toute chaude, l’invitant à s’asseoir.
L’homme prit une grande inspiration, il avait tellement de choses à lui dire. Par ou commencer ?
-Vous êtes un fantôme Templier ?
Sa question, le prit au dépourvu. Finalement elle allait peut-être lui facilitait la tache.
En effet, je suis un templier. Comme je vous l’avez dit, mon nom est Geoffroy de Charnay, j’ai été précepteur de l’Ordre des Templiers de 1251 à 1314.
Pourquoi, êtes-vous venu me voir ? Je n’ais aucun rapport avec les templiers. A moins que…vous ne soyez venu me hanter ?
Un frisson lui parcourut la nuque.
L’homme sourit.
Au moins, avait-elle réussi à lui faire perdre son visage de marbre.
Non, bien sûr que non.
L’homme abaissa la tête.
Un lien vous relit, à nous templiers.
…
Un lien indestructible.
Geoffroy se retourna vers elle :
- Celui du sang. |